TEULADE Jules, Léo, Gaston [dit Coco] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice révisée par Guillaume Davranche et Rolf Dupuy

Né le 2 octobre 1890 à Magnac-Laval (Haute-Vienne), mort le 31 octobre 1974 ; terrassier, puis charpentier en fer.

Fils d’une couturière et d’un surveillant de chemin de fer, Jules Teulade était entré en apprentissage à l’âge de 14 ans. En 1906 il arriva à Paris où il adhéra aux Jeunesses syndicalistes. Il fut emprisonné une semaine lors de la campagne pour le Sou du soldat.

Il déménagea ensuite à Marseille, où il s’installa au 22, quai du Port, pour travailler comme terrassier sur les chantiers de la ligne de chemin de fer de l’Estaque à Miramas et du canal de Marseille au Rhône. En avril 1911, il fut membre du comité de grève lors du conflit qui éclata sur ce second chantier. Suite à une échauffourée au cours de laquelle furent blessés plusieurs policiers, il fut condamné, le 3 mai 1911, à huit jours de prison par le Tribunal correctionnel de Marseille. Il était accusé d’avoir « pénétré sur le chantier, porteur d’un drapeau rouge et excitant ses camarades à cesser le travail ». Il était alors le secrétaire adjoint de la Jeunesse syndicaliste révolutionnaire dont il avait été l’un des fondateurs avec Frédéric Bruguière, Maurice Dupuy et Alphonse Roux. Il participa également à toutes les campagnes menées à l’époque par le Comité de défense sociale.

Le 20 mars 1912, alors qu’il résidait à Alès avec sa compagne, nommée Chapuis, il fut inscrit au Carnet B du Gard. La police le considérait alors comme un « anarchiste révolutionnaire dangereux ».

Il s’installa ensuite à Saint-Étienne (Loire). Le 18 mai 1912, après un affrontement avec des jaunes lors d’une grève, il fut condamné à dix mois de prison, tandis que ses compagnons Daniel et Meunier étaient respectivement condamnés à six et huit mois. A sa sortie de prison, on l’expédia accomplir son service militaire au Bataillon d’Afrique.

Après avoir été mobilisé pendant la guerre, Jules Teulade fut élu en novembre 1920 secrétaire appointé du syndicat des charpentiers en fer de Paris. Membre des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR), il était toujours anarchiste et collaborait au Libertaire.

Il fut un des porte-parole de la minorité au congrès fédéral du Bâtiment, tenu du 16 au 21 mai 1921 à Dijon, qui vit la reconquête de la fédération par les révolutionnaires. Lors du comité national fédéral du 23 juillet 1921, il fut élu à la commission exécutive.

Du 25 au 30 juillet 1921, il fut un des porte-parole de la minorité confédérale au congrès CGT de Lille.

Membre suppléant de la commission exécutive de l’union départementale de la Seine, il participa en novembre 1921 au IIe congrès de l’UD où il s’opposa aux thèses de Gaston Monmousseau*, qui prônait la coopération du syndicalisme révolutionnaire avec le PCF. Il déclara notamment : « Je me refuse à reconnaître une valeur révolutionnaire à un parti politique quelconque et quel qu’il soit… Je déclare qu’un syndicaliste révolutionnaire, qu’il le veuille ou non, est un anarchisant. »

Teulade évolua cependant vers la tendance Monmousseau après la scission confédérale de décembre 1921 qui vit naître la CGTU. Il ne fut pas délégué au Ier congrès confédéral, à Saint-Étienne, du 25 juin au 1er juillet, qui vit Monmousseau emporter la majorité, mais il désapprouva l’attitude des minoritaires qui, autour de Pierre Besnard*, constituèrent le Comité de défense syndicaliste (CDS). En juillet, lors d’une assemblée générale du Syndicat unique du bâtiment (SUB) de la Seine, il vota contre une subvention de 500 francs du SUB au CDS.

Ayant adhéré au PCF en janvier 1923, Teulade s’affirma bientôt comme le chef de file de la minorité communiste au sein de la Fédération du Bâtiment, et multiplia les articles polémiques dans L’Humanité contre la direction « anarcho-syndicaliste » de la fédération.

A l’assemblée générale du SUB du 3 juin 1923, Teulade fut, avec Schmit, le porte-parole de la minorité, face à Julien Le Pen* et Henri Jouve*, pour la majorité anarcho-syndicaliste. Les communistes furent alors battus par 2 000 voix contre 60, sur une motion de Jouve*. Puis l’AG refusa de présenter la candidature de trois communistes, Teulade, Vésine et Nicolas*, à la commission exécutive fédérale, lors du congrès du Bâtiment qui devait se tenir en juillet.

Au congrès tenu du 4 au 7 juillet 1923 à Paris par la fédération CGTU du bâtiment, Teulade fut l’un des signataires de la motion communiste qui fut largement battue. Teulade, candidat au secrétariat fédéral, n’obtint que 32 voix et ne fut pas élu.
En septembre, il devint secrétaire adjoint de la minorité procommuniste de la Fédération du Bâtiment, Nicolas en étant le secrétaire.

Au IIe congrès confédéral de la CGTU, du 12 au 17 novembre 1923, à Bourges, il fut délégué par les syndicats du bâtiment de Morteau, de Versailles et de Toulon. Dans un discours très applaudi, où il revendiquait son « acte d’apostasie », il défendit la ligne majoritaire contre ses ex-camarades anarchistes.

La Fédération du Bâtiment quitta officiellement la CGTU le 31 octobre 1924. Les communistes reconstituèrent alors une Fédération du Bâtiment, dont Teulade fut le secrétaire.

Teulade fut ensuite un militant turbulent du PCF, exclu en 1930, réintégré en 1932, puis exclu de nouveau en mars 1935 pour « doriotisme ». Il fut ensuite un des dirigeants du Parti Populaire Français (PPF) et soutint le régime de Vichy, ce qui lui valut, à la Libération, d’être condamné à cinq ans de travaux forcés et d’être exclu à vie de toutes les organisations syndicales.

Pour le détail du parcours de Jules Teulade après 1924, consulter le Maitron-en-ligne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156623, notice TEULADE Jules, Léo, Gaston [dit Coco] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice révisée par Guillaume Davranche et Rolf Dupuy, version mise en ligne le 24 février 2014, dernière modification le 12 octobre 2020.

Par Jean Maitron, notice révisée par Guillaume Davranche et Rolf Dupuy

SOURCES : AD de Marseille M/6 3860 & 10510 — AD Gard 1M852 — comptes-rendus du congrès CGTU de 1923 — L’Humanité des années 1923-1926 — René Bianco « Le Mouvement anarchiste à Marseille…. », op. cit. — Boris Ratel, « L’anarcho-syndicalisme dans le bâtiment en France entre 1919 et 1939 », mémoire de maîtrise d’histoire sociale, université Paris-I, 2000.

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