TYR Jean-Marie [Dictionnaire des anarchistes]

Par Yves Lequin, notice complétée par Guillaume Davranche

Né le 5 décembre 1883 au Chambon-Feugerolles (Loire), mort le 20 janvier 1922 au Kremlin-Bicêtre (Seine) ; métallurgiste ; anarchiste et syndicaliste.

Fleury Demeure, Pierre Berger, François Patouillard, Jean-Marie Tyr
Collection du Gremmos (Loire).

Orphelin de père en 1896, après un séjour dans un orphelinat, Tyr s’initia en usine au métier de mouleur avant de devenir aide-forgeur en limes au Chambon-Feugerolles (Loire). À 16 ans, il apprit, le soir, après son travail, à lire et à écrire.

En 1903, il fut condamné à huit jours de prison pour outrages à gendarmes.

Le 14 novembre 1904, dans le cadre du service militaire, il fut incorporé au 16e régiment d’infanterie. Il en fut libéré avec un certificat de bonne conduite dès le 23 septembre 1905, dispensé de service en tant que « fils aîné de veuve ».

En 1906 et 1907, il assuma la présidence de la chambre syndicale des ouvriers métallurgistes et similaires qui, depuis 1901, concentrait l’ensemble des secteurs de la corporation au Chambon-Feugerolles. Ce sont les longues et âpres grèves des boulonniers, en 1910 et 1911, qui firent de lui une des principales figures du mouvement ouvrier régional.

Orateur violent, homme d’action, entraîneur de foules, il fut l’âme, le leader le plus écouté et le plus influent au sein du comité de grève qui mit la ville en état de siège de décembre 1909 à avril 1910. Pendant de longs mois, émeutes, tentatives d’incendie, attentats contre les usines et les cafés se succédèrent. Le point culminant du conflit fut atteint dans la semaine du 11 au 16 mars 1910. Le 14 mars, à la tête d’un cortège, Tyr invita la troupe à suivre l’exemple du 17e régiment de ligne et, pendant que l’officier faisait les sommations réglementaires, fit coucher à terre les manifestants ; la tragédie fut évitée de justesse. Le 15, Tyr fut arrêté et transféré à Saint-Étienne. Une colonne de 1500 personnes en armes marcha sur la prison, et le procureur abandonna les poursuites envisagées pour complicité d’incendie, bris de clôture et violation de domicile.

Du 3 au 10 octobre 1910, Tyr fut délégué au congrès confédéral CGT de Toulouse par les ferblantiers de Clermont-Ferrand et les métallurgistes du Chambon-Feugerolles.

La lutte reprit en mars 1911 : une demande d’augmentation de salaires entraîna un lock-out général. Pendant 174 jours, un millier de boulonniers furent privés de travail. Encore une fois, Tyr fut au premier rang d’une lutte très dure, marquée par de violents heurts et des attentats à la dynamite ; il fut soupçonné et inquiété par la police. Malgré l’appui, sur place, de Raymond Péricat, Georges Yvetot, Albert Bourderon et Alphonse Merrheim, les ouvriers durent s’avouer vaincus, et leur échec brisa le syndicat.

Jean-Marie Tyr qui, en même temps, militait dans le groupe Germinal des Jeunesses syndicalistes de Saint-Étienne et avait participé, en 1910, à la création d’une formation libertaire au Chambon-Feugerolles, fut mis à l’index par le patronat. Père de quatre enfants, sans travail, il s’en alla à Paris, où Laurent Torcieux lui procura du travail et où il devint secrétaire permanent du syndicat des mouleurs de la Seine.

En septembre 1913, il fut délégué des mouleurs de la Seine au congrès fédéral des Métaux à Paris. Le 26 janvier 1914, il fut élu à la commission exécutive de la fédération des Métaux.

Mobilisé le 11 août 1914 dans l’infanterie, il passa caporal dès le 12 octobre 1914, sergent le 17 février 1915. Le 11 octobre 1915, il fut détaché à l’Atelier de construction de Lyon. Il y poursuivit son action syndicale, puis fut muté à Paris. Le 25 avril 1918, atteint de la tuberculose, il fut réformé n°2 par la commission de réforme de Versailles. La commission de réforme de la Seine le maintint dans cette position le 23 décembre 1918.

Après la guerre, il resta en région parisienne, où il mourut de la tuberculose.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156625, notice TYR Jean-Marie [Dictionnaire des anarchistes] par Yves Lequin, notice complétée par Guillaume Davranche , version mise en ligne le 24 février 2014, dernière modification le 16 octobre 2022.

Par Yves Lequin, notice complétée par Guillaume Davranche

Jean-Marie Tyr
Jean-Marie Tyr
cc Gremmos
Fleury Demeure, Pierre Berger, François Patouillard, Jean-Marie Tyr
Collection du Gremmos (Loire).

SOURCES : Registres matricules de la Loire. — Arch. Nat. F7/13053 et F7/13601. — Arch. Dép. Loire, 19 M 25, 92 M 180 à 186. — Pétrus Faure, Le Chambon rouge. Histoire des organisations ouvrières et des grèves au Chambon-Feugerolles, Le Chambon, 1940 — Christian Gras, « La fédération des Métaux en 1913-1914 et l’évolution du syndicalisme révolutionnaire », Le Mouvement social, octobre-décembre 1971.

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