VIAL Louis, Paul [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Maurice Moissonnier

Né le 8 mars 1886 à Meximieux (Ain) ; garçon d’hôtel, guimpier puis tisseur ; anarchiste et antimilitariste, condamné au bagne.

Fils d’un marchand tailleur, orphelin de mère à l’âge de 9 ans, Louis Vial avait commencé à travailler dès ses 16 ans.

Il travaillait comme garçon d’hôtel et habitait au 42, rue de la Bienfaisance, à Paris 8e, quand il fut appelé au service militaire, le 7 octobre 1907. Il fut incorporé au 29e bataillon de chasseurs à pied. Le 25 septembre 1908, il devint clairon. Il fut libéré le 27 septembre 1909 avec le certificat de bonne conduite.

Mobilisé le 3 août 1914, il fit la guerre au sein du 4e bataillon de chasseurs, puis au 1er régiment mixte de zouaves.

En 1917, sans doute pendant ses permissions, il fréquenta le groupe pacifiste et antimilitariste du Nid rouge, à Lyon (voir Jeanne Chevenard).

Fin 1917, suite à la distribution dans des usines lyonnaises à la Croix-Rousse, à Sathonay et à Caluire, de tracts pacifistes signés d’un « Comité d’action révolutionnaire des ouvriers et soldats » qui exaltait la Révolution russe, il fut inculpé ainsi que treize autres suspects dont trois femmes.

Déféré le 9 avril 1918 devant le conseil de guerre, Louis Vial prit la fuite. Arrêté quelques semaines plus tard, il fut condamné, le 24 juillet, par la cour d’assises du Rhône, à huit ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour pour vol qualifié. Le groupe de déserteurs auquel son cas fut joint avait en effet pillé une villa pour trouver les moyens de survivre. Vial fut le seul à nier sa participation à ce pillage, affirmant que ses convictions politiques lui interdisaient le recours à de tels expédients.

Le 21 mars 1919, il comparut de nouveau devant le 3e conseil de guerre qui, pour « désertion, fabrication de fausses permissions et fausses feuilles de route », lui infligea dix ans de travaux forcés.

Transféré au bagne de Guyane en 1923, il passa par divers lieux de détention. Louis Vial retrouva quelques compagnons anarchistes et participa à l’une des tentatives d’évasion d’Eugène Dieudonné. Plus tard, celui-ci devait rappeler son cas dans le Bulletin du Comité de Défense sociale n°4 (octobre 1928). Il en fut tiré brochure intitulée Un innocent au bagne : Louis Paul Vial.

L’ensemble des syndicats lyonnais conduisirent alors une vigoureuse campagne pour sa libération. Le 24 mai 1928, à l’issue d’un meeting organisé à la bourse du travail, on vota un ordre du jour qui affirmait son innocence pour l’accusation de vol qualifié, notait que la condamnation se fondait sur les affirmations de deux condamnés qui avaient varié dans leurs propos, soulignait les preuves de haute moralité données en sa faveur, tant en liberté qu’au bagne, et réclamait sa libération, son rapatriement ainsi que l’amnistie pour l’assignation à résidence qui le frappait.

Malgré plusieurs évasions et plusieurs rejets du recours, Vial obtint sa libération en avril ou juin 1929. Libéré et rapatrié, il fut embauché en 1929 dans une coopérative lyonnaise de consommation.

Il se maria le 21 juin 1947 à Toulon (Var) avec Marie Jeanne Alice Soleillet

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156628, notice VIAL Louis, Paul [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 24 février 2014, dernière modification le 1er novembre 2022.

Par Rolf Dupuy, Maurice Moissonnier

SOURCES : État civil. — Registres matricules de Paris. — Arch. Dép. Rhône, PP. 4 M 4 535. — Lyon républicain, 10 avril 1918. — Le Semeur, mars-avril 1928, décembre 1929. — Eugène Dieudonné, « Un innocent au bagne : Louis Paul Vial », Bulletin du Comité de défense sociale, octobre 1928. — René Bianco, « Un siècle de presse anarchiste… », op. cit. — ANOM Col H1500.

ICONOGRAPHIE : Bulletin du Comité de défense sociale n°4, octobre 1928.

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