Par Rolf Dupuy
Né le 11 octobre 1870 à Paris, mort le 2 novembre 1967 à Paris (XVIIIe arr.) ; ouvrier ajusteur ; anarcho-syndicaliste.
Né à Paris de père inconnu, marié, père de trois enfants, Émile Babouot – dont le nom est parfois ortographié Babaud – vivait en 1893 à Feuquières-en-Vimeu (Somme), commune où il était déjà fiché comme anarchiste. Il demeurait à Paris avant la Première Guerre mondiale. Au printemps 1901, Emile Babouot était le secrétaire de l’Union CGT des ouvriers en coffres-forts de Paris affiliée à la CGT. Peu de temps après, il fut remplacé dans cette fonction par Achille Couteaux.
Il habita ensuite à Brest (Finistère). Le 24 mai 1915, il fut mobilisé comme ouvrier à l’arsenal, ajusteur à la direction des constructions navales. Il prit une part active à la grève de l’arsenal d’octobre 1917. L’année suivante, il se fit remarquer lors de la grève qui eut lieu à l’arsenal et à la Pyrotechnie de Saint-Nicolas du 29 avril au 2 mai 1918, grève à laquelle prirent part 6 000 ouvriers. Il appartenait alors au bureau du syndicat de l’arsenal et était un des organisateurs de l’association des Amis de La Vague, un journal pacifiste. Il fut congédié le 17 novembre 1918, pour avoir abandonné son travail avant l’heure.
Émile Babouot fut arrêté le 5 janvier 1919 à Brest avec un groupe de militants, dont Alain Le Duff, pour propagande antimilitariste et complot contre la sûreté de l’État. Interné à la prison des Rochettes à Nantes, il fut finalement acquitté le 31 mai 1919. À sa libération il fut accueilli et logé par la camarade Bertin. Il regagna par la suite la région parisienne.
En septembre 1919, il fut délégué des métallurgistes de Brest au congrès fédéral des Métaux à Lyon, puis au congrès confédéral CGT, où il se classa dans la minorité révolutionnaire.
En 1937, Émile Babouot habitait au 19 rue Jouy-Rouve, à Paris 20e, et était le trésorier de la Fédération anarchiste de langue française (FAF).
Sous l’Occupation, il fut actif dans le groupe anarchiste clandestin réuni autour d’Henri Bouyé. Au début de l’été 1943, il participa ainsi à l’une des premières grandes rencontres clandestines de militants de la région parisienne, en forêt de Montmorency.
Le 14 janvier 1944, avec Louis Laurent et Henri Bouyé, il participa à une réunion en vue de réorganiser le mouvement syndical, sous couvert d’une réunion du syndicat des agents de change de Paris. Il participa également, avec entre autres Bouyé, Jean-Louis Lefèvre, Roger Caron, Renée Lamberet et Giliane Berneri à l’élaboration de la brochure Les Libertaires et le problème social, éditée en mars 1945 par la Fédération anarchiste.
Retraité en 1946, il était membre de la CNT française de Goussainville (Seine-et-Oise) et collaborait occasionnellement au Combat syndicaliste.
Par Rolf Dupuy
SOURCES : Arch. Nat. F7/13637, Brest, 30 janvier 1919. — Le Réveil des mécaniciens, organe de la Fédération des ouvriers mécaniciens de France, juin 1901 (BNF Gallica). — Le Libertaire du 17 novembre 1933 — La Voix Libertaire, année 1936 — Bulletin du CIRA, Marseille, n°23-25, 1er semestre 1985 (témoignage d’Henri Bouyé). — Notes de Louis Botella, Guillaume Davranche et Philippe Cailloux.