BACQUEVILLE Émile [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche

Né le 15 juillet 1882 à Arras (Pas-de-Calais), terrassier ; anarchiste et syndicaliste.

Fils de Théodore Joseph Bacqueville et de Marceline Lecointe, Émile Bacqueville travailla successivement comme mineur, puis peintre en bâtiment. Le 31 octobre 1901, il s’engagea volontairement dans l’armée pour quatre ans. Affecté au 4e régiment de tirailleurs algériens, il fit son service en Tunisie, et l’acheva le 4 octobre 1905, avec un certificat de bonne conduite.

C’est sans doute au « Bat’ d’Af’ » qu’il se couvrit le corps de tatouages, méticuleusement relevés par la police lors d’une arrestation : « Né sous une mauvaise étoile », une femme nue, une grappe de raisin, un serpent, un buste de femme, une tête d’homme, « pas béni », « campagne de Tunisie », un croissant, un clairon, un papillon, une femme, une femme montée à cheval, « souvenir d’Afrique », un village arabe, un cœur traversé d’un poignard, « M.O.C ».

En 1908, il fut impliqué dans une affaire de vol qualifié, mais fut acquitté par la cour d’assises de Saint-Omer.

En 1909, Émile Bacqueville était trésorier du « Jeune Syndicat » des mineurs (voir Benoît Broutchoux, et secrétaire de sa section d’Arras.

Le 1er mai 1910, il prononça un discours abstentionniste et antimilitariste à Arras, et le 6 mai il intervint comme candidat abstentionniste à une réunion électorale. Il fut ensuite membre du groupe du Pas-de-Calais de l’éphémère Parti révolutionnaire impulsé par La Guerre sociale. Le 13 juin, il fut inscrit au Carnet B.

Le 26 octobre 1910, la cour d’assises du Pas-de-Calais le condamna à trois mois de prison et à 300 francs d’amende pour « provocation de militaires à la désobéissance », suite à un article antimilitariste dans L’Action syndicale, le journal du « jeune syndicat ». Le 3 octobre 1911, la même cour d’assises l’exempta de l’amende mais maintint la peine de prison. Bacqueville collaborait également au Réveil artésien.

En septembre 1912, il quitta Arras pour s’installer à Sallaumines.

Le 30 juillet 1914, alors que le PS avait convoqué à Lens un meeting pour la paix, Émile Bacqueville escalada la tribune par surprise et prononça, devant plusieurs centaines d’auditeurs, un discours révolutionnaire. Il affirma qu’il « préférerait, en cas de guerre, recevoir douze balles dans la peau contre un mur que de se faire tuer pour les capitalistes ». Il ajouta : « Il faut demain faire la grève pour faire voir aux gouvernants que, s’ils nous donnent des fusils, ce sera pour tirer sur eux. »

Il fut arrêté par la police, puis placé en détention à Béthune, en vertu du Carnet B, le préfet du Pas-de-Calais ayant été un des seuls à l’appliquer.

Le 19 novembre 1914 il fut condamné par le conseil de guerre de la région du Nord à trois mois de prison et à 50 francs d’amende pour provocation de militaires à la désobéissance. Dès le lendemain, il était versé dans la 1re section d’exclus métropolitains, à Lille. Puis, le 12 décembre, il fut transféré à la 13e section d’exclus métropolitains, à Clermont-Ferrand.

Démobilisé le 28 février 1919, il se retira à Arras, rue du Petit-Feutre. Il fut rayé du Carnet B lors de la révision de décembre 1922.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156637, notice BACQUEVILLE Émile [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 2 mars 2014, dernière modification le 16 octobre 2022.

Par Guillaume Davranche

SOURCES : Arch. Nat. 19940434/9. — Registre militaire du Pas-de-Calais. — L’Action syndicale, Lens. — Le Réveil artésien, Arras. — Jean-Jacques Becker, 1914. Comment les Français sont entrés dans la guerre, FNSP, 1977. — Roger Faligot, Rémi Kauffer, As-tu vu Crémet ?, Fayard, 1991.

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