BALLE Adolphe, Lucien [Dictionnaire des anarchistes]

Par Notice revue par Rolf Dupuy

Né le 31 octobre 1872 à Gué-d’Hossus (Ardennes), mort le 20 octobre 1954. Bûcheron, poète ouvrier, anarchiste.

De famille pauvre, Adolphe Balle fréquenta peu l’école communale. C’est sa mère qui lui apprit ses lettres. Le soir, après journée faite, le jeune bûcheron, passionné de lecture, lut les romans de Zola, les œuvres de Victor Hugo dont, à plus de quatre-vingts ans, il pouvait encore réciter les poèmes les plus difficiles.
Lors de la longue grève de Bourg-Fidèle en 1891, Adolphe Balle suivit les réunions de Jean-Baptiste Clément qui révéla au jeune ouvrier les nécessités de l’étude, de l’organisation, une nouvelle morale sociale, tout un humanisme prolétarien nourri de sensibilité. De la forêt du Brûly où il travaillait comme bûcheron, en janvier 1905, il écrivait son Anathème au tsar en prévoyant la fin de l’autocratie : « Vois, l’aube d’un quatre-vingt-treize / Empourpre déjà l’horizon... !

Il fut libertaire avant la première guerre mondiale, et collabora au bimensuel Le Communiste (Aiglemont, 45 numéros du 10 juin 1906 au 29 décembre 1907) dont le gérant était André Mounier et qui, à partir d’octobre 1907, deviendra l’organe de la colonie libertaire L’Essai à Aiglemont (Ardennes), dirigée par Fortuné Henry. C’est la colonie libertaire L’Expérience fondée par Émile Chapelier à Stockel (Boitsfort), en Belgique, et fréquentée par lui, qui publia en 1908 son recueil signé Pierre des Chênes, intitulé Au vol de la cognée (brochure n°4 de la Bibliothèque de la Colonie l’Expérience, 1907, 32 p.) et préfacé par Charles Malato. Il collabora également à l’organe de cette colonie, Le Communiste (Boisfort, 17 numéros du 15 juin 1907 au 8 août 1908), « tiré tous les mois à 2 000 exemplaires qui seront distribués gratuitement » (cf. n°1) et dont le gérant était G. Marin.

Il fut l’auteur de nombreux poèmes, dédiés aux militants ardoisiers de Fumay, aux métallos de Revin, à Gilbert de Nouzon, etc. et écrits pour être chantés dans l’action. Lors de la grande grève de Revin de 1907 à laquelle participèrent les deux mille métallos de la bourgade, Adolphe Balle descendit dans la vallée pour soutenir les camarades et leur offrir son chant de grève, Debout, les braves sur l’air de Debout, frères de misère, dont on entonnait les strophes pour tromper la faim et qui fut tiré à des milliers d’exemplaires.

Balle fut aussi un partisan de l’organisation syndicale : à Revin, il fit réduire de beaucoup les cafuts qui lésaient les salaires du tarif aux pièces ; en 1908, à l’époque de la colonie libertaire d’Aiglemont qu’il fréquentait, il groupa dans des syndicats les bûcherons ardennais de Sévigny-la-Forêt, Sécheval, Gué-d’Hossus, Vendresse ; il organisa en 1909 la grève des bûcherons de Regniowez, vouant les « sarrasins » au mépris de la classe ouvrière et paysanne.

A la libération en 1945 A. Balle adhéra au Parti communiste auquel il resta jusqu’à sa mort à Bourg-Fidèle (Ardennes) le 20 octobre 1954 (voir sa notice complète dans le Maitron).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156638, notice BALLE Adolphe, Lucien [Dictionnaire des anarchistes] par Notice revue par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 1er mars 2014, dernière modification le 4 avril 2021.

Par Notice revue par Rolf Dupuy

ŒUVRE : Auteur de nombreuses pièces et en particulier des Plébéiennes et du Vol de la cognée.

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes : enregistrement de Radio-Nancy (juin 1954). — L’Exploité, journal ardennais. — H. Manceau, « Adolphe Balle, poète bûcheron » (Présence ardennaise, n° 21). — Notice par H. Manceau, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier..., op. cit. — R. Bianco, Un siècle de presse… , op. cit.

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