DELSAUTE Hubert, Thomas [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell

Né à Liège le 27 mai 1848. Charpentier, puis kiosquier ; anarchiste de Bruxelles.

Membre de la section bruxelloise de l’Association Internationale des travailleurs (AIT), Hubert Delsaute fit partie en 1869 d’un groupe de scissionnistes révolutionnaires.

Il passa peut-être quelque temps à Paris puis, de retour à Bruxelles en 1873, il s’exprima à la réunion de la Société des Ouvriers Ebénistes et Menuisiers le 25 mai. Cette même année, il était membre du Cercle Populaire de Nicolas Coulon et Jan Pellering et adhéra au groupe de libre-penseurs L’Affranchissement, dont il devint secrétaire en 1880. Il est aussi resté membre de l’Internationale jusqu’en 1880, sans toutefois y être militant.

Il s’investit davantage dans la lutte contre les tendances évolutionnistes qui émergea à Bruxelles depuis 1876. Avec Emile Flahaut, il s’opposa à César De Paepe et Désiré Brismée qui avaient fait un plaidoyer pour un parti politique comme le parti social-démocrate allemand.
Delsaute écrivit des articles, des manifestes et des lettres dans Le Mirabeau (1878), Le Révolté (1879), Le Cri du Peuple (1879). Il participa à l’été 1879 à la création de la Ligue Collectiviste anarchiste dont les deux autres principaux animateurs étaient Laurent Verrycken et Charles Debuyger. Il fit partie avec eux du comité de rédaction de l’organe de la ligue, Le Drapeau Rouge (Bruxelles, n°1, 1er février 1880), tiré à 1300 exemplaires et dont le numéro 5 et dernier (28 mars 1880) était entièrement consacré à la Commune de Paris. Toutefois, lorsque la Ligue éclata en avril 1880, la plupart des anarchistes trouvèrent refuge dans les Cercle Réunis et Delsaute se retrouva assez seul. En mai 1879 il écrivait : « Que le peuple ait besoin d’une direction pour accomplir la démolition de la bourgeoisie, je ne le conteste pas ; mais de là à avouer que le peuple doit se trouver sous la botte d’un ou de plusieurs maîtres, il y a loin. »

À la fin 1880, il était l’une des figures clés du Cercle des Anarchistes Bruxellois, qu’il représenta au congrès national révolutionnaire qui eut lieu à Bruxelles le 19 septembre. A cette époque il accueillit à son domicile de nombreux militants étrangers dont les Français Paul Métayer et Antoine Cyvoct, puis Louise Michel en 1882. Il connaissait bien Arsène Crié. Il fut aussi membre, avec son frère Victor, du Comité exécutif socialiste, que la police considérait en 1881 comme le groupe terroriste le plus dangereux à Bruxelles.

En 1882, le mouvement anarchiste bruxellois n’était plus fort actif mais Hubert Delsaute continuait cependant à défendre ses idées. Selon la police, il écrivit en février 1882 un manifeste anarchiste qui fut distribué dans plusieurs villes flamandes, et collabora en 1884 à L’Hydre anarchiste (Lyon).

En 1889 La Révolte signalait qu’il faisait partie d’un groupe qui tentait d’acheter du matériel d’imprimerie.

Alors qu’il avait surtout gagné sa vie comme charpentier, depuis 1891 il vendait des journaux dans un kiosque. Il n’était plus une figure de proue comme auparavant, bien qu’il professât encore l’anarchisme et eût toujours des contacts fréquents, autant locaux qu’internationaux.

Il fut toutefois perquisitionné le 26 janvier 1893 pour collage d’affiches, puis signalé en mars 1894 comme l’un des rédacteurs de la brochure La bourgeoisie, le pauvre, la misère et l’anarchie. Nous ne savons pas si la brochure a été publiée ou pas.

Par la suite, il devint assez paranoïaque et sa famille en a souffrit. Une note de police indique : « Il est à remarquer que Delsaute se retourne souvent et même s’arrête (...) au coin des rues sans doute pour voir s’il n’est pas suivi. » Ceci dit, il était en effet sous surveillance.

Dans un rapport de police de 1909, il est noté qu’il n’était plus actif dans le mouvement anarchiste depuis 1902.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156699, notice DELSAUTE Hubert, Thomas [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Marianne Enckell, version mise en ligne le 26 février 2014, dernière modification le 17 octobre 2021.

Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell

SOURCES : R. Bianco, « Un siècle de presse… », op. cit. — La Révolte, année 1889 — J. Moulaert, Le mouvement anarchiste en Belgique…, op. cit. — Herre Sneyers, site (disparu) du Jan Pellering Fonds, notice adaptée par Agustin Meneses Castro. — Note de Jean Puissant.

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