BARBOT Marcel [Nièvre]

Par Jean Vigreux

Né le 2 septembre 1907 à La Chapelle-Montlinard (Cher), mort le 26 octobre 1998 à Louveciennes (Yvelines) ; ouvrier menuisier ; militant communiste de la Nièvre ; conseiller municipal (1935-1940, 1945-1965) et maire (1945-1947) de Nevers (Nièvre), député de la Nièvre (1956-1958).

Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

Fils d’un charron et d’une ménagère, titulaire du certificat d’études primaires et très marqué par son instituteur laïque, Marcel Barbot fut apprenti charron. Par manque de travail, il quitta son père puis entra dans la Marine pour un service de dix-huit mois. En 1929, il vint travailler à Nevers comme menuisier dans une carrosserie d’automobiles. Lecteur de la presse communiste dès 1925, il adhéra au Parti communiste en février 1933 après un meeting de Paul Vaillant-Couturier*. Responsable des Jeunesses communistes de la Nièvre, il assista à la conférence d’Ivry-sur-Seine en février 1934 et devint en 1935 secrétaire régional du Parti ; il le resta jusqu’en 1939.

En juin 1935, Marcel Barbot dans ses rapports envoyés au PCF, puis à l’IC, soulignait les difficultés du parti qui ne comptait que 466 adhérents (260 dans le rayon de Nevers ; 70 dans le rayon de Saint-Léger ; 55 dans le rayon de Cosne-sur-Loire ; 80 dans le rayon de Château-Chinon et un professeur isolé). Surtout dans son rapport, il évoquait des dysfonctionnements liés à la multiplication des organisations ; ainsi à Guérigny la FSGT recrutait 70 jeunes. Pourtant, dans le même rapport, il se félicitait de la mise en place des comités de Front populaire dans le département. En 1939, le Parti comptait alors 2 200 adhérents dans la Nièvre, répartis dans quatre-vingt-dix cellules locales et vingt-trois cellules d’entreprise ; cela souligne le travail accompli par l’équipe de Marcel Barbot et l’embellie liée à l’expérience du Front populaire.

Il fut élu conseiller municipal de Nevers en mai 1935 dans l’équipe du Docteur Gaulier* qui fit une liste d’union de la gauche au second tour (SFIO, PCF, PUP) ; mettant fin au règne du « pupiste » Émile Périn* car les communistes élus avaient voté pour Gaulier (SFIO) contre Périn (PUP).

Marcel Barbot devint adjoint au maire en 1937, à la suite du décès de Roy-Pépin*. Au cours de cette période les relations étaient tendues à Nevers avec les trotskistes issus des rangs confédérés - Marcel Barbot s’en expliqua à Jean Seinforin* en novembre 1935 -, mais aussi avec les proches de l’ancien maire Périn, qui garda son siège de député en 1936 à Nevers. Barbot avait été candidat communiste aux élections législatives d’avril 1936 dans la circonscription de Cosne : il obtint 2 264 voix sur 14 799 votants et se désista pour le docteur Arsène-Célestin Fié*, socialiste, au second tour.

Marcel Barbot fut révoqué en février 1940 alors qu’il était mobilisé (le maire socialiste ne signifia jamais aux élus communistes leur révocation) ; en 1939 il était à Toulon dans la Marine, puis il fut affecté à Angers dans le Génie. Marcel Barbot fut fait prisonnier le 16 juin 1940 à Melun, puis transféré à Krems en Autriche (stalag 17 B). En janvier 1942, il fut rapatrié à Lyon, en raison de son mauvais état de santé. De Lyon, il partit rejoindre son frère Raymond, résistant à Paris. Il entra assez vite dans la clandestinité et, en février, il arriva à Nevers. Toutefois libéré du stalag, il était isolé, voire suspect aux yeux de ses camarades.

En mai 1942, il quitta Nevers pour Melun. De retour à Nevers en juin, il chercha en vain à renouer avec Camille Baynac alors arrêté (ce dernier fut fusillé au Mont-Valérien le 11 août 1942). Il partit pour le Morvan et en décembre 1942, il renoua enfin le contact avec la Résistance grâce à son frère à Montereau.

Après un séjour à Dijon, il se rendit en Saône-et-Loire. Là, comme responsable politique du PCF, sous le pseudonyme de « Julien », il entra en relation avec le groupe du Front national de Bourbon-Lancy et développa son action et son organisation. Ce modèle d’organisation fut étendu aux autres groupes. Marcel Barbot organisa plusieurs sabotages en particulier dans la région de Chagny, puis, après sa rencontre avec Henri et Suzanne Vitrier, près de Brancion, il développa les actions de sabotages. Il devint le responsable politique inter-régional en Bourgogne Zone nord et prit la tête des FTP de la région en octobre 1943.

Marcel Barbot était également délégué du comité central pour la Bourgogne de l’automne 1942, comme permanent à partir de décembre 1942. Il semble qu’il quitta la région en décembre 1943 pour rejoindre la Bretagne où il fut également responsable politique inter-régional. Il participa à la libération des provinces de l’Ouest ; il y réorganisa les premières Fédérations communistes légales et participa au premier tirage de l’Humanité dans les territoires libérés le 15 août 1944. Il fut délégué-instructeur du comité central jusqu’en mai 1945. Son frère, Raymond (né le 4 avril 1921 à La Chapelle-Monlinard, Cher), capitaine FTP, fut torturé et exécuté le 15 août 1944, à Céré-la-Ronde (Indre-et-Loire) : il semble que ce soit la Milice et non les Allemands comme on a pu l’écrire qui ont commis cet acte barbare. À la fin de la guerre, il avait le grade de commandant FFI.

Marcel Barbot fut maire de Nevers de 1945 à 1947 et resta conseiller municipal jusqu’en 1965. Dans la mémoire collective, il reste le maire élu de la Libération de Nevers, après Me Sainson, désigné lui par le Comité départemental de la Libération (CDL). Parallèlement, il reprit son métier de menuisier dans l’aviation, puis le bâtiment.

Aux élections de janvier 1956, la Nièvre élit en tête Marcel Barbot (36 112 voix), devançant le socialiste Léon Dagain (22 635 voix), l’UDSR François Mitterrand (22 470 voix) et le candidat de droite Marius Durbet (12 683 voix). Marcel Barbot, qui avait mené une campagne active sur la thématique nationale de Front populaire, avait une réelle popularité dans le département qui se mesurait en particulier dans le canton de Nevers où il dépassa les 45 % des suffrages.

Marcel Barbot représenta la Nièvre à l’Assemblée nationale de 1956 à 1958, où il intervint en faveur des agriculteurs, pour la défense des acquis sociaux et pour la paix en l’Algérie. Plus tard, ses liens avec le PCF local furent conflictuels.

Il se maria trois fois ; à Nevers (Nièvre) en octobre 1939 avec Germaine Chambon, en mai 1947 avec Yvonne Hazard, puis à La Chapelle-Montlinard (Cher) en juillet 1966, avec Carmen Pastor, républicaine espagnole réfugiée. Marcel Barbot reçut la croix du combattant 1939-1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15674, notice BARBOT Marcel [Nièvre] par Jean Vigreux, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 13 décembre 2020.

Par Jean Vigreux

Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

SOURCES : RGASPI, 495 270 2 734. — L’Émancipateur. — Enquête orale. — DPF, t. 2. — Notice DBMOF.

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