BARBOTTE Jean

Par Madeleine Singer

Né le 28 août 1903 à Chaumes-en-Brie (Seine-et-Marne), mort le 10 août 1997 à Avignon (Vaucluse) ; professeur agrégé de mathématiques ; membre du comité national du Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN) de 1955 à 1964.

Jean Barbotte était le benjamin des deux enfants de Julien Barbotte, négociant en vins, qui avait épousé Marie-Albertine Brivois. Il fit ses études secondaires au lycée de Versailles, obtint à Paris en 1919 le baccalauréat de philosophie avec la mention « très bien », puis l’année suivante le baccalauréat de mathématiques élémentaires. Il entra alors en classes préparatoires au lycée Louis-le-Grand et en 1922 il fut reçu troisième à l’École polytechnique et premier à l’École normale supérieure (Ulm). Il opta pour celle-ci et fut admis en 1925 à l’agrégation de mathématiques. Il fit un an de service militaire, puis dut pour raison de santé prendre un an de congé. Agrégé répétiteur à l’ENS de 1927 à 1928, il fut alors nommé au lycée Ronsard de Vendôme ; il exerça ensuite au lycée Gay-Lussac de Limoges, puis au lycée Pothier d’Orléans. En 1936 il devint professeur de mathématiques supérieures, puis de mathématiques spéciales au lycée Joffre de Montpellier où il prit sa retraite en 1968. Il s’était marié en 1930 avec Marie-Louise Genay ; ils eurent cinq enfants parmi lesquels une fille documentaliste, un fils pharmacien, un autre médecin gastro-entérologue. Capitaine d’artillerie pendant la guerre, Jean Barbotte fut cinq ans prisonnier. On lui décerna la Croix de guerre 1939-1945 et il fut fait chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire en 1950.

Dans les années qui précédèrent la guerre, Jean Barbotte avait fait partie du Syndicat national des professeurs de lycée, lequel disparut à la Libération car plusieurs de ses dirigeants étaient passés à la Fédération générale de l’enseignement (CGT). Rentrant de captivité, il hésitait un peu, dit-il, sur une affiliation nouvelle, puis adhéra au SGEN sous l’influence d’un de ses bons amis, Léon Husson. À cette époque, il était membre de la Paroisse universitaire et lisait Témoignage chrétien. Il lui plaisait, dit-il, « d’entrer dans un syndicat vivement opposé à la CGT communiste », quoique, dans le sigle CFTC, « le deuxième C ne l’ait pas enchanté » car il estimait qu’une centrale syndicale devait être totalement indépendante et « ne pas afficher un caractère qui, à tort ou à raison, pouvait la faire croire soumise dans son action à une autorité religieuse ». Il approuva donc l’action ultérieure à laquelle concourut le SGEN, qui transforma la CFTC en CFDT.

Cédant aux sollicitations de ses amis, Jean Barbotte devint en 1947 secrétaire académique (SA) de Montpellier et en même temps secrétaire départemental (SD) de l’Hérault. Mais il ne se sentait guère apte aux tâches d’organisation. Aussi fut-il heureux en 1956 de trouver en Yvan Azéma un collaborateur dévoué qui porta le titre de secrétaire administratif, mais qui, en sus de ses tâches propres (tenue du fichier des adhérents, préparation des élections aux Commissions administratives paritaires académiques, organisation des congrès départementaux), le suppléait souvent : Yvan Azéma présidait le bureau académique ou allait en audience au Rectorat. Quand Yvan Azéma quitta Montpellier en 1965, J. Barbotte avait pu l’année précédente passer la fonction de SA à Jacques Flamant* car la tâche était devenue trop lourde et se révélait incompatible avec l’accomplissement correct de ses obligations professionnelles, un service de professeur de mathématiques spéciales étant particulièrement chargé.

Membre du comité national depuis qu’en 1955 le nouveau règlement avait fait place aux secrétaires académiques, J. Barbotte y demeura jusqu’en 1964 et participa activement tant aux sessions de cet organisme qu’aux congrès nationaux. Il soutint la politique du bureau national lorsqu’en octobre 1952 les « minoritaires » (parmi lesquels le secrétaire général du SGEN) démissionnèrent du bureau confédéral car le secrétaire général, Gaston Tessier*, tentait de reconfessionnaliser la CFTC. Au congrès de 1956, J. Barbotte présenta une motion de Montpellier - acceptée par le bureau national - qui déplorait les incidents ayant opposé, les 20-21 janvier, certains étudiants de la métropole à des étudiants d’outre-mer et s’élevait contre toute manifestation de nature à troubler l’amitié et l’entente qui avaient régné jusqu’à présent entre étudiants de l’Université. En outre, à ce congrès, J. Barbotte intervint sur la politique scolaire. Les élections du 2 janvier 1956 ayant amené à l’Assemblée nationale une majorité susceptible d’abroger la loi Barangé, le SGEN avait publié un communiqué demandant qu’on aidât les familles sans porter atteinte au statut de l’Université comme le faisait ladite loi. Ce texte ayant déchaîné une campagne de presse contre le syndicat, le SGEN dut réagir : J. Barbotte apporta l’accord total de sa section avec la politique nationale et souligna l’appui que les jeunes de son académie donnaient au bureau national.

Les interventions de J. Barbotte, au cours des séances du comité national consacrées au deuxième degré, montraient qu’il ne négligeait aucune question. Certes il se souciait des classes préparatoires, demandait que, dans l’organisation de l’année scolaire, on tint compte de la nécessité d’une rentrée simultanée dans toutes les académies, rentrée qui ne devait pas être trop tardive, vu la date des concours. Mais il n’oubliait pas les collègues qui exerçaient en Algérie en temps de guerre et réclamait le paiement des frais pour ceux qui rentraient en France. En même temps il s’élevait contre l’envoi d’office en Algérie des certifiés reçus au concours, estimant immoral qu’à un succès correspondit une « récompense négative ». Il se préoccupait du développement de son académie, considérant que le passage à Montpellier en 1956 d’un permanent national, Annick Taburet*, avait provoqué une « résurrection » de la section et soulignait l’intérêt de la visite de Jean Mousel* à Montpellier en 1958. Il se faisait fidèlement l’écho des vœux de ses congrès académiques, regrettant en 1959 que la titularisation des licenciés d’enseignement dans le cadre des professeurs certifiés se soit faite dans de mauvaises conditions, vu le nombre des postes offerts. Bien que son enseignement personnel exigeât avant tout une haute compétence scientifique, il défendit au cours des discussions sur la réforme de l’enseignement, la nécessité d’une formation pédagogique, rappelant le mot de Chesterton : « Pour savoir enseigner quelque chose à John, il faut avant tout connaître John ».

Une fois à la retraite, il apporta de nouveau son concours au syndicat et fut pendant plusieurs années trésorier pour le secondaire des cinq départements. Il m’écrivait en novembre 1978 que sa tâche s’était récemment terminée à l’occasion d’une transformation de la trésorerie qui désormais regroupait dans chaque département tous les ordres d’enseignement ; il avait donc passé l’année écoulée à mettre au courant son successeur. Il était officier d’Académie et officier de l’Instruction publique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15676, notice BARBOTTE Jean par Madeleine Singer, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 21 février 2010.

Par Madeleine Singer

SOURCES : M. Singer, Histoire du SGEN, Presses Univers. de Lille, 1987, 16x24, 669 p. — École et Education (1947-1955). — Syndicalisme universitaire (1955-1964). — Acte de naissance, mairie de Chaumes-en-Brie. — Lettres de J. Barbotte à M. Singer, 24 novembre 1978, 19 septembre 1979. — Lettre du docteur Claudine Barbotte (belle-fille de J. Barbotte) à M. Singer, 10 octobre 1997 (AP).

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