PAPILLON C. (VALLETY Jules, dit) [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell, Benoit Willot

Né le 14 juin 1876 à Paris 1er arr., mort le 17 janvier 1967 à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). Piqueur aux travaux publics puis ingénieur, pédagogue libertaire, propagandiste de l’espéranto et de sa variante ido.

Jules Vallety était fils de boulangers, Louise Antoinette Jamet et son époux Jean Baptiste Vallety, En 1892 il fut admis à l’École des Arts-et-Métiers d’Angers. Reçu en juillet 1896 au concours de piqueur du service municipal des travaux de Paris, il fut embauché en septembre et affecté à l’inspection des aqueducs.
il apparaît sous le pseudonyme de C. Papillon dans Les Temps Nouveaux de Jean Grave depuis 1898, pour annoncer des conférences et causeries. Il consacra notamment plusieurs causeries au « milieu libre » de Vaux à Essômes-sur-Marne (Aisne) ; il s’intéressa par exemple, en février 1902, au rôle de la femme dans cette colonie qu’il présenta comme « une tentative pratique du communisme ». Il y séjourna en juillet 1903.

Le dimanche 12 février 1899, Salle des Sociétés savantes, 28 rue Serpente, s’ouvrait avec le concours de Jean Grave et de Pierre Quillard le premier "cours libertaire d’éducation supérieure" organisé par le groupe L’Education Libertaire dont C. Papillon, qui demeurait 5 passage du Surmelin (20e arr.), était le secrétaire. Il fut ensuite le responsable, aux côtés de René Barué et de Rezeda, de la revue L’Education Libertaire (Paris, au moins 10 numéros du 15 juin 1900 à mars 1902 en plusieurs séries imprimées puis à l’autocopiste. Le groupe publia également au moins deux brochures : Contre la nature de Paul Robin (1901) et L’éducation pacifique d’A. Girard (1902).

Cette revue des Bibliothèques d’éducation libertaire fut suivie par L’Education Intégrale (Paris, au moins 13 numéros du 15 octobre 1903 au 15 décembre 1904) dont la rédaction était assurée par C. Papillon puis par H. Carene, revue à laquelle collabora entre autres Paul Robin et qui fut à partir de mars 1904 l’organe de la Ligue pour la défense de l’enfant. La revue s’arrêta sans doute à la suite de désaccords entre les rédacteurs. Toutefois une nouvelle série, sous la responsabilité de L. M. Schumacher, fut publiée en novembre 1906, mais n’eut qu’un seul numéro. C. Papillon fit à cette époque de nombreuses conférences et collabora également à divers titres de la presse libertaire dont L’Ennemi du peuple (Paris, 1903-1904) de E. Janvion, Le Flambeau (Vienne, 1901-1902) de G. Butaud et Régénération (Paris, 1896-1908) de Paul Robin.

Participant ou organisant une grande quantité de collectes, Papillon était notamment sensible à la situation des détenus. Il revendiquait son statut de scientifique. C’est en tant qu’adhérent au syndicat général des employés municipaux qu’il souscrivit en juin 1906 pour les familles des facteurs révoqués.

De 1905 à 1908, il se fit surtout le propagateur de l’espéranto par des cours et des conférences ; il était secrétaire du Grupo Liberecana Esperantista, 12 rue de l’Ancienne-Comédie à Paris. Les cours d’espéranto étaient délivrés dans plusieurs permanences libertaires ou lieux éducatifs à Paris ainsi qu’à la bourse du travail de Saint-Denis.
Sous le nom de Jules Vallety, il participait également à des organes internationaux en espéranto à vocation scientifique, comme en 1907 Internacia scienca revuo et Esperantista dokumentaro pri la Oficialaj historiaj.
En 1909 toutefois, il opta pour une nouvelle langue internationale, l’ido, une simplification de l’espéranto qui venait de se créer à l’initiative du Français Léopold Leau. Le groupe espérantiste fut dissout et remplacé par le Grupo libertarya idista, qui se mit à donner des cours depuis novembre 1909 à Paris et publia le journal Libereso depuis 1922, ainsi que des traductions de textes d’E. Armand. Le siège du groupe était au domicile de Papillon à Bobigny. Il donna en 1911 un cours d’ido à Joinville-le-Pont.

Dans sa polémique avec les partisans de l’espéranto traditionnel, Papillon soutint, dans l’hebdomadaire syndicaliste La Vie ouvrière en 1912 que, contrairement à ce que proposent certains, « une langue artificielle ne peut pas et ne doit pas devenir une langue vivante ». Il défendait en 1914 l’idée d’une langue auxiliaire.

Malgré sa myopie qui lui avait permis d’échapper au service militaire, il fut rappelé en 1914 et démobilisé en août 1919. Désormais ingénieur en titre, Vallety s’occupa principalement de l’éclairage public pour la ville de Paris. En février 1928, il devint chef de la circonscription d’aménagement du Parc des expositions puis, en janvier 1930, chef de la circonscription des concessions créée à la section de l’éclairage. Il prit sa retraite en mai 1931, étant alors âgé de 55 ans.

Entre les deux guerres, C. Papillon collabora à La Feuille (Saint Genis Laval, 1917-1939) de Jules Vignes et écrivit plusieurs articles en faveur de la langue internationale Ido dans L’Ordre naturel (Paris, 1920-1922) de Marcel Sauvage. Il demeurait alors à Paris 52 rue Petit (19ème arr.). Il diffusa en 1921 La Langue internationale, feuille trimestrielle. Il donna des cours à Emancipanta Stelo (Union Internationale des idistes d’avant-garde), rue de Bretagne à Paris (IIIe arr.) en 1923 et rouvrit un cours à la Bourse du Travail de la capitale en octobre 1934. Il fut aussi l’un des organisateurs du 14e congrès international de la langue ido tenue à Paris en août 1937.

Après la deuxième guerre mondiale, Papillon poursuivit l’animation du Grupo Libertaria Idista. Il fut également un fidèle soutien de la revue syndicaliste, fondée par Pierre Monatte, La Révolution prolétarienne, ses contributions financières étant mentionnées sous le double nom de Charles Papillon-Vallety.

Au début des années 1950, C. Papillon collaborait à la feuille Le Vieux Travailleur (Saint-Genis-Laval, 1951-1957) de Jules Vignes où il était sans doute le responsable des deux dernières pages rédigées en Ido sous le titre La Olda Laboristo.

Jules Vallety s’était marié à Toul en juin 1915. Auparavant, il avait eu une fille, Violette, née en 1903 Paris et mariée en 1931 avec Marcel Beynet.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156805, notice PAPILLON C. (VALLETY Jules, dit) [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Marianne Enckell, Benoit Willot, version mise en ligne le 23 février 2014, dernière modification le 9 avril 2020.

Par Rolf Dupuy, Marianne Enckell, Benoit Willot

SOURCES : Arch. dép. Paris (état-civil, recensements, registre matricule) — Journal officiel, quotidien, 1892-1925 — Bulletin municipal officiel, Paris, quotidien, 1892-1931 — Recueil des actes de la préfecture de la Seine, mensuel, 1915-1930 — Rapport Conseil municipal de Paris, 1898-1911 — Préfecture de la Seine, Direction du personnel, État général du personnel technique, 1919 — Liste générale alphabétique des anciens élèves des écoles nationales d’arts et métiers, Paris, 1900. — quotidiens en ligne (Gallica), 1892-1899 — Les Temps Nouveaux, années 1898 à 1909 — La Vie ouvrière, hebdomadaire, 1912 — Voix des communes, hebdomadaire, 1911/11/10 — L’Espérantiste, 1905 — Internacia scienca revuo, 1907 — Esperantista dokumentaro pri la Oficialaj historiaj, 1907 — Progreso, 1937-1938 — L’Unique, 1946/01 (N7) — Le Monde espérantiste, 1912 — La Mère éducatrice, mensuel, 1921/10 — Le Libertaire, année 1934 — Le Monde libertaire, 1954/10/01 — R. Bianco, "Un siècle de presse anarchiste...", op. cit. — Encyclopédie anarchiste, article Ido (non signé) — notes de Dominique Petit — site http://polmoresie.over-blog.fr/ consulté le 6 avril 2020.

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