Par René Bianco, Rolf Dupuy
Né le 5 novembre 1898 à Pierre-Bénite (Rhône), mort le 15 octobre 1987 à Lyon 3e arr.. Employé d’assurances ; militant libertaire ; résistant.
Engagé volontaire le 15 novembre 1915, Benoit Perrier avait été grièvement blessé le 14 mai 1916 dans la Somme, ce qui lui valut d’être réformé le 15 mai 1918 avec un taux d’invalidité de 65% et d’être titulaire de la Croix-de-guerre. Devenu pacifiste, il fréquenta alors à partir du début des années 1920 les milieux libertaires de Paris.
Collaborateur de la série quotidienne du Libertaire (4 décembre 1923-26 mars 1925), puis de l’organe individualiste L’Insurgé (Paris, 7 mai 1925 -août 1926) d’André Colomer*, il publia également quelques articles dans Le Combat (Bruxelles, 1926-1928) édité par C. Mattart* et Hem Day* et, aux côtés notemment de Léo Malet*, dans le Journal de l’homme aux sandales (Paris, 4 numéros de juin à septembre 1928) édité par Marcel Beloteau*. Secrétaire en 1926 du groupe antiparlementaire et membre de l’Association des Fédéralistes anarchistes (AFA), il collabora également à son organe La Voix Libertaire (Limoges, 1929-1939).
Dans les années 1930 il assura pour un temps la gérance de La Brochure mensuelle (Paris, 1923-1937) éditée par E. Bidault* et où il fut remplacé par Toutan. Il collabora également à Controverse (Paris, 11 numéros et un suppl., de janvier 1932 à novembre 1934) de Louis Louvet*. Il participa très activement aux campagnes menées par la Ligue Internationale des combattants de la paix (LICP).
A la veille de la guerre, il demeurait rue Truffaut (Paris 17e arr.) et travaillait pour la compagnie d’assurances suisse La Neuchâteloise. Lors de la débâcle il se trouvait dans l’ouest de la France et, après l’occupation du pays, parvint « sur un coup de culot » à passer en zone libre et à se fixer à Lyon en 1942 avec des échappées à Limoges, Valence, etc. : « là aussi, j’ai la chance de retrouver des copains anars : à Bordeaux, A. Lapeyre* par exemple, puis à Toulouse Juline Noël dit Romeo qui avait quitté Paris pour venir dans les Hautes Pyrénées retrouver Lagaillarde dit Lagardère, puis était revenu à Toulouse où il dirigeait les "ouvreuses" du Capitole. Et puis un jour, dans un petit restaurant, je retrouvai celui qui, en 1917, avait déclenché la révolte des marins de la Mer Noire pour refuser de tirer sur les Russes qui commençaient leur révolution : c’était Virgile Vuillemin*. Au moment où il voulait quitter Toulouse, n’ayant plus de travail, je lui en trouvai chez un de mes assurés et il resta donc à Toulouse… Après quelques rencontres et bavardages, j’embauchais des agents d’assurance qui ne voulaient pas partir en Allemagne pour y travailler pour le Führer… alors je suis entré dans la Résistance… » (témoignage du 22 août 1984). B. Perrier entra alors en contact avec Henri Deschamps, co-fondateur du Mouvement Franc-Tireur, et mit son domicile lyonnais – 18 rue Verlet Hanus – au service de la Résistance qui y entreposa tracts et journaux clandestins. Il y cacha également à plusieurs reprises des résistants auxquel il a établi des papiers d’identité.
A la Libération, B. Perrier cessa de militer activement. Toutefois, en décembre 1958, lors de la fondation de La Ruche culturelle et libertaire qui regroupait les Amis de Sébastien Faure, et les écrivains, artistes et conférenciers libertaires, il fut nommé au bureau de l’association. Dans les années 1980, il vivait retiré en Ardèche.
Par René Bianco, Rolf Dupuy
SOURCES : Bulletin du CIRA, Marseille, n°23-25, Témoignages…op. cit. — R. Bianco, Un siècle de presse anarchiste..., op. cit. — Compte rendus de La Ruche (Fonds May Picqueray, CIRA Marseille) — Libertaire, année 1926 — Trait d’union libertaire, n° 1, 1er janvier 1928. — Etat civil.