RAGON Michel [Dictionnaire des anarchistes]

Par Eric Coulaud

Né le 24 juin 1924 à Marseille, mort le 14 février 2020 ; écrivain prolétarien, poète, critique et historien d’art et d’architecture, compagnon de route de l’anarchie.

Après une enfance vendéenne et des petits boulots, Michel Ragon se passionna pour la littérature prolétarienne. De sa rencontre avec Henry Poulaille* et le mouvement libertaire naquit sa vocation d’écrivain et son engagement anarchiste. Autodidacte, il collabora à divers journaux comme Les cahiers du peuple dont il fut rédacteur en chef. Sa soif de connaissance l’amena à découvrir et fréquenter le milieu des peintres. Il devint critique d’art, membre du groupe Cobra en 1949. Il publia ses premiers romans autobiographiques : Drôles de métiers, Drôles de voyages.

Poulaille, travaillant au service de presse des Éditions Grasset, édita effectivement ses premiers textes et l’aida à fonder la revue Les Cahiers du peuple (1946) qui vint ainsi fédérer– après plusieurs années de dissension – les écrivains prolétariens. Sa rencontre avec Armand Robin* lui permit d’être introduit auprès du milieu anarchiste : il se lia rapidement avec le pacifiste Louis Lecoin et le célèbre historien du mouvement ouvrier Édouard Dolléans*, qui chercha à l’attirer, sans succès, vers un cursus universitaire. À ces amitiés, s’ajouta en 1947 celle de Maurice Joyeux*, libraire anarchiste du Château des brouillards, à Montmartre, qui sera à l’origine du Monde libertaire. Michel Ragon, à travers Maurice Joyeux à qui il venait apporter Les Écrivains du peuple tout juste publié, entama son compagnonnage avec la Fédération anarchiste, sans jamais avoir été adhérent. L’indépendance d’esprit dont il fit preuve le mena ainsi à débuter dès l’année suivante une carrière de critique d’art, proche du groupe COBRA, parallèlement à ses activités de poète (premier recueil de poèmes en 1952) et de romancier. Ces multiples engagements, que Ragon concilia non sans difficulté tout au long des années cinquante, furent cependant mal perçus par ses mentors libertaires, au premier rang desquels Henry Poulaille.

De 1954 à 1964, il fut bouquiniste sur les quais de la Seine à Paris. Il se passionna ensuite pour l’architecture et écrivit plusieurs ouvrages qui font toujours référence en la matière. Il réalisa également une nouvelle Histoire de la littérature prolétarienne en France (1974), puis des romans tel que Les mouchoirs rouges de Cholet (1983) qui rencontrèrent un vif succès.

Parmi ses très nombreux livres, on peut citer ceux qui ont un rapport direct avec l’anarchisme : La voie libertaire (Terre Humaine, 1991), La mémoire des vaincus (1990), Un si bel espoir (1998), Georges et Louise (2000), Dictionnaire de l’Anarchie, Albin Michel, 2008.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156826, notice RAGON Michel [Dictionnaire des anarchistes] par Eric Coulaud, version mise en ligne le 23 février 2014, dernière modification le 25 septembre 2020.

Par Eric Coulaud

ŒUVRES : voir la notice complète par André Derval.

SOURCES : notice complète par André Derval.

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