BONHOMME Gustave

Par Daniel Grason

Né le 19 mai 1882 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé le 23 octobre 1942 au camp de Souge à Martignas-sur-Jalle (Gironde) suite à une condamnation à mort ; vendeur, employé chez un antiquaire, brocanteur ; socialiste puis communiste ; résistant membre de Libération-Nord et du réseau Buckmaster.

Fils de Marie, née Heloch, lingère, Gustave Bonhomme fut légitimé lors du mariage de sa mère avec Louis Bonhomme le 12 juillet 1884 à Nantes. Sa mère quitta Nantes avec son fils pour Paris, Gustave Bonhomme vécut chez elle 10 rue du Maine (XVe arr.), puis 53 rue de l’Ouest (XIVe arr.). Il exerçait la profession de vendeur chez un fabricant d’appareils photographiques, puis entra comme apprenti chez un mécanicien. À dix-huit ans, il adhéra à la Lyre sociale de Plaisance dans le XIVe arrondissement, eut la garde de la bannière, devint le secrétaire ; il sympathisait avec les idées socialistes. Le commissaire de police de la 3e brigade, dans un rapport du 28 décembre 1900, le qualifiait ainsi : « Bonhomme professe des opinions socialistes révolutionnaires. » Il donnait son signalement : « Taille 1 m 65 environ ; corpulence mince ; figure maigre ; teint pâle ; cheveux châtain moyen ; vêtu d’un veston avec pantalon gris-clair et d’un pardessus foncé ; coiffé d’un chapeau mou à larges bords. »
Le 3 juillet 1903, Gustave Bonhomme épousa Georgette Laroze en mairie du XIVe arrondissement. Il était membre du conseil d’administration du syndicat général des garçons de magasin, cochers, livreurs du département de la Seine. Membre du Parti socialiste, il demeurait 60 rue Mouton-Duvernet, et fut candidat aux élections municipales de 1919 dans le quartier du Petit-Montrouge dans le XIVe arrondissement. Le 6 novembre, l’Action française devait tenir sa réunion dans le préau de la rue Boulard. Les militants et sympathisants socialistes occupèrent la salle et tinrent un meeting sous la présidence de Gustave Bonhomme. Il assura plusieurs réunions contradictoires dans les préaux d’écoles. Il demandait que la Ville de Paris ne soit plus placée sous la tutelle de l’État, affirmait que si le Parti socialiste devenait majoritaire au conseil municipal, les questions du gaz, de l’électricité, des transports et des loyers dans les Habitations à loyers modérés seraient mieux traitées. Il proposait la suppression de l’octroi et revendiquait l’enseignement gratuit pour tous. « Seul les candidats socialistes s’occuperont de la classe ouvrière » martelait-il. La dernière réunion se tint le 5 décembre 1919 devant quatre cents participants qui se séparèrent aux cris de « Vive la République Sociale ! » Au second tour, trois candidats restaient en lice. Gustave Bonhomme fut battu par Delsol, candidat du Bloc national.
Après le congrès de Tours, il adhéra au Parti communiste, au sein de la 14e section, 31 rue de la Tombe-Issoire. Début décembre 1921, lors d’une réunion interne, il intervint sur la loi sur les loyers. En 1922, Gustave Bonhomme anima la campagne pour la réélection de Louis Badina, mutin de la mer Noire, invalidé et emprisonné, en mars. Badina fut réélu. Il prit ses distances avec le Parti communiste, travailla chez un antiquaire au 4 rue de la Paix (IIe arr.) où il était chargé des achats de meubles et objets anciens en province et à l’étranger. Il semblait selon une note de la police de mai 1928 « avoir abandonné le Parti communiste ».
Pendant la guerre, il demeurait au 59 rue Bonne-Garde à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), était membre du mouvement Libération-Nord et du réseau Privet de Maurice Buckmaster. Gustave Bonhomme fut arrêté le 4 mars 1942 par la Sipo-SD, police de la sécurité et du renseignement de la SS sur le territoire français pour « propos gaullistes ». Il aurait également favorisé la fuite d’un soldat anglais.
Incarcéré au fort du Hâ, jugé le 27 juillet 1942 par le tribunal de la Feldkommandantur 529 de Bordeaux, il fut condamné à cinq ans de prison. Le commandement militaire pour la France (MBF) cassa le jugement. Envoyé à Paris, il comparut le 6 octobre 1942 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) et fut condamné à mort pour « espionnage ». Transféré et interné au camp de Souge à Martignas-sur-Jalle (Gironde), il y fut passé par les armes le 23 octobre 1942 en même temps que Stéphan Hampels.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157007, notice BONHOMME Gustave par Daniel Grason, version mise en ligne le 22 février 2014, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 2297. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J. — L’Humanité, 29 octobre 1919, 8 novembre 1919, 7 décembre 1919. – Comité du souvenir des fusillés de Souge, Les 256 de Souge, op. cit. – Site Internet Souge. – État civil, Nantes.

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