DJEDDI Moussa [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 29 janvier 1906 à El-Kouahi dans le Sud constantinois (Algérie) ; écrivain public, cheminot puis comptable ; syndicaliste CGTU et communiste de Aïn-el-M’Lila (Sud constantinois).

Né dans une famille paysanne ruinée et qui a de nombreux enfants, Moussa Djeddi suit ses parents dans la petite ville voisine d’Aïn-el-M’Lila où ils s’installent pauvrement en travaillant à l’hôpital. Il est l’aîné et ne va à l’école indigène qu’à neuf ans en 1915. Ses instituteurs « bons républicains démocrates aux idées avancées », lui font lire non seulement Victor Hugo, mais aussi George Sand et Zola, et obtenir le Certificat d’études et le poussent vers le Cours complémentaire à Constantine. Son frère plus jeune, Seddik Djeddi, n’aura pas cette chance et arrêtera avant le certificat d’études. À M’Lila il fait connaissance avec des militants communistes du bâtiment, un maître-maçon, Alexandre Avril* et un maçon italien ; il boit leurs histoires parlant de Lénine et des mutins de la Mer Noire.

Fiché pour ses « idées antifrançaises », catégorie policière automatique, il dit avoir été écarté du concours d’entrée à l’École Normale de La Bouzaréah à Alger ; en 1924, il devient greffier auxiliaire à Aïn-el- M’Lila et fait l’écrivain public tout en faisant de l’agitation communiste. En 1930, il entre aux Chemins de fer et est rattaché à la gare de Batna ; il devient secrétaire du syndicat CGTU des temporaires des Chemins de fer.

En 1935-1936, il revient à Aïn-el- M’Lila et travaille comme comptable dans une quincaillerie. Seddik Djeddi, son frère qu’il a éveillé au militantisme, ouvre de son côté une épicerie et passant de l’ENA (Étoile nord-africaine) au PPA (Parti du peuple algérien), et va devenir le principal responsable local du parti messaliste. Participant au mouvement de Front populaire aux côtés d’Alexandre Avril, diffusant la Lutte sociale, Moussa Djeddi prend part en octobre 1936 à Alger au congrès constitutif du PCA (Parti communiste algérien). C’est la mise en place des premières cellules dans cette région d’oasis avec Abdallah Demène-Debbih* qui est membre du Comité central.

De 1940 à 1943, M. Djeddi est interné au camp de Djenien-Bou-Rezg. En 1945, tout en restant membre du PCA, il se tient à l’écart, d’autant qu’Amar Ouzegane* entend couper toutes les relations avec le PPA qu’il dénonce comme hitlérien. Pour sa part, il reste en bons termes avec les nationalistes du PPA-MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), se sent proche de Maurice Laban*, qui est sur l’oasis de Biskra et lui aussi en suspicion, et a des contacts avec Sadek Chebchoub* formé au PCA et avec les Résistants des Aurès. Au titre du PC, il s’en tient à être président du Comité d’initiative d’Aïn M’Lila pour la libération des détenus de Mai 1945. Il est aussi secrétaire de l’Union locale CGT en relation avec Lakhdar Kaïdi* qui est à Mila. Il ouvre ensuite un café à Aïn M’Lila qui est un centre d’agitation et de lecture ; il est dépositaire d’Alger républicain.

Dans ses positions sur la question nationale, il se sent soutenu par l’instituteur influent Paul Estorges* et par les communistes de Batna. Dès l’entrée en action du maquis des Aurès, il pratique l’assistance en ravitaillement, relais avec Constantine. Arrêté en septembre 1956, il passe par les camps de détention de l’Oranais, libéré en 1959 à cause de son âge. Après l’indépendance, il deviendra avant retraite fonctionnaire au Service de l’Hydraulique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157052, notice DJEDDI Moussa [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 24 février 2014, dernière modification le 5 octobre 2022.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Nat. Outre-mer, Aix-en-Provence, 9H20. — Liberté et témoignage recueilli par A. Taleb-Bendiab. — B. Stora, Dictionnaire biographique des nationalistes algériens, op. cit.

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