BARJON Germaine [née FERRAZZINI Germaine]

Par Claude Pennetier

Née le 23 avril 1906 à Genève (Suisse), morte début février 1997 à Paris ; secrétaire ; militante communiste de Paris ; conseillère municipale de Paris de 1948 à 1965.

Germaine Barjon.
Germaine Barjon.

Le père de Germaine Ferrazzini était athée, pacifiste et hostile au vote. Elle fréquenta le patronage de la Libre pensée. Elle se maria en 1927 avec Joannès Barjon, un ouvrier typographe puis cheminot, « anarcho-syndicaliste » dit-elle, membre de la CGTU et lecteur de l’Humanité. Elle gagnait un peu d’argent en donnant des leçons de piano mais son mari refusa qu’elle en fasse sa profession au détriment de la « maison » et de la préparation de la « soupe ».

Employée de bureau dotée d’une instruction supérieure, elle écrivit, en 1932, à Henri Barbusse* pour lui demander conseil sur l’engagement des femmes contre la guerre. Il lui envoya une liste d’organisations féminines et elle choisit l’Union des femmes contre la guerre et la misère, alors dirigée par Antoinette Gilles. Elle créa un groupe de trente personnes. Avec son mari, elle se rendit au congrès d’Amsterdam contre la guerre. Elle forma également un comité des Amis de l’Union soviétique (AUS).

Germaine Barjon était, en 1934, présidente de l’Union départementale de Haute-Savoie des femmes contre la misère et la guerre. Le Parti communiste lui proposa de participer à une délégation en URSS pour le 8 mars 1934, comme « femme de cheminot ». Elle accepta malgré l’opposition de son mari qu’elle quitta à son retour. Nouvelle adhérente du Parti communiste, en mai de cette année, elle fit une tournée de conférences sur le thème « Ce que j’ai vu en Russie ». Fin 1935, elle avait formé quinze sections en Savoie. Installée à Lyon en 1936, elle entra au bureau national des AUS et fut permanente. Bonne oratrice, elle apprit à porter la contradiction aux trotskystes (témoignage recueille par Jacqueline Tardivel).

Au siège de l’ARAC, à Lyon, elle fit la connaissance d’un professeur de lettres d’origine indochinoise Huyng-Kuhong An, qui devint son compagnon. Un fils naquit à Marseille vers 1937 qui sera confié aux grands-parents à Genève. Elle partit à Nice, Bordeaux, La Rochelle, Le Havre, puis finalement à Paris.

Elle était en 1939, permanente des Amis de l’URSS et membre du secrétariat national auprès de Fernand Grenier*.

Agent de liaison de Gaston Auguet elle perdit son compagnon Huynh Kuong, fusillé à Châteaubriant le 22 octobre 1941. Germain Barjon travailla pour l’OS en zone Nord et en zone Sud, créa des groupes clandestins dans le Cher, la Nièvre et sur Paris, suivit l’appareil d’impression et de distribution des tracts et journaux et assura leur transport entre les deux zones. Ainsi, c’est elle qui fit passer le manifeste appelant à la création du Front national à Marcel Cherrier, fondateur du Front national de lutte pour l’indépendance national dans le Cher. Dénoncée par un certain Oursel (dont elle dit qu’il fut abattu par la Résistance fin 1943 ou début 1944), elle fut arrêtée le 18 juin 1941 à son domicile clandestin par la police française et condamnée pour infraction à l’interdiction du Parti communiste et utilisation d’une fausse carte d’identité. Elle séjourna dans les prisons de La Roquette, de Fresnes puis de Rennes à partir du 17 octobre 1941. Un rapport en clair adressé au comité central du Parti communiste par l’organisation clandestine des détenues ayant été saisi par la police, les « meneuses » furent transférées le 26 mars 1943 à Châlons-sur-Marne. Déportée en mai 1944 à Ravensbrück puis à Zwodau (Tchécoslovaquie), elle fut rapatriée le 25 mai 1945.

Son action de résistance fut homologuée au titre du Front national, comme sergent, du 1er juin 1941 au 25 mai 1945.Elle reçut la Croix de guerre et la Légion d’honneur.

Après la Libération, domiciliée dans le IIe arr., Germaine Barjon fut présentée par le Parti communiste au conseil municipal de Paris (4e secteur, IIe arr.) et élue de 1948 à 1965. Elle fut secrétaire de la FNDIRP.

Elle avait épousé André Arnaud, collaborateur du comité central du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15720, notice BARJON Germaine [née FERRAZZINI Germaine] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 10 décembre 2018.

Par Claude Pennetier

Germaine Barjon.
Germaine Barjon.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13028, année 1934. — Presse locale d’après guerre. — Notes de Corinne Jaladieu, Philippe Nivet et Jacqueline Tardivel —L’Humanité, 3 février 1997.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 141.

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