SAURI Joseph, nom communément écrit SAURY, [Pseudonyme dans la Résistance : Alex]

Par Georges Sentis

Né le 25 novembre 1918 à Narbonne (Aude), fusillé le 11 juillet 1944 à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) après condamnation par une cour martiale de Vichy ; ouvrier agricole ; militant communiste (JC puis PC) ; membre des FTPF perpignanais.

Joseph Sauri était né à Narbonne à la "campagne" (domaine agricole) Revel. C’était le fils de fils de Joseph, Isidore, François Sauri, cultivateur, et de Dolorès, Françoise, Louise Roca, ménagère, tous deux âgés de vingt-six ans en 1918. Son père était (d’après l’acte de naissance de Joseph Sauri) natif de Massanas, sans doute la commune de Maçanet Maçanes (province de Gérone, Catalogne, Espagne). Le plus souvent, dans la plupart des documents écrits (articles ou ouvrages historiques, monument commémoratif de la Madeleine), son patronyme est orthographié par erreur "Saury".

Au début des années 1920, la famille s’installa à Perpignan (Pyrénées-Orientales) et le père y travailla comme ouvrier agricole. À la fin de ses études primaires, Joseph Sauri alla travailler à la briqueterie Chefdebien de Perpignan. Il y fit la connaissance de Jean Gispert, un des responsables de la Jeunesse communiste (JC) ; il adhéra à la JC lors de la grève de 1936.
Il effectuait son service militaire quand la guerre éclata. Fait prisonnier en juin 1940, il s’évada, mais fut repris. Une seconde tentative réussit et, courant 1942, il était de retour à Perpignan. Mais en situation illégale, il vécut clandestinement en travaillant au noir comme ouvrier agricole.
Ayant repris contact avec Jean Gispert, il entra aux Francs-tireurs et partisans français (FTPF) que |Fernand Cortale->20693] et Georges Delcamp étaient en train d’implanter à Perpignan au cours de l’hiver 1942-1943.
Sous le pseudonyme d’« Alex », il fut affecté au groupe no 2 du détachement Valmy de la 1re compagnie. Il participa à de nombreuses actions, allant de la distribution de tracts à des sabotages les plus divers.
Le 24 mai 1944, Joseph Sauri, Roger Menuisier et Pierre Stoll attaquèrent un employé qui transportait de l’argent de la Trésorerie générale (au centre de Perpignan) à la Banque de France. Deux policiers en civil qui assuraient la protection du convoyeur tirèrent, blessant Pierre Stoll. Alertés par les coups de feu, plusieurs Allemands sortirent du Soldatenheim situé à proximité et participèrent à l’arrestation de Roger Stoll. Roger Menuisier et Joseph Sauri réussirent à s’enfuir et retrouvèrent Gabriel Hispa, chargé, avec Paul Dinnat de protéger leur repli, près du monument aux morts, situé à proximité de la Trésorerie générale. Tous trois s’engouffrèrent dans une voiture du centre hospitalier pilotée par Pierre Auriol. L’enquête menée par la police judiciaire aboutit dans un premier temps aux arrestations de Pierre Auriol, Gabriel Hispa, Roger Menuisier et Joseph Sauri, puis à la découverte du dépôt de matériel des FTPF perpignanais, enfin à l’arrestation du docteur Durrieu de Madron, du pharmacien Armand Estève, de Jacques Figuères et de Thérèse Bobo.
Livrés aux autorités allemandes, les cinq FTPF furent internés à la citadelle de Perpignan puis transférés à Montpellier, où ils furent mis à la disposition de la police française. La cour martiale qui les jugea, le 11 juillet 1944, siégea à l’intendance de police de la ville.
Condamnés à mort, ils ont été fusillés le jour même par un peloton des Groupes mobiles de réserve (GMR) au stand de tir de la Madeleine, commune de Villeneuve-lès-Maguelone. L’acte de décès fut cependant enregistré à l’état civil de Montpellier.
Leurs corps furent inhumés à Perpignan le 27 septembre 1944. Leur enterrement – y compris l’absoute en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, à laquelle eurent droit ces communistes ou sympathisants – donna lieu à une imposante cérémonie à laquelle participèrent le préfet Jean Latscha et Félix Mercader, le maire de Perpignan.
Homologué sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), Joseph Sauri fut élevé, à titre posthume, au grade de chevalier de la Légion d’honneur.
Une place d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) porte son nom (orthographié "Saury"). Son nom ("Saury") est gravé sur les deux monuments érigés sur le champ de tir de la Madeleine et à proximité de ce dernier, à la mémoire des quinze fusillés par les GMR ou les Allemands entre le 14 mars et le 11 juillet 1944.

Voir : Lieu d’exécution de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157201, notice SAURI Joseph, nom communément écrit SAURY, [Pseudonyme dans la Résistance : Alex] par Georges Sentis, version mise en ligne le 4 janvier 2016, dernière modification le 11 juin 2022.

Par Georges Sentis

SOURCES : DAVCC, Caen, 21 P 43726. — Georges Sentis, Les communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales, t. II (novembre 1942-août 1944), t. III (Biographies), Lille, Éd. Marxisme-Régions, 1985 et 1994. — Jean Larrieu, Chronologie des années noires, Revista Terra Nostra, no 89-90, 1994. — Raymond Gual, Jean Larrieu, Documents, photos, presse... De la Résistance à la Libération, Revista Terra Nostra, no 93-94-95-96, 1998. — État civil. — Courriel de Danièle Arnaud, 5 mai 2017. — Notes de Danièle Arnaud, André Balent et Barbara Bonazzi.

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