SUBSOL Roger, Joseph [Pseudonyme dans la Résistance : Phoebus]

Par Jean-Pierre Ravery

Né le 26 mars 1912 à Albi (Tarn), fusillé par condamnation le 13 mai 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ingénieur en TSF ; résistant, chef du service radio Confrérie Notre-Dame (CND).

Roger Sobsol appartenait à la promotion 1932 de l’École des Arts et métiers de Paris. Ingénieur ès-transmissions sans fil, Roger Subsol prit la tête du service radio du réseau du colonel Rémy, la CND, lorsque Pierre Julitte, se sentant « brûlé », rentra à Londres, en février 1942. Il habitait à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine). Il était rétribué six mille francs par mois par le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), « un salaire qu’il aurait reçu de n’importe quel employeur », précise le colonel Rémy dans ses Mémoires. Son pseudonyme était « Phoebus ».
Le contre-espionnage allemand avait fait une priorité de la lutte contre les radios adverses et y avait affecté d’importants moyens de détection goniométrique. En mars 1942, Roger Subsol fut surpris en pleine émission à Chatou (Seine-et-Oise, Yvelines), au domicile de Marcel Simon, l’une des maisons-refuges utilisées par les « pianistes » du réseau (les autres se trouvaient à Gien et Montargis [Loiret] et à Reims [Marne]). Les indications contenues dans son carnet et les nombreuses précisions qu’il allait fournir à ses interrogateurs conduisirent aux arrestations, le 22 ou le 25 mars 1942, de tous les radios du groupe Cholet et de Roger Dumont.
Il fut incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), inculpé d’espionnage et jugé un an plus tard (délais habituels pour des agents de communication car la Gestapo pouvait à tout moment les interroger à nouveau) avec treize autres membres de la CND par le tribunal de guerre siégeant à l’hôtel Crillon, attaché au commandant militaire de Paris (ou, selon les sources, par le tribunal FK 887 d’Angoulême, Charente). L’un de ses amis nommé Geng, qui lui avait fourni un émetteur ondes courtes, fut acquitté, faute d’avoir « pu prouver qu’il en connaissait la destination », précisa le major Seudler, président du tribunal. Un autre, Crémailh, qu’André Cholet avait réussi à mettre hors de cause fut condamné à une année de prison, que couvrait la période de détention préventive.
Douze peines de mort furent prononcées le 9 avril 1943. « Nous venons de juger une des plus importantes affaires d’espionnage, déclara le juge militaire allemand. Elle nous a coûté un matériel immense et a causé la mort de nombreux soldats allemands. Il est juste que les peines prononcées soient sévères. » Roger Subsol a été fusillé le 13 mai 1943 au Mont-Valérien.
« Nos camarades tombèrent tous en braves, y compris Phoebus alias Subsol, qui avait été responsable de leur arrestation et à qui ils avaient pardonné avant de mourir », a cru pouvoir écrire le colonel Rémy dans ses Mémoires.
Roger Subsol a été inhumé dans le carré des fusillés du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), fosse 47, ligne 2 n°54. Son corps a été transféré au cimetière de Bayonne, le 8 octobre 1947.
Il a été reconnu Mort pour la France par le Secrétariat général aux Anciens combattants en date du 18 avril 1945.
Le nom de Roger Subsol figure sur le monument des morts en déportation et des fusillés en 1939-1945 (154 noms) de Courbevoie et sur le monument-cloche du Mont-Valérien.


Dernière lettre. Orthographe d’origine.
Fresnes le 13 mai 1943
 
Cher Papa
Je vous demande à tous beaucoup de courage pour recueillir la nouvelle dont tu te doutes en voyant le début de cette lettre.
Pour moi tu vois que je ne tremble pas trop car j’ai fait le sacrifice de ma vie à la France c’est pour cela que vous devez être fort et fiers.
Mon seul regret est de vous causer cette grande peine sur la fin de vos jours que vous auriez pu vivre calmement.
Mais nous ne nous quittons pas tout à fait car nous nous retrouverons tous au ciel.
Je vous demande encore une fois d’embrasser pour moi toutes les personnes qui m’ont assisté depuis mon arrestation Touton, Madeleine, Suzon et tous les parents.
Je n’ai pas autre chose a vous dire en vous embrasse tous bien fort.
Rendez vous après du bon dieu au Ciel.
Votre petit
Roger
Je pars en ayant communié
 
Copie : l’original est resté entre les mains de Mr Subsol, son père

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157204, notice SUBSOL Roger, Joseph [Pseudonyme dans la Résistance : Phoebus] par Jean-Pierre Ravery, version mise en ligne le 27 février 2014, dernière modification le 17 janvier 2022.

Par Jean-Pierre Ravery

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Rémy (Colonel), Mémoires d’un agent secret de la France libre, Éd. Aux Trois Couleurs et Raoul Solar, 1946. – Site Internet Mémoire des Hommes. — Note de Philippe Cibard. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).

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