BARJON Joannès

Par Jean-Michel Steiner

Né le 25 septembre 1897 à Mornant (Loire), mort à Saint-Galmier (Loire) le 11 juillet 1951 ; typographe ; militant syndicaliste CGTU et CGT ; militant communiste, militant du Secours Rouge International et des Amis de l’URSS ; interné puis déporté à Buchenwald.

Fils de Gabriel, cantonnier - cultivateur et d’Anna Mivière, institutrice laïque, il était le dernier d’une fratrie de quatre. Il fréquenta l’école primaire jusqu’à l’âge de 13 ans puis appris le métier de typographe à Saint-Étienne où il resta jusqu’à son incorporation.

Affecté le 4 septembre 1917 au 13è Escadron du Train des Équipages à Montbrison, réformé dès le 27 novembre, Joannès Barjon revint alors à Saint-Étienne où il travailla à la maison Wolf pendant un an. Il fut ensuite embauché à la SADAC à Bellegarde (Ain), puis dans deux imprimeries de Haute Savoie : à Ambilly et dans l’entreprise Fauraz d’Annemasse où il demeura jusqu’en 1933.

Le 22 juillet 1927, il épousa à Annemasse Germaine Romilda Ferrazzini Germaine Barjon Sa femme le décrit comme un « anarcho-syndicaliste qui milite à la CGTU ; il est [...] contre les partis mais il lit l’Humanité ». Son mari, « en bon anar » dit-elle, ne voulait pas qu’elle exerce une profession. Il entra en conflit avec elle lorsqu’elle fut invitée, à se rendre en URSS pour la journée du 8 mars 1934. Germaine Barjon divorça et se remaria avec un responsable communiste.

Membre du syndicat du Livre depuis 1921, secrétaire du syndicat du Livre d’Annemasse de 1923 à 1934, Joannès Barjon fut aussi secrétaire de l’UL-CGTU d’Annemasse (Haute-Savoie) de 1929 à 1934, Jean Hugon en étant le trésorier. Il fut délégué au 3e comité national du Livre-Papier CGTU, 23-25 avril 1926. Il revint à Saint-Étienne en mars 1934, pour être embauché à l’imprimerie Chaudun où il demeura jusqu’au 20 mars 1940.

Après son arrivée à Saint-Étienne, il s’engagea dans le Secours Rouge International et dans le Comité Amsterdam Pleyel. Mais c’est surtout dans l’Association des Amis de l’URSS de la Loire, dont il fut le secrétaire fédéral de 1935 à 1939 qu’il joua un rôle important. Il organisa de nombreuses conférences et projections cinématographiques, contribua à créer des sections dans les plus grandes entreprises de Saint-Étienne (Manufacture nationale d’Armes, Leflaive, Chaléassière, Barrouin, Marais), dans les quartiers ouvriers (Côte Chaude, Soleil, Villeboeuf, La Rivière, Carnot). Il réussit même à essaimer sur presque tout le territoire du département en créant 24 sections communales. Il organisa la diffusion dans les communes industrielles de l’hebdomadaire Russie d’Aujourd’hui.

En 1936, Joannès Barjon devint membre de la commission exécutive de l’UD tout en étant membre du Comité de la région PCF Loire, Haute Loire. Il écrivit plusieurs articles dans Le Cri du Peuple, organe communiste hebdomadaire de la région stéphanoise.

Il fut arrêté le 20 mars 1940. Le commissaire Delattre qui l’interrogea le 26 avril, écrivit dans son rapport au préfet : « À la dissolution du parti communiste, il resta du côté des irréductibles, ne désavouant pas le pacte germano-russe, et se livra à une active propagande de “bouche à oreille”. C’est un élément particulièrement dangereux, un technicien de la préparation des mouvements révolutionnaires et il est considéré comme tel pas le parti communiste ».

Radié de l’affectation spéciale par le préfet, Joannès Barjon fut envoyé dans différents camps d’internement : à Saint-Angeau, le 27 mai 1940 (Cantal), à Carpiagne (Bouche-du-Rhône), à Chibron (commune de Signes, Var). À la dissolution de ce camp, il fut transféré à Fort-Barraux (Isère) où il arriva le 15 février 1941. Le 7 janvier 1944, il était interné au camp de Saint-Sulpice la Pointe (Tarn). Déporté le 30 juillet 1944, il arriva le 6 août à Buchenwald (Allemagne) et fut affecté au Kommando de Weferlingen. Il rentra en avril 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15721, notice BARJON Joannès par Jean-Michel Steiner, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 7 septembre 2021.

Par Jean-Michel Steiner

SOURCES : Arch. Nat. F7/13041, rapport du 4 mai 1932, F7/13085, F7/13754, rapport du 14 février 1924. — Le Socialiste savoyard, 5 novembre 1932, 6 janvier 1934. — Mémorial de Buchenwald, Dora et Kommandos, édité par l’Association française Buchenwald, Dora et Kommandos, 1999. — Note de Jean-Pierre Besse et Claude Pennetier. — Arch. Dép. Loire : État-civil de Mornand, 3 E 152_11, Naissances, 1881-1898 ; recensements : 6 M 172, 1901 ; 1 R 1707, classe 1917, circ. Montbrison, matricule n° 666 ; 4 M 589, menées anti nationales : notices individuelles, radiations de l’affectation spéciale, rapports de police, internements administratifs, A-B, 1940-1944. – Arch. Mun. Saint-Étienne : 1 K 24, liste électorale 1939.
BIBLIOGRAPHIE : Forissier Nathalie, La déportation dans la Loire. 1940-1944, Saint-Étienne, PUSE, 2005, 199 p. — Luirard Monique, La Région stéphanoise dans la guerre et dans la paix (1936-1951), Saint-Étienne, PUSE - CIER/SR, 1980.

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