BARNE Victorien, Adrien

Par Claude Pennetier

Né le 6 août 1900 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; instituteur ; militant communiste de la Seine ; secrétaire général du Syndicat unitaire de l’enseignement de la Seine, membre de la commission exécutive de la CGTU (1929-1935), secrétaire de la Minorité oppositionnelle révolutionnaire (MOR) ; secrétaire du Front populaire dans le XIIe arr. de Paris ; pendant l’Occupation, secrétaire adjoint de l’Union de l’Enseignement d’esprit RNP.

Son père, Adrien Barne, cheminot au PLM, était franc-maçon à la loge d’Avignon (Vaucluse) et devint secrétaire d’un comité Paix et liberté ; sa mère, Marie-Rose Devire, était ménagère. Élève à l’École normale d’instituteur d’Auteuil en 1918, Victorien Barne adhéra aux Étudiants socialistes révolutionnaires. Après le service militaire d’octobre 1920 à octobre 1922, sergent au 94e RI à Bar-le-Duc (Meuse), il commença à exercer dans l’enseignement à la rentrée 1922 à Alfortville (Seine, Val-de-Marne), à l’école Victor Hugo qu’il quitta en 1924. Il épousa le 29 décembre 1924 à Paris, Jeanne, Léontine Vialette, couturière, née le 14 avril 1894 à Paris, XIe arr., fille d’ouvrier doreur qui militait à l’ARAC. Elle-même fut sympathisante du Parti communiste et membre des Amies de l’enfance malheureuse du XIIe arr.

Victorien Barne adhéra au Parti communiste en avril 1923, 12e section, sous l’influence de militants du syndicat unitaire de l’enseignement, particulièrement d’Antoine Jouveshomme qui s’éloigna du PC en 1928. Instituteur à l’école communale de garçons, 129, rue des Boulets à Paris dans le XIe arr., militant communiste actif, il fut élu en 1925 au comité du 2e rayon du PC (XIe arr, XXe, Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Bagnolet) où il se fit rapidement remarquer comme orateur et comme organisateur Marthe Potosniak le chargea de la liaison avec la 4e Entente des Jeunesses communistes pour prendre en charge les groupes de Pupilles. Il semble que, conformément à la position du Parti, il se soit opposé à la création de cellules d’élèves au sein des écoles et soit ainsi entré en conflit avec la Fédération des Jeunesses : lui-même était dans sa classe d’une parfaite neutralité, même s’il ne cachait pas, loin de là, au-dehors, l’ardeur de ses convictions politiques. Secrétaire en 1927 de la cellule 355 (PTT) rue Mercœur, XIe arr., dépendant du 2e rayon, il collaborait régulièrement à l’Humanité, faisait partie de la commission syndicale centrale du Parti communiste et militait aussi à la 12e section de la Fédération des locataires (secrétaire adjoint, alors que Julien Taillard était secrétaire) et à la 12e section de l’ARAC. En 1993, il demanda sa mutation politique dans la XIIe arr. où il fut secrétaire politique de la section. Il écrivit en 1933 : « J’ai combattu l’influence qu’avait eue Souvarine dans le 12e, en luttant contre Marthe Bigot. Plus tard j’ai combattu Treint, en particulier sur le plan syndical. J’ai en outre lutté contre l’influence de Garchery, Taillard*, Castellaz, ainsi que contre l’influence de Jeanne Buland. »

Dans son autobiographie de 1933, Barne commentait avec modestie son instruction politique : « Je n’ai jamais lu une œuvre entière de Marx et Engels, mais des extraits de leurs œuvres. J’ai lu la Maladie infantile. » Dans son autobiographie de 1937, il signalait la qualité de son instruction politique : « Je me suis instruit moi-même en lisant la plupart des livres et brochures publiées par les ESI, le CDLP etc. Dès l’école normale, j’ai commencé mon instruction politique. J’ai lu la plupart des ouvrages de Marx, Engels, Lénine, Staline publiés en français, en prenant de nombreuses notes. Je crois posséder actuellement une certaine expérience du travail de propagande (j’ai fait à une certaine époque des articles sur l’Enseignement dans l’Humanité, j’ai rédigé de nombreux tracts et journaux de propagande). [...] Je lis régulièrement les Cahiers du Bolchevisme et par intermittence la Correspondance internationale et l’IC. »

En août 1926, il fut élu par le congrès de Grenoble au bureau de la Fédération unitaire de l’enseignement ; chargé de la propagande - il était l’un des rédacteurs de son journal, Les Semailles, il assurait également la liaison avec le Cartel des Fonctionnaires au CE auquel il appartenait ; il fut le principal rapporteur du projet de traitement unique adopté par la Fédération et joua en 1927 un rôle important dans la diffusion de son Manuel d’Histoire. Réélu par le congrès de Paris en 1928, il ajouta à ses responsabilités anciennes celle des relations avec l’administration centrale et la CGTU : l’année suivante d’ailleurs, il entra à la commission exécutive confédérale et y demeura jusqu’à l’unité, en 1935.

Membre de la commission exécutive de l’Internationale des travailleurs de l’enseignement, il fut trésorier de sa caisse de solidarité.

Il fut candidat du PC aux élections municipales de 1935 dans le XIIe arr. (Quinze-Vingt) et obtint 1 818 voix sur 10 651 inscrits contre le conseiller sortant socialiste André Le Troquer réélu au second tour. Il habitait alors 58, avenue Daumesnil (loyer annuel 1 200 F) après avoir occupé au 260, même avenue, XIIe arr. une chambre d’un loyer annuel de 450 F. Il était secrétaire de la section communiste du XIIe arr. en 1939.

Mais, entre-temps, il était devenu minoritaire dans le conflit qui opposait la fédération à la confédération ; en mai 1929, il fut le seul membre du conseil fédéral à s’abstenir sur l’envoi d’un télégramme d’offre d’unité au congrès de l’enseignement cégétiste ; au congrès de Besançon, en août, il n’accepta sa réélection qu’en cas d’accord de la CGTU, ses positions ayant été mises en minorité. Le 29 novembre 1929, il évoquait dans l’Humanité les « renégats de l’enseignement ». Désormais, il fut à la fédération l’un des leaders les plus actifs de la Minorité oppositionnelle révolutionnaire (MOR) qui regroupait les militants communistes (« à partir de fin 1929, secrétaire de la fraction communiste de la FUE », autobiographie de 1933) et partisans de la direction confédérale ; c’est à son titre qu’il siégea désormais au conseil fédéral de 1932 à 1935 (voir Jean Salducci et Marcel Valière) malgré un très vif incident au congrès de Reims, en 1933, après avoir lacéré des exemplaires de La Vérité et un portrait de Trotsky (« J’ai toujours combattu les trotskistes que je considère comme des agents du fascisme international », autobiographie de 1933), et bien qu’il siégeât comme suppléans depuis 1930, contre l’avis fédéral, au comité exécutif des Travailleurs de l’Enseignement où il s’occupait de la caisse de solidarité. Il était également responsable du Travailleur de l’Enseignement, organe mensuel de la Minorité fédérale de l’enseignement, membre de la CE de la 20e Union régionale de la CGTU et secrétaire général du syndicat unitaire des membres de l’enseignement laïque de Seine et Seine-et-Oise. Ajoutons qu’il siégea à la commission centrale municipale du Parti communiste dans les années trente, pour y suivre les questions de l’enseignement.

Victorien Barne fut déplacé à trois reprises dans des écoles des XIe et XIIIe, puis à l’école de la rue Fontaine au Bois (XIe) pour son action militante et subit la peine de censure, dernière sanction avant la révocation.

Mobilisé le 26 août 1939 avec le grade de sergent-chef, fait prisonnier en mai 1940, il fut libéré le 19 juillet 1941 à Charleville (Ardennes).

Sous l’Occupation, chef de la 11e section du Rassemblement National Populaire, il fut secrétaire adjoint et le trésorier de l’Union de l’Enseignement, d’esprit Rassemblement National Populaire (Marcel Déat), dont Pierre Vaillandet était le leader. Gérant du journal L’école de demain, il était le responsable du bulletin mensuel de l’Union de l’enseignement RNP en 1943.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15727, notice BARNE Victorien, Adrien par Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 13 septembre 2021.

Par Claude Pennetier

SOURCES : APPo, 50, 300, 306230783, 77W610. — RGASPI, 495 270 701, autobiographies de 1933 et 1937 (Cl. Pennetier), 517 1 1909 (J. Girault). — Arch. PPo. 50, 300 et 306. — Arch. J. Maitron. — Bernard et alii, Le Syndicalisme dans l’enseignement, op. cit. — Édouard Bled, Mes écoles, Paris, R. Laffont, 1977, p. 318-319. — Loïc Le Bars, La Fédération unitaire de l’enseignement (1919-1935), Syllepse, 2005. — Notes de Jacques Girault.

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