PEUCELLE Élise [née DELOBEL Élise, Angèle, Désirée, Adolphine]

Par Madeleine Singer

Née le 1er novembre 1919 et morte le 15 février 2011 à Haubourdin (Nord) ; maraîchère puis ouvrière d’usine ; responsable syndicale CFTC-CFDT dans une fabrique de céramique (1956-1981).

Élise Delobel était l’aînée des trois enfants d’Arthur, Auguste, Joseph Delobel, maraîcher, qui avait épousé Laure, Elsa Fruleux, également maraîchère. Tous deux étaient catholiques, le père pratiquant occasionnellement sa religion, la mère régulièrement. Elle fit des études primaires dans une école privée qu’elle quitta au niveau du Certificat d’études primaires pour travailler avec ses parents. Elle entra en 1957 dans l’entreprise de céramique Villeroy et Bosch, à Haubourdin. La société avait d’autres établissements en France, notamment à Lambersart (Nord), à Feignies (Nord) et en Ardèche ; le siège social était à Paris, avec un magasin d’exposition dans la gare du Nord. Élise Peucelle y fit toute sa carrière ; elle partit en retraite dès que possible, c’est-à-dire à soixante-deux ans, en 1981.

Entrée à la Jeunesse ouvrière chrétienne féminine (JOCF), elle y resta jusqu’à la guerre de 1939. Elle épousa à Haubourdin, le 25 septembre 1944, Edouard Jules, Henri Peucelle qui travaillait dans la petite ferme de ses parents. Elle l’aida dans son métier d’agriculteur jusqu’à ce qu’elle prit un emploi de salarié en 1957. Sans doute son mari était-il déjà malade car il décéda prématurément en 1960. Ils eurent deux enfants, l’un menuisier, l’autre mécanicien automobile.

Dès qu’Élise Peucelle entra chez Villeroy et Bosch, elle s’inscrivit au Syndicat libre du bâtiment de Lille et environs, rattaché depuis 1952 à la Fédération française des syndicats du bâtiment, du bois, des travaux publics, carrières et matériaux de construction. En 1960 le titre fut simplifié : Fédération française du bâtiment, des travaux publics, du bois et des matériaux de construction. Elle était constituée de trois branches : la troisième était celle des chaux et ciments à laquelle la céramique devait être rattachée. Élise Peucelle fut élue vers 1957 membre du comité d’entreprise (CE) dominé par la CGT, puis vers 1959 déléguée du personnel. Elle suivit des sessions de formation dans le centre syndical de la CFTC à Bierville, près d’Etampes (Essonne). Aussi ce fut elle qui mena les négociations lorsque, dans les années 1960, l’usine de Lambersart fermant, on reclassa dans celle d’Haubourdin une partie des 160 ouvriers, les autres perdant leur emploi avec leur logement. Les démarches, au nom de la CFTC, à l’Inspection du travail, obtinrent des primes de licenciement basées sur la convention collective du textile car Villeroy et Bosch n’eurent de convention collective qu’après Mai 68, au terme de trois jours de négociations que mena Élise Peucelle.

Cette convention donnait des garanties en cas de licenciement et octroyait une formation dans l’entreprise. La paye se faisant tous les quinze jours par distribution d’enveloppes, le CE conseilla pour plus de sécurité de prendre un compte en banque. Mais pour des ouvriers, l’emploi de chèques, la tenue d’un compte en banque, le fait d’écrire et de compter posaient des problèmes. Les délégués du personnel leur proposèrent alors une formation au Centre social d’Haubourdin, formation assurée par le CREFO (Centre régional de formation) où les cours étaient donnés par Cécile Ryon. À la suite de cette formation, deux personnes obtinrent en promotion un poste dans les bureaux. Les membres du CE gardaient en toutes circonstances leur indépendance, par exemple en ne donnant pas suite aux propositions des représentants de vendre des articles par le CE. Ils considéraient que le CE n’avait pas à se détourner ainsi de sa mission.

Vers 1979 il y eut un gros conflit parce qu’on avait mis à pied trois jours une ouvrière partie aux toilettes en dehors des temps de pause. La CFDT régla ce problème en deux jours avec la direction. Mais le syndicat CGT de l’usine, bien que minoritaire, voulut poursuivre la grève pour d’autres revendications. Ils eurent l’appui des syndicats CGT d’autres usines d’Haubourdin. Au bout d’un mois, la grève cessa avec des bagarres entre grévistes et non grévistes car il n’y avait plus d’argent dans les familles et les femmes venaient demander des avances. Les déléguées CFDT intervinrent pour obtenir l’arrêt de la grève avec l’aide de Jean-Marie Toulisse*, permanent de l’Union régionale interprofessionnelle Nord-Pas-de-Calais. Lors de l’assemblée générale des travailleurs, Élise Peucelle déclara que la lutte n’était pas terminée car il fallait faire aboutir les revendications sur les salaires et l’amélioration du cadre de vie. Elle ajouta que tous, ouvriers et cadres, devaient rejoindre la CFDT devenue majoritaire. La reprise fut difficile car l’entreprise avait perdu des clients. Il y eut des mises à la retraite et des licenciements. Six ans plus tard, l’entreprise dut fermer ses portes : 500 travailleurs perdirent leur emploi.

Dès la retraite, Élise Peucelle adhéra à la section des retraités de l’Union locale CFDT de Lille et environs qui faisait partie de l’Union régionale interprofessionnelle des retraités (URIR) CFDT Nord-Pas-de-Calais, elle-même rattachée à l’Union confédérale des retraités (UCR) CFDT. Elle en était toujours membre en 2006 mais n’y jouait aucun rôle actif. Elle avait d’autres responsabilités car elle était l’un des trois coprésidents du conseil de concertation locative Partenord Habitat où elle représentait l’Habitat métropole. Elle faisait par ailleurs partie de l’Association des conjoints survivants (ADCS) et adhérait au Mouvement chrétien des retraités.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157276, notice PEUCELLE Élise [née DELOBEL Élise, Angèle, Désirée, Adolphine] par Madeleine Singer, version mise en ligne le 2 mars 2014, dernière modification le 23 mai 2014.

Par Madeleine Singer

SOURCES : Fiche biographique remplie par Élise Peucelle, décembre 2005. — Note manuscrite relatant ses activités. — Texte dactylographié de son intervention à l’AG du 30 juin 1980. — Partenord Habitat, organe des HLM départementales, décembre 2005. —Notes de Gilbert Ryon.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable