RÉGNIER Juliette

Par Jean-Marie Conraud

Née le 10 mai 1934 à Nancy (Meurthe-et-Moselle) ; militante jociste ; fédérale de secteur, puis responsable de la branche « malades » à la Fédération JOCF de Nancy ; permanente nationale de l’ACO ; militante familiale ; présidente de la section CSCV de Vandœuvre ; conseillère municipale d’opposition de Vandœuvre (Meurthe-et-Moselle) sur une liste d’union de la gauche en 1983 ; réélue en 1989 avec la même liste devenue majoritaire, adjointe au maire jusqu’en 1995.

Juliette Régnier lors  d’un meeting de la JOC, en 1955,  au cinéma Pathé de Nancy
Juliette Régnier lors d’un meeting de la JOC, en 1955, au cinéma Pathé de Nancy

Reconnue par sa mère, Irène Morgen, trois mois après sa naissance, par son père Egédio Chiapolino l’année suivante, puis légitimée par le mariage de sa mère avec Louis, Abraham, Marcel Régnier, le 21 juin 1939, Juliette Régnier fut l’aînée de neuf frères et sœurs. Sa famille vivait modestement dans le quartier Saint-Sébastien à Nancy (Meurthe-et-Moselle), son père déchargeait des camions de primeurs, sa mère faisait des ménages et des lessives. Elle entra au travail alors qu’elle n’avait pas encore quatorze ans, remaillant des bas dans une blanchisserie, puis dans une tricotterie de chaussettes, ensuite dans une fabrique de chaussures qui fit faillite puis dans une bonneterie. De santé fragile, elle quitta l’usine en 1949 pour préparer un CAP ménager. En 1952, elle fut embauchée par le service de « l’Aide aux mères » où elle obtint le diplôme de travailleuse familiale.

La même année, elle adhéra à la JOCF dont elle dira plus tard que c’était « une école de la vie, un mouvement d’éducation populaire » où elle comprit l’importance de l’action collective et politique.

Mais parce qu’elle s’était syndiquée et qu’elle portait toujours l’insigne de la JOC, et non « la barrette » de l’aide aux mères, elle fut licenciée en 1954. À la JOCF, elle fut successivement responsable de la section du quartier Notre-Dame de Lourdes et responsable fédérale de secteur, puis de la branche « malade » après un séjour en sanatorium.

En 1963, Juliette Régnier quitta son travail d’aide familiale pour remplacer la responsable d’un foyer de la DASS de Troyes (Aube) qui accueillait des jeunes travailleuses. À la suite de la campagne de la JOC sur les déplacements des jeunes travailleurs, à laquelle elle prit une part active, elle devint la première animatrice du foyer des « Abeilles » ouvert à Nancy pour les jeunes déplacées. En 1971, en remplacement des bénévoles, elle fut embauchée parmi les trois premières professionnelles de déléguée à la tutelle à l’UDAF de Meurthe-et-Moselle. Elle créa une section syndicale CFDT, et fut active dans la création de la convention collective UNAF.

De 1975 à 1980, elle fut appelée au secrétariat national de l’ACO à Paris. Entre autres responsabilités, elle fut chargée des finances du mouvement, du bulletin Documents ACO, des structures destinées aux gars et filles en recherche de vie religieuse, consacrée ou sacerdotale. Elle représenta également l’ACO au secrétariat de la Mission ouvrière. En 1981, Juliette Régnier retrouva son emploi à l’UDAF où elle fut chargée jusqu’en 1990 des familles ayant une tutelle aux allocations familiales puis des majeurs protégés.

Pendant toute son activité salariée, elle eut un engagement syndical actif. Adhérente de la CFTC depuis 1953, elle mit en place une section chez les travailleuses familiales. Déléguée syndicale, elle prit part à la discussion de la convention collective de cette profession. Plus tard elle fut responsable du syndicat de Meurthe-et-Moselle des salariés de foyers de jeunes travailleurs(ses), puis déléguée syndicale CFDT et déléguée du personnel à l’UDAF de Meurthe-et-Moselle. Elle siégea au conseil du syndicat départemental « santé-sociaux » dont on lui confia la trésorerie.

Dans son quartier de Brichambeau à Vandœuvre, elle prit l’initiative d’une amicale de locataires, devenue section de la Confédération syndicale des familles. Elle adhèra à la CSCV. En 1983, Juliette Régnier devint présidente de cette dernière association, jusqu’en 1991. Elle fut alors élue conseillère municipale sur une liste d’Union de la gauche devenue majoritaire en 1989 ; adjointe chargée de l’action sociale, elle devint présidente d’un observatoire social et économique et créa un service d’emplois familiaux pour les personnes âgées. Son mandat prit fin en 1995.

Depuis 1996 Juliette Régnier s’intéressait aux réalités de l’immigration et de l’Islam. Elle participa aux relais Maghreb Méditérannée dont elle assura la coordination régionale. Depuis 1989 elle entreprit un travail important de recueil et de classement des archives de la Mission ouvrière de Meurthe-et-Moselle. Elle récolta pendant près de quinze ans des interviews d’anciens du quartier Saint-Sébastien et en fit un livre. Elle a été nommée citoyenne d’honneur de la ville de Vandoeuvre en 2010.

Elle travailla avec Jean-Marie Conraud pendant deux ans pour récolter des témoignages d’anciennes de JOCF et de la LOCF, mouvement familial ouvrier. Elle écrivit un livre au titre évocateur, N’abandonnons jamais, choisissons la vie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157417, notice RÉGNIER Juliette par Jean-Marie Conraud, version mise en ligne le 11 mars 2014, dernière modification le 22 juin 2014.

Par Jean-Marie Conraud

Juliette Régnier lors d'un meeting de la JOC, en 1955, au cinéma Pathé de Nancy
Juliette Régnier lors d’un meeting de la JOC, en 1955, au cinéma Pathé de Nancy
Juliette Régnier dans les années 2000.
Juliette Régnier dans les années 2000.

ŒUVRE : Au cœur de Nancy. Mémoire de l’ancien quartier Saint-Sébastien, 1930-1970, L’Atelier de la mémoire, 2009. — N’abandonnons jamais, choisissons la vie, L’Atelier de la mémoire, 2013.

SOURCES : Renseignements fournis par l’intéressée. — Informations de la mairie de Vandœuvre. — État civil de Nancy.

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