ESCUDIÉ Pierre, Georges, Victor [Pseudonyme dans la Résistance : Pierre]

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 13 mars 1921 à Vincennes (Seine, Val-de-Marne), fusillé après condamnation à mort le 5 août 1944 à L’Épine (Marne) ; employé de la Poste ; résistant ; FFI ; FFC au titre du réseau Éleuthère.

Pierre Escudié
Pierre Escudié
SOURCE : 
Pierre Servagnat, La Résistance et les FFI
dans l’arrondissement d’Épernay

Pierre Escudié était le fils de Victor Paul Camille Escudié, machiniste, et de Rose Hélène Baron, comptable. Célibataire, il était domicilié à Épernay (Marne), où il exerçait la profession d’employé à la Poste.

Engagé volontaire en 1939, Pierre Escudié fut grièvement blessé en mai 1940 et déclaré mutilé de guerre. Démobilisé et de retour à Épernay, il fut recruté au début de l’année 1942 dans le réseau Éleuthère. Officier de renseignements sous le code RAE 255, il avait pour mission de surveiller l’aérodrome de Courcy (Marne), ainsi que les camps militaires de Mourmelon (Marne) et de Mailly (Aube).

Arrêté en janvier 1944 et libéré un mois plus tard faute de preuves, il a été arrêté à nouveau à Épernay le 8 mai 1944 avec sa fiancée Denise Carroy et Pierre Bouché au Café du Soleil tenu par Suzanne et Pierre Joly, qui furent également arrêtés. Cette arrestation intervint quelques jours après le bombardement allié dans la nuit du 4 au 5 mai 1944 sur le camp de Mailly, bombardement qui avait bénéficié de renseignements fournis par les membres locaux du réseau Éleuthère.
Denise Carroy et Suzanne Joly ont été déportées le 19 juin 1944 à Ravensbrück, où Suzanne est décédée le 15 avril 1945.
Pierre Joly, déporté le 29 août 1944 à Neuengamme, a survécu à la déportation.

Détenu à la prison de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne), Pierre Escudié a été condamné à mort le 17 juillet 1944, en même temps que Pierre Bouché, par le tribunal militaire allemand FK 531 de Châlons-sur-Marne. Il semble que cette condamnation à mort soit intervenue en représailles après l’exécution le 13 juillet 1944 à Épernay de deux soldats allemands de la Kriegsmarine par des membres du groupe Melpomène, groupe de résistance implanté dans le secteur de Châlons-sur-Marne. Ramené dans sa cellule, Pierre Escudié tenta de trancher la gorge d’un de ses gardiens avec un canif que lui avait fourni un autre détenu, Lucien Bonnot. Il a été fusillé avec Pierre Bouché le 5 août 1944 sur le terrain de La Folie à L’Épine.

Le tribunal civil de première instance de Châlons-sur-Marne a rendu le 8 septembre 1944 un jugement déclaratif de décès transcrit à l’état civil de cette ville le 16 septembre 1944 sous le numéro 599 et le 21 septembre 1944 sous le numéro 321 à l’état civil d’Épernay, qui déclare que Pierre Escudié « est décédé à Châlons-sur-Marne le 5 août 1944 à vingt heures dix minutes ».

Inhumé dans le cimetière de l’Est, le corps de Pierre Escudié a été exhumé le 6 octobre 1944 et transféré dans le cimetière Nord d’Épernay. Selon le témoignage de l’abbé Pierre Gillet qui a assisté à son exhumation, « on constata que son corps était cerclé à hauteur de la poitrine par un très gros fil de fer qui avait traversé chemise et chair jusqu’à l’os ».

Pierre Escudié a été reconnu « Mort pour la France » en 1946. Il a été homologué FFI et FFC au titre du réseau Éleuthère. La Médaille de la Résistance avec rosette lui a été décernée par décret du 24 avril 1946 publié au JO du 17 mai 1946.

Dans la Marne, le nom de Pierre Escudié est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des fusillés à L’Épine. Il figure sur la liste des « Fusillés » du monument aux martyrs de la Résistance élevé à Épernay et sur la liste des « Tombés à l’ennemi » de la plaque commémorative apposée dans les locaux de la direction départementale de la Poste, rue Récamier à Châlons-en-Champagne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157423, notice ESCUDIÉ Pierre, Georges, Victor [Pseudonyme dans la Résistance : Pierre] par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 11 mars 2014, dernière modification le 13 avril 2020.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Pierre Escudié
Pierre Escudié
SOURCE : 
Pierre Servagnat, La Résistance et les FFI
dans l’arrondissement d’Épernay
Butte des fusillés à L'Épine
Butte des fusillés à L’Épine
Sur la plaque commémorative</br>de la Butte des fusillés à L'Épine
Sur la plaque commémorative
de la Butte des fusillés à L’Épine
Dans le cimetière du Nord d'Épernay
Dans le cimetière du Nord d’Épernay
Sur le monument aux martyrs de la Résistance</br> d'Épernay
Sur le monument aux martyrs de la Résistance
d’Épernay
Direction départementale de la Poste</br> à Châlons-en-Champagne
Direction départementale de la Poste
à Châlons-en-Champagne
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 180 421 — SHD, Vincennes, GR 16 P 211036, GR 28 P 1121 et Bureau Résistance, dossier 17 P 122. – Arch. Dép. Marne, M 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944 ; M 4774, fusillés ou exécutés par les Allemands, liste dressée à la demande du ministère de l’Intérieur en octobre 1944. – L’Union (photo), 28 juin 1946. – Pierre Servagnat, La Résistance et les Forces françaises de l’intérieur dans l’arrondissement d’Épernay. Souvenirs du capitaine Servagnat. Ceux de la Résistance (photo), Presses de l’Imprimerie de Montligeon, 1946. – Pierre Gillet, « Châlons sous la botte. Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945) », Cahiers châlonnais, n° 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998. – Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, Presses universitaires de Reims, 2 tomes, 2e édition, 1998. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – État civil, Vincennes (acte de mariage des parents) ; Châlons-en-Champagne et Épernay (transcription du jugement déclaratif de décès).

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