Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson
Né le 23 mai 1923 à Gray (Haute-Saône), fusillé après condamnation à mort le 19 février 1944 à L’Épine (Marne) ; ouvrier agricole ; résistant.
Jean Goumann était le fils d’Alphonse Goutmann et de Caroline Stey. Célibataire, il était domicilié à Montigny-les-Monts (Aube), où il exerçait la profession d’ouvrier agricole.
Il quitta l’Aube pour rejoindre le groupe FTPF-FFI (Francs-tireurs et partisans français-Forces françaises de l’intérieur) de Saint-Martin-d’Ablois dans la Marne. En novembre 1943, à la suite d’une dénonciation, la police allemande opéra un coup de filet qui démantela ce groupe. Marcel Méjecaze, commissaire régional des FTPF, donna l’ordre à Jean Goutmann d’aller se réfugier avec d’autres camarades dans la région de Sermaize (Marne). Caché dans la maison forestière de La Colotte dans la forêt de Trois-Fontaines (Marne), il y a été arrêté par la police française de Nancy le 12 décembre 1943 avec le garde forestier Albert Leclercq (mort en déportation à Mauthausen le 24 février 1945).
Incarcéré à Nancy, puis à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne), Jean Goutmann a été condamné à mort par le tribunal militaire allemand FK 531 de Châlons-sur-Marne pour attentats contre du matériel ferroviaire. Il a été fusillé le 19 février 1944 sur le terrain de La Folie à L’Épine avec quatorze autres FTPF : Robert Baudry, Gilbert Cagneaux, Maurice Chuquet, Michel Destrez, Julien Ducos, Georges Laîné, James Lecomte, Émile Rochet, Roger Sondag, Camille Soudant (fusillé en même temps que Jean Goutmann), Marcel Soyeux, Henri Speeckaert, André Tessier et Louis Vanseveren.
Le tribunal civil de première instance de Châlons-sur-Marne a rendu le 31 mars 1944 un jugement déclaratif de décès transcrit le 20 avril à l’état civil de Châlons sous le numéro 267, qui le déclare « décédé à Châlons-sur-Marne le 19 février à huit heures cinquante minutes ».
Jean Goutmann a été reconnu « Mort pour la France » en 2018.
Inhumé après l’exécution dans le cimetière de l’Est de Châlons, le corps de Jean Goutmann a été exhumé le 6 octobre 1944 et ré-inhumé dans la nécropole nationale de Châlons-en-Champagne qui jouxte le cimetière de l’Est.
Le garde-chasse, Marius Pilon, qui avait dénoncé le groupe FTPF de Saint-Martin-d’Ablois, a été abattu en juillet 1944, exécution revendiquée dans le communiqué 87 publié dans le numéro 62 du journal clandestin des FTPF France d’abord, daté du 12 août 1944.
Le nom de Jean Goutmann est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des fusillés à L’Épine.
Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson
SOURCES : Dossier De Brinon B7/3 024. – Arch. CH2GM-Marne, Direction de l’état civil et des recherches, dossier de Brinon, B7/3024, numéros 009729 et 010388. – Arch. Dép. Marne, M 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944 ; fusillés ou exécutés par les Allemands, liste dressée à la demande du ministère de l’Intérieur en octobre 1944. – Pierre Gillet, « Châlons sous la botte. Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945) », Cahiers châlonnais, no 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998. – Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, Presses universitaires de Reims, 2 tomes, 2e édition, 1998. – Lionel Fontaine, Patriotes dans la forêt de Trois-Fontaines 1943-1944, Chaumont, mars 2003. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – Lionel Fontaine, " Les groupes FTP de la forêt de Trois-Fontaines (octobre - décembre 1943)", Mémoires 52, septembre 2022. – État civil, Gray (la mairie de Gray nous a informé qu’il n’y avait pas d’acte de naissance au nom de Jean Goutmann à l’état civil de cette commune) ; Châlons-en-Champagne (transcription du jugement déclaratif de décès).