HERR René, André, Clément [Peudonyme dans la Résistance : Le Grand]

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 15 août 1915 à Épernay (Marne), fusillé après condamanation à mort le 22 mars 1944 à L’Épine (Marne) ; ingénieur-mécanicien ; résistant ; CDLR-BOA ; FFI.

René Herr
René Herr
SOURCE : 
Daniel Pellus, " 1944-Un procès nazi :
l’affaire de Vogüé "

René Herr était le fils d’André Basile Herr, mécanicien, et de Renée Marie Louise Champion, couturière. Adopté par la Nation en vertu d’un jugement rendu par le Tribunal civil de Reims (Marne) en 1930, il avait épousé le 21 mai 1938 à Épernay (Marne) Charlotte Julie Louise Vaché. Le couple était domicilié à Épernay (Marne), où René Herr exerçait la profession d’ingénieur-mécanicien.

René Herr faisait partie d’un petit groupe d’amis qui, sous couvert d’un club de ping-pong, se réunissaient dans le café-restaurant d’Angèle Billy à Épernay et qui constituèrent l’embryon du mouvement Ceux de la Résistance (CDLR) à Épernay. Il était à la fois membre du réseau Manipule et responsable du renseignement dans le groupe CDLR-FFI (Ceux de la Résistance-Forces françaises de l’intérieur) d’Épernay, au sein duquel ses camarades le désignaient sous le pseudo « Le Grand ».

Il rejoignit l’équipe du Bureau des opérations aériennes (BOA) mise sur pied par Pierre Servagnat, futur chef FFI de l’arrondissement d’Épernay, et il participa le 17 juin 1943 au premier parachutage réussi du BOA dans la Marne sur le terrain « Faisan » à Cuis.
Par la suite, il prit part à une quinzaine d’opérations de réception et de transports d’armes. Il mit ses compétences d’ingénieur-mécanicien au service du groupe en servant d’instructeur en maniement d’explosifs et en organisant plusieurs sabotages : destruction d’un pylône à haute tension, d’installations ferroviaires sur la ligne Paris-Strasbourg avec le groupe FTPF (Francs-tireurs et partisans français) de Saint-Martin-d’Ablois.
Au cours de la nuit du 2 au 3 septembre 1943, il posa des explosifs devant les locaux du Soldatenheim, rue Saint-Thibault à Épernay, tandis que son camarade Léon Leroy en posait devant ceux de la LVF.
À la suite d’attentats sur la ligne Paris-Strasbourg et d’une dénonciation qui aboutit au démantèlement par la police allemande du groupe de Saint-Martin-d’Ablois et à plusieurs arrestations à Épernay, René Herr fut arrêté le 19 novembre 1943.

Il a été jugé en mars 1944 par le tribunal militaire allemand FK 531 de Châlons-sur-Marne qui a exceptionnellement siégé à Reims (Marne) dans la Salle des criées de la Chambre des notaires, en même temps que Robert de Vogüé. Directeur de la maison de champagne Moët et Chandon, Robert de Vogüé avait d’abord adhéré à la Révolution nationale et soutenu le gouvernement de Vichy qui l’avait nommé à plusieurs postes importants : membre du Conseil départemental de la Marne qui s’est substitué au Conseil général élu avant-guerre, délégué du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), président du Groupement interprofessionnel patronal (GIPER) et du Groupement interprofessionnel et social d’Épernay (CIS), des organismes créés par Vichy et destinés à promouvoir la Charte du travail à Épernay et dans la Marne. Robert de Vogüé avait rejoint la Résistance en 1943 au sein du mouvement Ceux de la Libération (CDLL). Les autorités allemandes d’occupation avaient décidé de lui faire un procès public, largement relayé par la presse et destiné à montrer que la répression allemande n’épargnerait pas les notables, d’où le choix de Reims. Condamné à mort le 8 mars 1944, Robert de Vogüé a été gracié et déporté dans plusieurs prisons en Allemagne (déporté rentré).

René Herr et son camarade Léon Leroy, ont été condamnés à l’issue de ce même procès pour « actes de franc-tireur par usage d’explosifs ».>
L’avocat Maître Pelthier a témoigné après-guerre de l’« admirable courage de René Herr dont la femme venait d’accoucher d’un bébé qu’il ne connaîtrait pas ».

Ils ont été fusillés le 22 mars 1944 à sur le terrain de La Folie à L’Épine.

Le tribunal civil de première instance de Châlons-sur-Marne a rendu le 28 avril 1944 un jugement déclaratif de décès transcrit le 10 mai à l’état civil de Châlons sous le numéro 393, qui le déclare « décédé à Châlons-sur-Marne le 22 mars à sept heures trente et une minutes ».

Inhumé dans le cimetière de l’Est de Châlons, le corps de René Herr a été exhumé le 30 septembre 1944 et transféré à Épernay dans le cimetière du Nord.

René Herr a été reconnu « Mort pour la France » en 1945. Le titre d’Interné -résistant lui a été décerné ainsi que la Médaille de la Résistance avec rosette par décret du 24 avril 1946, publié au JO du 17 mai 1946.

Dans la Marne, le nom de René Herr est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des fusillés à L’Épine. À Épernay où une rue porte son nom, il figure sur la liste des fusillés du monument aux martyrs de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157430, notice HERR René, André, Clément [Peudonyme dans la Résistance : Le Grand] par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 11 mars 2014, dernière modification le 23 mai 2022.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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René Herr
SOURCE : 
Daniel Pellus, " 1944-Un procès nazi :
l’affaire de Vogüé "
Butte des fusillés à L'Épine
Butte des fusillés à L’Épine
Sur la plaque commémorative</br>de la Butte des fusillés à L'Épine
Sur la plaque commémorative
de la Butte des fusillés à L’Épine
À Épernay
À Épernay
Dans le cimetière du Nord
Dans le cimetière du Nord
Sur le monument aux martyrs de la Résistance</br> d'Épernay
Sur le monument aux martyrs de la Résistance
d’Épernay
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES :SHD, Vincennes, GR16P 291966. – Arch. CH2GM-Marne, Direction de l’état civil et des recherches, dossier de Brinon, B8/70, numéro 010763. – Arch. Dép. Marne, M 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944 ; fusillés ou exécutés par les Allemands, liste dressée à la demande du ministère de l’Intérieur en octobre 1944. – Arch. ONACVG-SD51, dossier CVR. – Maurice Pelthier, Les tribunaux allemands à Reims et à Châlons-sur-Marne, monographie dactylographiée, sans date. – L’Union, 28 janvier 1946. – Pierre Servagnat, La Résistance et les Forces françaises de l’intérieur dans l’arrondissement d’Épernay. Souvenirs du capitaine Servagnat. Ceux de la Résistance (photo), Presses de l’Imprimerie de Montligeon, 1946. – Pierre Gillet, « Châlons sous la botte. Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945) », Cahiers châlonnais, no 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998.– Daniel Pellus, « 1944-Un procès nazi : l’affaire de Vogüé » (photo), in Les procès scandaleux en Champagne du Moyen Âge à nos jours, éditions Martelle, Amiens, 1995. – Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, Presses universitaires de Reims, 2 tomes, 2e édition, 1998. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvdrom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – État civil, Épernay (acte de naissance) ; Châlons-en-Champagne (jugement déclaratif de décès).

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