TRITANT Robert, Émile, Jules

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 20 mai 1903 à Puisieulx (Marne), fusillé après condamnation à mort le 6 mai 1944 à L’Épine (Marne) ; architecte ; résistant.

Robert Tritant
Robert Tritant
SOURCE : 
Pierre Servagnat, La Résistance et les FFI
dans l’arrondissement d’Épernay

Robert Tritant était le fils de Charles Auguste Tritant, marchand de porcs, et d’Hélène Jannet, sans profession. Il avait épousé Madeleine Alexandrine Victorine Neveux le 21 janvier 1928 à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne, Marne). Le couple, qui avait deux enfants, était domicilié à Châlons où Robert Tritant exerçait la profession d’architecte.

Démobilisé en juin 1940, Robert Tritant géra jusqu’en mars 1941 le garage de son beau-frère prisonnier de guerre, et entra en relation avec le garagiste Robert Clément et l’entrepreneur de transports Roger Fleury.
Fin 1942-début 1943, il prit contact avec Pierre Servagnat, responsable du mouvement Ceux de la Résistance (CDLR) dans l’arrondissement d’Épernay, et il créa à son tour un groupe CDLR-BOA-CDP3 à Châlons-sur-Marne, qui prit le nom de groupe Tritant et qui comptait à la fin du printemps 1943 une soixantaine de résistants. Son épouse Madeleine assurait les liaisons entre les membres du groupe.

Le 17 juin 1943, Robert Tritant participa avec Roger Fleury et l’équipe BOA d’Épernay, dont faisait partie René Herr, au premier parachutage du BOA dans la Marne, sur le terrain « Faisan » à Cuis (Marne).
Par la suite, son groupe prit part à plusieurs réceptions de parachutages au cours de l’été 1943 sur les terrains « Hyène » à Coole, « Rousseau » à Soudé et « Balzac » à Tours-sur-Marne. Dans le même temps, le groupe Tritant réalisa toute une série d’actions : sabotage de l’aqueduc de Vésigneul-sur-Marne le 27 juin ; sabotage du poste d’aiguillage et de la plaque tournante du dépôt SNCF de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne) en juillet ; sabotage de l’excavatrice de l’usine d’Omey le 31 juillet ; sabotage de dix-huit locomotives au dépôt SNCF de Châlons-sur-Marne le 8 août ; sabotage de la voûte du canal latéral à la Marne à La Chaussée-sur-Marne le 13 août ; sabotage de l’usine élévatoire de Condé-sur-Marne le 16 août ; sabotage d’un train à Loisy-sur-Marne le 26 août ; sabotage des aqueducs de Courmelois le 27 août et de Juvigny le 28 août ; sabotage de vingt-cinq camions allemands stationnés devant la Feldkommandantur de Châlons-sur-Marne rue Pasteur le 31 août.

D’autres sabotages étaient en cours de préparation quand le groupe fut démantelé, début septembre 1943, par de nombreuses arrestations, dont celle de Robert Tritant arrêté à son domicile au cours de la nuit du 5 au 6 septembre. Interrogé et torturé au siège de la Gestapo, il fut incarcéré pendant plusieurs mois à la prison de Châlons-sur-Marne, avant d’être jugé. Inculpé d’appartenance à un groupe de résistance et de participation à des attentats contre des voies ferrées, il fut condamné à mort le 24 avril 1944 par le tribunal militaire allemand FK 531 siégeant à Châlons-sur-Marne, et fusillé le 6 mai 1944 sur le terrain de La Folie à L’Épine, avec quatre autres membres de son groupe : Marcel Bertin, Robert Clément, Roger Fleury et Charles Robinot.

Le tribunal civil de première instance de Châlons-sur-Marne a rendu le 23 juin 1944 un jugement déclaratif de décès transcrit le 30 juin à l’état civil de Châlons sous le numéro 500, qui le déclare « décédé à Châlons-sur-Marne le 6 mai 1944 à sept heures trente-deux minutes ».

Inhumé après l’exécution dans le cimetière de l’Est de Châlons, le corps de Robert Tritant a été exhumé le 30 août 1944 et transféré dans une sépulture familiale du cimetière de l’Ouest de Châlons.

Robert Tritant a été reconnu « Mort pour la France » en 1945. Il a été homologué FFC, FFI, RIF et FFL. Les titres d’Interné-résistant et de Combattant volontaire de la Résistance (CVR) lui ont été décernés, ainsi que la Médaille de la Résistance par décret du 3 août 1946, publié au JO du 13 octobre 1946.

Dans la Marne, le nom de Robert Tritant est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des fusillés à L’Épine. À Châlons-en-Champagne, où une rue porte le nom de « Groupe-Tritant », il figure sur le monument aux morts et sur la plaque des « Anciens de Pasteur morts pour la France » apposée dans la cour de l’évêché.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157445, notice TRITANT Robert, Émile, Jules par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 14 mars 2014, dernière modification le 9 avril 2020.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Robert Tritant
Robert Tritant
SOURCE : 
Pierre Servagnat, La Résistance et les FFI
dans l’arrondissement d’Épernay
Butte des fusillés à L'Épine
Butte des fusillés à L’Épine
Dans <i>L'Éclaireur de l'Est</i>
Dans L’Éclaireur de l’Est
Sur la plaque commémorative</br>de la Butte des fusillés à L'Épine
Sur la plaque commémorative
de la Butte des fusillés à L’Épine
À Châlons-en-Champagne
À Châlons-en-Champagne
Dans le cimetière de l'Ouest
Dans le cimetière de l’Ouest
Dans la cour de l'évêché
Dans la cour de l’évêché
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 578483. – Arch. CH2GM-Marne, Direction de l’état civil et des recherches, dossier de Brinon, B7/1124, numéro 020583. – Arch. Dép. Marne, M 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944, fusillés ou exécutés par les Allemands, liste dressée à la demande du ministère de l’Intérieur en octobre 1944. – Arch. ONACVG, SD51, dossier CVR. – Arch. Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, Rapport sur l’activité du groupe Tritant, réseau Action BOA-CDP3, effectué par Yves Bouteille, Châlons-sur-Marne, 7 février 1949. – L’Union, 1er novembre 1945. – Pierre Servagnat, La Résistance et les Forces françaises de l’intérieur dans l’arrondissement d’Épernay. Souvenirs du capitaine Servagnat. Ceux de la Résistance, Presses de l’Imprimerie de Montligeon, 1946. – Robert Roux, « Vitry et la région pendant la guerre. Mon cahier clandestin », Bulletin de la Résistance, Vitry-le-François, no 8, 1er juin 1946. – Pierre Gillet, « Châlons sous la botte. Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945) », Cahiers châlonnais, n° 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998. – Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, Presses universitaires de Reims, 2 tomes, 2e édition, 1998. – Élisabeth Yverneau-Glasser, « Robert Tritant », in Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – État civil, Puisieulx (acte de naissance) ; Châlons-en-Champagne (transcription du jugement déclaratif de décès).

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