VALOIS Gaston, Germain, Victor [Pseudonymes dans la Résistance : Docteur Gamma, Hoche]

Par Jean-Pierre Besse, Jean-Luc Marquer

Né le 6 mars 1888 à Grenoble (Isère), mort par suicide le 29 novembre 1943 à Grenoble ; docteur en médecine, militant radical-socialiste ; résistant, chef départemental des Mouvements unis de Résistance (MUR) de l’Isère, membre de l’Armée secrète, homologué Forces françaises combattantes et Forces françaises de l’intérieur, homologué interné résistant

Docteur Gaston VALOIS
Docteur Gaston VALOIS
Source : Richard Perrichon, Geneanet, licence CC-BY-NC-SA 2.0 Creative Commons .

Gaston Valois était le fils d’Albert, Antoine, professeur d’histoire géographie dans une école professionnelle et de Jeanne Brial, économe de l’École normale. Il fit ses études au lycée Champollion puis à la faculté des sciences de Grenoble. Interne des hôpitaux de Lyon en 1908, il fut trois ans plus tard reçu premier à l’internat des hôpitaux de Grenoble.
Mobilisé en 1914 comme médecin auxiliaire, il demanda à servir en première ligne et se vit attribuer la Croix de guerre et plusieurs décorations pour sa participation à la campagne d’Italie en 1917-1918. Il revint pensionné à 70 % pour atteinte par le gaz.
Il se maria à Saint-Victor-de-Cessieu (Isère) en décembre 1917 avec Alice Maquet. Le couple eut quatre enfants dont une morte en bas âge. Il s’installa en 1917 à Tullins, où il fut élu conseiller municipal en 1919, maire en 1933 et conseiller général sous l’étiquette radical-socialiste en 1937. Il appartenait aussi à la franc-maçonnerie. Sportif, il jouait au rugby et s’adonnait à l’aviation. En juin 1940, il était officier de réserve.
Il participa très tôt à la Résistance d’abord au sein des réseaux Buckmaster en 1942 puis au sein du mouvement Combat et des Mouvements unis de Résistance (MUR). Il fut poursuivi en juin 1942 pour destruction d’affiche pour le Service du travail obligatoire (STO), reçut le premier parachutage le 2 octobre 1942 au pont de Saint-Quentin et hébergea un poste de radio clandestin et des instructeurs anglais. Il avait pour pseudonymes docteur Gamma et Hoche. Il quitta ses fonctions de médecin pour devenir en mai 1943 chef des MUR. Il siégeait depuis janvier à l’état-major départemental de l’Armée secrète (AS) en Isère. Il fut arrêté le 27 novembre 1943 à deux heures du matin 5 rue de Palanka à Grenoble et amené au 28 cours Berriat, siège de Gestapo. Il fut torturé, puis incarcéré dans la cellule N°2, se suicida dans sa cellule pour ne pas parler. Lorsque ses camarades d’incarcération voulurent intervenir, il leur demanda de n’en rien faire et mourut après 40 minutes d’agonie.
Une note du commissaire central de Grenoble au Préfet de l’Isère, classée "Secret" en date du 29 novembre 1943, précise que de nombreux documents furent trouvés lors de l’arrestation de Gaston Valois et qu’avant de se suicider en s’ouvrant une veine du bras droit, il avait admis être le chef des Mouvements Unis de Résistance.
La note précisait également que le corps du Docteur Valois, placé dans un sac scellé, serait remis à la police française pour être incinéré.
Une note du commissaire central au procureur du 1er décembre 1943, rapportant un entretien avec le chef de la police allemande le même jour, indique que, selon les instructions reçues, il avait fait savoir que « la Police Française ne pourrait accepter le corps du Docteur Valois qu’après que les causes du décès aient été régulièrement constatées par un médecin assermenté, que le corps ait été identifié et que le permis d’inhumer ait été délivré. Que l’incinération ne pourrait avoir lieu que si les formalités prévues au Recueil des Actes administratifs, dont je lui ai remis un exemplaire, étaient remplies ».
Plus tard dans la journée, le commissaire central retourna au siège de la police allemande où on lui signifia que si la police française refusait de s’occuper du corps du docteur Valois, la police allemande le ferait.
Son corps fut retrouvé le 30 avril 1944 au lieu-dit "La Garenne" à Corenc (Isère). Non identifié à ce moment-là, il fut enterré dans le cimetière communal.
L’acte de décès N°14 porte le signalement suivant : Âgé d’environ 50 ans, taille 1m65, cheveux grisonnants, nez convexe, base petit, front fuyant, possédant une paire de lunettes à double foyer, une bague serpent, maxillaire inférieur 8 dents en or, supérieur dentier en or et une dent, chemise rayée.
Le 14 décembre 1945 à 14 heures,le corps fut exhumé et formellement identifié par la famille de Gaston Valois.
Il fut définitivement enterré au cimetière de Poliénas (Isère).
Gaston Valois fut décoré de la Croix de Guerre 1939-1945 de la Médaille de la Résistance avec rosette.
Il fut homologué, à titre posthume, commandant FFI en octobre 1945 et élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur en mars 1946.
Une rue à Grenoble et à Voiron, un boulevard à Renage ainsi qu’une place à Tullins portent son nom.
Son nom figure sur les monuments aux morts de Poliénas et de Tullins, sur les plaques commémoratives du lycée Champollion à Grenoble, du Mur des Martyrs de la Résistance à Grenoble, de la faculté de médecine Paris-Descartes à Paris VIème arr. (Hall d’entrée de l’école de médecine), du camp de Chambarand à Viriville (Isère), sur le monument aux victimes de la Saint-Barthélémy de la Résistance grenobloise où son buste est érigé et dans l’ouvrage "In memoriam" édité par la Grande Loge de France en 1947.
Une plaque commémorative a été apposée 5 rue de Palanka à Grenoble pour le 70ème anniversaire de sa mort.


Voir : Grenoble (Isère), 25 au 29 novembre 1943, la Saint-Barthélémy grenobloise

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157478, notice VALOIS Gaston, Germain, Victor [Pseudonymes dans la Résistance : Docteur Gamma, Hoche] par Jean-Pierre Besse, Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 14 janvier 2015, dernière modification le 25 avril 2021.

Par Jean-Pierre Besse, Jean-Luc Marquer

Docteur Gaston VALOIS
Docteur Gaston VALOIS
Source : Richard Perrichon, Geneanet, licence CC-BY-NC-SA 2.0 Creative Commons .
Buste de Gaston Valois, Monument aux victimes de la Saint-Barthélémy de la Résistance grenobloise
Buste de Gaston Valois, Monument aux victimes de la Saint-Barthélémy de la Résistance grenobloise
Source : Photographie Jean-Luc Marquer

SOURCES : SHD, DIMI, Bureau Résistance, dossier 16P583940 et SHD Vincennes GR 28 P 11 119. ; GR 19 P 38/2 — AVCC Caen AC 21 P 686049 (à consulter) — Arch. dép. Rhône et Métropole, Mémorial de l’oppression 3808 W 412 et 461 — Regards, décembre 2002. — Mémorial GenWeb — Mémoire des Hommes — État civil

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