BARRAT Jean, François

Par André Balent

Né le 23 novembre 1887 à Cerbère (Pyrénées-Orientales), mort en déportation le 24 novembre 1944 à Oranienbourg (Allemagne) ; cheminot ; militant communiste de Cerbère ; résistant (agent de réseau).

Fils d’un employé de la Compagnie du Midi, prénommé Jean et de Bonaventure Julia, Jean Barrat fit son service militaire (matelot de 3e classe, 1e octobre1908-1e octobre 1909) au 5e dépôt des Équipages de la flotte à Toulon (Var). Il se maria à Cerbère le 30 mars 1916 et était père d’un enfant.

Il fut mobilisé au 5e dépôt de la flotte à compter du 3 août 1914 et effectua une campagne au "front de mer de Marseille" du 2 avril 1915 au 1er septembre 1916. Mis à la disposition de la Compagnie des Chemins de fer du Midi à compter du 4 janvier 1917, il fut , à partir du 25 juin 1917, "affecté spécial" en gare de Cerbère, comme homme d’équipe.. Le 1er octobre 1918, il fut versé à l’ armée de Terre, au 53e RI. Mais cette mutation semble avoir été théorique car il resta à Cerbère.

Cheminot à la Compagnie des chemins de fer du Midi puis à la SNCF, il était, en 1927 et encore en 1932, surveillant en gare de Cerbère et, cette même année, un des principaux dirigeants de la cellule de Cerbère du Parti communiste. - voir également Tolza Irénée*.

Pendant la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à la retraite (1942), il était contrôleur en gare de Cerbère.

En tant qu’ancien marin et habitant une ville frontalière stratégique pourvue d’une grande gare ferroviaire, il participa (agent P2) à l’action du réseau de renseignements et de passages vers l’Espagne dépendant de la Marine (services spéciaux, réseau Kléber). Il était en contact avec un agent du 2e bureau de la Marine à Perpignan, Weil, domicilié avenue de la gare (rebaptisée "maréchal Pétain" entre 1940 et 1944). Il fut arrêté à Perpignan par la Sipo-SD le10 ou le 18 mai 1943 (selon les sources, mais son registre matricule indique qu’il fut "interné" à partir du 20 mai)) alors qu’il se rendait chez Weil. La police allemande, informée, lui avait tendu un piège. Le 15 novembre 1943, il fut transféré depuis Paris au camp de Neue Bremm (Sarre, Allemagne). Ce convoi concernait trente-cinq hommes. Le camp de Neue Bremm, était un camp spécial àù les détenus étaient soumis à des interrogatoires intensifs impliquant l’usage systématique de la torture. De là, il fut transféré au camp de concentration de Sachsenhausen puis à son annexe d’Oranienburg.

Il mourut au camp d’’Oranienbourg le 24 novembre 1944.

Son nom figure sur : le monument aux morts de Cerbère, sur la plaque commémorative de la gare de Cerbère honorant la mémoire des personnels de la SNCF morts pendant la Seconde Guerre mondiale, sur le monument commémoratif des agents de services spéciaux de la défense nationale de Ramatuelle (Var). Il existe une rue Jean-Barrat à Cerbère. Il y a un dossier (non consulté) au Service historique de la Défense à Vincennes (cote GR 16 P 34376).

En août 1951, sa veuve, Palmyre Barrat, résidait à Cerbère, rue Jean-Barrat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15754, notice BARRAT Jean, François par André Balent, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 11 décembre 2021.

Par André Balent

SOURCE : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, série M non classée, versement du cabinet du préfet (13 septembre 1951) liasse 64, rapport du commissaire de police spéciale de Cerbère au préfet des Pyrénées-Orientales, 17 juin 1932 ; 1 R 485, f° 468, registre matricule. — André Balent, notice in DBMOF. — Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, IIb, De la résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, p. 1052. — Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, I, Chronologie des années noires, Prades, Terra Nostra, 1994, p. 184. — Site de la FMD consulté le 1er janvier 2016. — Site Mémoire des Hommes consulté le 10 décembre 2021. — Enquête orale à Cerbère.

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