KOENIG Charles [Dictionnaire Algérie]

Par Guy Putfin et Aïssa Kadri

Né le 19 août 1921 à Saïda, mort le 3 février 2009 à Nice (Alpes-Maritimes, France) ; instituteur puis professeur de collège ; maire et président du conseil général de Saïda en 1959 ; ministre de l’Exécutif provisoire algérien en 1962 ; député de Saïda à la première Assemblée constituante algérienne ; syndicaliste du SNI avant et après l’indépendance.

La mère de Charles Koenig, Céline Koenig était couturière à Saïda. Les Koenig étaient issus d’une famille d’alsaciens venus s’installer en Algérie après la défaite française de 1870. Charles fit ses études à l’école primaire du Square Flinois de Saïda et à l’école primaire supérieure Ardaillon d’Oran. Après le brevet supérieur, il obtint le certificat d’aptitude pédagogique. Il fut nommé instituteur à Marhoum, dans la région des hauts plateaux, en octobre 1942. Mobilisé, le 8 novembre 1942, après une formation à l’école Desaix, il participa, comme aspirant, puis comme lieutenant, dans l’armée de l’air (artillerie antiaérienne) à la campagne de Tunisie, de Corse, de France et d’Allemagne.

En octobre 1945, il fut nommé instituteur à Saïda, à l’école indigène Jonnart, puis à l’école primaire du Square Flinois. Il passa le certificat d’aptitude à l’enseignement dans les collèges, et devint professeur de lettres, histoire et géographie au collège d’enseignement général (CEG) du Square Flinois, puis au collège de garçons Jules Ferry de Saïda. De 1947 à 1954, pendant les vacances scolaires, il dirigea des colonies de vacances (ville de Perrégaux – Mohammadia – et de la Fédération des oeuvres laïques d’Oran). Adhérent du syndicat national des instituteurs en 1945, il fut secrétaire du groupement de l’arrondissement de Saïda du SNI, de 1954 à 1959, et, à ce titre, membre de la commission administrative de la section du SNI du département d’Oran.

En juillet 1958, en pleine guerre d’indépendance, ce qui était la positon des socialistes SFIO majoritaires au SNI, il fit partie de la délégation spéciale mise en place pour remplacer les conseils municipaux qui venaient d’être dissous. Aux élections municipales d’avril 1959, Charles Koenig fut élu sur une liste composée d’« Européens » et de « Musulmans », et devint maire de Saïda, où il reçut la visite du Président de la république, Charles de Gaulle, le 27 août. En 1960, la création des nouveaux départements algériens entraîna des élections cantonales, avec des candidats « Musulmans » et « Européens » sur les mêmes listes. Charles Koenig fut élu conseiller général du canton de Saïda ville, et devint président du conseil général du département de Saïda, après l’assassinat de son prédécesseur, quelques jours après son élection. Il fut désigné par le délégué général de l’Algérie pour siéger au Conseil supérieur de la promotion sociale.

Le 12 mars 1962, pendant les négociations à Evian, Charles Koenig, fut convoqué à Paris par Louisé Joxe, ministre d’État chargé des affaires algériennes, et se vit proposer de faire partie de l’Exécutif provisoire chargé de préparer et de mettre en oeuvre l’autodétermination en Algérie. Il fut un des trois citoyens français désignés par le gouvernement français comme membres de l’Exécutif provisoire installé à Rocher-Noir (Boumerdès). Il avait les attributions de délégué aux travaux publics. Il prit part à la rédaction et à la mise en place de protocoles d’accord de coopération technique, notamment celui relatif aux enseignants, qui permit d’effectuer la rentrée scolaire d’octobre 1962, avec le concours de 8.000 instituteurs français.

Charles Koenig fut élu député pour le département de Saïda, à l’Assemblée constituante algérienne en septembre 1962. Après l’élection de Ben Bella à la présidence de la république, les délégués de l’Exécutif provisoire transmirent leurs pouvoirs aux ministres du premier gouvernement algérien. Il continua cependant à apporter son concours au nouveau ministre des travaux publics, et l’accompagna dans des négociations à Paris, en février 1963.

L’Assemblée constituante acheva ses travaux en septembre 1963. Charles Koenig reprit alors un poste de professeur au CEG Mont Riant à Alger. Il fut élu secrétaire général de l’APIFA (association professionnelle des instituteurs français en Algérie), en réalité la section du SNI en Algérie. Il siégea à la Commission administrative nationale de la FEN au titre de la majorité autonome (sections départementales) de 1964 à 1966. Il fut également membre de la commission exécutive de la MGEN à Alger de 1964 à 1966. De 1994 à 1997, il fut président de l’association des Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, association créée en souvenir des six inspecteurs des centres sociaux éducatifs assassinés par l’OAS le 15 mars 1962.

Charles Koenig, familièrement appelé Charly, quitta l’Algérie avec sa famille en juillet 1966. Il s’établit à Nice et fit valoir ses droits à la retraite. Marié à Antoinette Rico, institutrice, puis directrice d’école, le 28 novembre 1945, à Saïda, il eut deux enfants, Michel et Jacqueline. Décoré de la Croix du combattant, il est aussi chevalier de la Légion d’honneur et officier de l’ordre national du mérite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157552, notice KOENIG Charles [Dictionnaire Algérie] par Guy Putfin et Aïssa Kadri, version mise en ligne le 16 mars 2014, dernière modification le 1er septembre 2022.

Par Guy Putfin et Aïssa Kadri

SaÏda le 27 août 1959
Cliché Marc Flament
Communiqué par Michel BA Agnès Rous.

ŒUVRE : « Souvenirs et témoignage d’un membre de l’Exécutif provisoire algérien », Cahiers du centre fédéral, FEN, n° 1, mars 1992, pp. 15-160. — « L’Enseignement en Algérie », Cahiers du centre fédéral, FEN, n° 4, septembre 1992, pp. 87-102. — Témoignage de Charles Koenig dans « L’École dans l’Algérie coloniale, conformer ou émanciper ? », Les Cahiers du centre fédéral, n° 40, SUDEL, 2004.

SOURCES : Questionnaire du centre fédéral FEN, et entretiens de Guy Putfin avec l’intéressé, 1999. — Presse syndicale. — Notice de Guy Putfin dans DBMOMS, op.cit., tome 7, 2011 et mise au point d’Aïssa Kadri revue par René Gallissot.

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