PHILIPPOT Jean, Jules

Par Jacques Girault

Né le 29 avril 1901 à Tilly-sur-Meuse (Meuse), mort le 5 décembre 1995 à Nantes (Loire Inférieure/Atlantique) ; professeur ; résistant ; maire progressiste de Nantes, puis conseiller municipal ; militant communiste (1967-1982).

Son père mourut pendant les combats de la Première Guerre mondiale. Jean Philippot, pupille de la Nation, obtint le baccalauréat en 1920. Tout en étant répétiteur suppléant au lycée Janson de Sailly à Paris en 1921, puis répétiteur aux lycées Charlemagne, au lycée de Reims (Marne), puis Louis le Grand en 1922, il obtint à la Sorbonne une licence d’histoire en 1921, puis un diplôme d’études supérieures en 1922. Il fit son service militaire comme sous-lieutenant dans une unité de Pionniers en 1925-1926.

Après avoir été admissible à l’agrégation d’histoire et de géographie en 1927 et en 1928, il devint professeur délégué au collège de Bonneville (Haute-Savoie) en 1928. Il s’était marié dans cette ville en septembre 1921 avec Esther Français (1901-1981), professeur dans le même collège. Le couple eut deux enfants.

Reçu à l’agrégation en 1932, Jean Philippot fut nommé professeur au lycée Clemenceau de Nantes, où il prit sa retraite en 1966. Son épouse fut également nommée professeur de 6e dans le même établissement, avant d’être mutée au lycée de jeunes filles de Nantes. Depuis 1928, elle travaillait pour le dictionnaire latin-français Gaffiot.

Lauréat du concours européen pour la Paix en 1924, militant du Groupement universitaire pour la Société des Nations, Jean Philippot fut membre du Parti socialiste SFIO de 1933 à 1935.

Mobilisé en septembre 1939, blessé le 17 mai 1940 à Wattignies (Nord), il fut hospitalisé à Alençon (Orne). Sorti de l’hôpital, il reprit son service de professeur, complété, comme avant la guerre, par cinq heures de cours à l’École supérieure de commerce. Il fut affecté comme professeur éventuel au centre d’humanité de La Baule en décembre 1943 en cas de repli des lycées de Nantes.

Pendant cette période, Jean Philippot s’engagea dans la Résistance aux côtés notamment de Paul Le Rolland, directeur de l’Institut polytechnique de l’Ouest. Membre du Front national, il fut membre du comité départemental de Libération. Rédacteur en chef du quotidien La Résistance de l’Ouest du 17 août 1944 à janvier 1945, directeur de l’hebdomadaire régional Front, membre du comité régional de presse, il bénéficia d’une décharge de service à la demande du commissaire de la République d’Angers, Michel Debré, en décembre 1944. Il figura en tête aux élections à l’Assemblée nationale constituante sur la liste « des mouvements unis de la Renaissance française ».

Engagé dans la politique locale, nommé membre de la délégation municipale de Nantes en août 1944, Jean Philippot devint troisième adjoint chargé de l’enseignement et des Beaux Arts. Candidat sur la liste d’Union républicaine et résistante à majorité communiste, au conseil municipal de Nantes, le 29 avril 1945, il fut élu au deuxième tour, le 13 mai, après la fusion avec les listes socialiste et radicale-socialiste et devint maire de Nantes. Durant son court mandat, la reconstruction de Nantes fut commencée. Il fut l’artisan de la renaissance de la ville sinistrée. En deux ans, 8 000 logements furent réhabilités et 5 585 familles relogées dans des baraquements provisoires ou dans des logements réquisitionnés. Il s’efforça aussi d’accroître le rayonnement intellectuel et culturel de la ville en obtenant la création d’une École normale nationale d’architecture et la transformation de l’École libre de droit de Nantes en un Institut de droit rattaché à la faculté de Rennes.

Dans Front, il attaqua André Morice, quatrième adjoint, en raison de ses activités dans les travaux publics notamment lors de la construction du Mur de l’Atlantique. Après que ce dernier eut été blanchi par la Justice, des tensions persistèrent entre les deux élus. Lors du renouvellement d’octobre 1947, les trois listes de gauche se représentèrent et furent battues par la liste du Rassemblement du peuple français, mais Philippot conserva son siège de conseiller municipal à la tête de la liste constituée par une majorité de militants communistes. Il en fut de même le 8 mars 1959, où il conduisait une liste analogue et fut élu en treizième position dans l’ordre du tableau. Il fut alors désigné pour les commissions permanentes de l’enseignement et des affaires diverses, des finances et du budget auxquelles s’ajoutèrent les commissions des Beaux-Arts, des Bourses, des transports en commun, de l’éclairage, de la circulation et du nettoiement des voies publiques. Responsable départemental de l’Union progressiste, il continuait à enseigner au lycée Clemenceau dans la classe de préparation à Saint-Cyr jusqu’en 1957, puis au concours d’HEC, ainsi qu’à l’Ecole supérieure de commerce et d’industrie de Nantes.

Jean Philippot adhéra au Parti communiste français en 1967 et le quitta en 1982, tout en restant président d’honneur de France-URSS.

En 1999, le conseil municipal de Nantes donna son nom à un boulevard de la ville. Les Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest en 1996 publièrent un article d’Alain Croix qui fut son élève. Jean Philippot avait légué sa bibliothèque à l’université de Rennes II.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157586, notice PHILIPPOT Jean, Jules par Jacques Girault, version mise en ligne le 17 mars 2014, dernière modification le 7 septembre 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F1a 3230, F 17/28769 — Arch. mun. Nantes (Elisabeth Guillaume). — Archives du comité national du PCF. — Divers sites Internet dont des dossiers pédagogiques établis par les archives municipales. — Guiffan (Jean), Barreau (Joël), Liters (Jean-Louis), Nantes, le lycée Clemenceau, 200 ans d’histoire, 2008. — Notes de Loïc Le Bars.

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