ARPAJOU Robert, Casimir, Pierre

Par Gilles Pichavant

Né le 29 juin 1886 à Maureillas (Pyrénées-Orientales), mort en déportation le 6 avril 1943 à Oranienburg ; cheminot en Seine-Inférieure ; syndicaliste CGT puis CGTU ; communiste.

Robert Arpajou, dans le livre de Bellocq (Jean), <em>Dieppe et sa région face à l’occupant nazi</em>, 1979
Robert Arpajou, dans le livre de Bellocq (Jean), Dieppe et sa région face à l’occupant nazi, 1979

Fils d’un ouvrier bouchonnier et d’une mère au foyer, petit-fils de proscrit, Robert Arpajou quitta sa région natale dès l’âge de 13 ans, pour gagner sa vie.

À 16 ans, il entra le 7 avril 1903, à l’école des apprentis mécaniciens de la marine nationale de Lorient, et y obtint un diplôme d’ajusteur. Il dit avoir été bientôt déçu par la réalité de la marine nationale, mais il ne la quitta que le 30 septembre 1909. Il dit être entré à l’arsenal de Brest comme ajusteur, et ce serait parmi les ouvriers de l’arsenal que se développa sa conscience de classe. Tout de suite syndiqué, il suivit avec assiduité les réunions syndicales. Pendant la campagne électorale de 1910, Robert Arpajou devint un fervent admirateur du député Émile Goude, qui se présentait alors comme socialiste-communiste-collectiviste, et resta fidèle à cet enseignement.

Le 18 août 1911 Robert Arpajou entra aux Chemins de fer de l’État, et fut nommé ajusteur au dépôt de Dieppe (Seine-Inférieure). Il devint un militant syndical cheminot. Mobilisé le 22 octobre 1914, il fut affecté au 10e régiment d’artillerie à pied à Toulon. Le 30 janvier 1915, il fut détaché comme ajusteur mécanicien à l’arsenal de Toulon. Il fut démobilisé le 20 mai 1919. Il réintégra alors le dépôt de Dieppe.

Le 31 octobre 1919, il se maria à Dieppe avec Marie Josèphe Gourlet, né le 22 mars 1878 au Trévoux (Finistère), arrondissement de Quimperlé.

L’après-guerre fut une période de grandes luttes sociales à Dieppe. Le 26 janvier 1920, lors d’une grande assemblée du syndicat des cheminots réunie à 20 heures, à la salle des conférences rue Victor Hugo, Robert Arpajou fut élu secrétaire général du syndicat CGT des cheminots de Dieppe en remplacement de Pierre Dréau devenu secrétaire général de la toute nouvelle Union locale des syndicats ouvriers, créée le 25 septembre 1919.

Le 3 mai 1920, alors qu’à Dieppe, les trois quarts des employés des chemins de fer réquisitionnés fléchissaient sous la menace de révocation proférée par le gouvernement — dont le secrétaire de l’Union locale Pierre Dréau — , Robert Arpajou ne céda pas et fit grève. Il fut révoqué des chemins de fer avec Louis Leymarie, Sylvain Lafargue, et André Perry.

Au chômage, et mis sur une liste noire, il ne trouva aucun emploi dans la région dieppoise, bien que son métier d’ajusteur fut très recherché. Il s’improvisa alors marchand légumes 5 rue cité de Limes à Dieppe, et conquit dans cette activité la sympathie et l’estime de beaucoup de ceux qui traitèrent avec lui, même s’ils ne partageaient pas ses idées. Il continua toujours à revendiquer sa réintégration dans les chemins de fer, en relation avec son organisation syndicale unitaire.

Réintégré aux chemins de fer le 16 octobre 1924, Robert Arpajou reprit sa place au syndicat CGTU des cheminots, dont il devint l’archiviste, et participa à la formation de l’Union locale unitaire, dont il fut élu archiviste à sa création, le 2 mai 1926, poste qu’il conserva jusqu’en 1935. Le 1er décembre 1929 au congrès de la 19e Union Régionales à la Maison du Peuple de Rouen, où il fut porteur des mandats du syndicat unitaire des Métaux de Fécamp. Il fut membre du bureau de l’Union locale CGT réunifiée en janvier 1936. Du 8 au 14 novembre 1931, il participa au 6e congrès national de la CGTU, réuni à Paris, salle de Magic-City.

Robert Arpajou avait adhéré au Parti communiste en 1921, après la scission de Tours. Il devint le secrétaire de la cellule des cheminots. Après le départ de Paul Briard, qui ouvrit une librairie à Forges-les-Eaux, il devint l’un des principaux responsables communistes dans la région dieppoise. Mais ce sont les élections municipales de 1925 qui firent de lui le militant local le plus connu. Il dût à son nom d’être placé en tête de liste du Bloc Ouvrier et paysan pour les élections municipales à Dieppe, car la consigne du parti avait été de présenter les candidats par ordre alphabétique. Il réunit 432 voix et 10,32% des exprimés, soit 100 voix de plus que le second de la liste.

Le 3 avril 1927, il se présenta pour une élection municipale partielle à Dieppe avec Pierre Blot et Louis Fouray, mais ne fut pas élu. Pour les élections municipales de mai 1929, il fut candidat en 2e position sur la liste du Bloc Ouvrier et paysan conduite par Fernand Delaby , qui avait été le candidat aux législatives en 1928. Il obtint exactement le même nombre de voix qu’en 1925, soit 432 voix et 10,23%, pendant que Fernand Delaby en réunissait 434. En août 1929, il fut candidat aux élections cantonales partielles sur le canton de Dieppe, suite au décès du conseiller général Bénoni Ropert. Il obtint 304 voix, et ne fut pas élu. Le 13 octobre suivant, il fut de nouveau candidat à des élections au conseil d’arrondissement, mais n’obtint que 157 voix.

Le 6 mars 1932, Robert Arpajou fut présenté par le parti communiste dans le canton d’Eu, pour une élection partielle, provoquée par le décès du conseiller général Paul Bignon. Il obtint 137 voix et 4% des exprimés. Il fut candidat communiste aux élections législatives de 1932 dans les 1ère circonscription de Dieppe, et obtint 705 voix et 5,22% des voix. De nouveau candidat en 1936, il obtint 1266 voix et 8,77%.

Arrêté le 26 juin 1941 par les autorités allemandes en tant que militant communiste, interné à Compiègne, il fut déporté à Oranienburg où il mourut le 6 avril 1943.

Ancien combattant, il fut l’un des animateurs du comité dieppois de l’ARAC.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157624, notice ARPAJOU Robert, Casimir, Pierre par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 21 mars 2014, dernière modification le 4 octobre 2022.

Par Gilles Pichavant

Robert Arpajou, dans le livre de Bellocq (Jean), <em>Dieppe et sa région face à l'occupant nazi</em>, 1979
Robert Arpajou, dans le livre de Bellocq (Jean), Dieppe et sa région face à l’occupant nazi, 1979
Robert Arpajou, candidat communiste aux législatives en 1932 — dans <em>Le Prolétaire Normand</em>
Robert Arpajou, candidat communiste aux législatives en 1932 — dans Le Prolétaire Normand

SOURCES : Arch. Dép. des Pyrénées-Orientales, registre matricule 1266, classe 1903. — Arch. Dép. Seine-Inférieure, 1 M P 495, 4 M P 2604 et 2801, 10 MP 1407. — Arch. Mun. Partis politiques et 7 F 3. — Arch. de l’Union locale de Dieppe, dans les archives de la CGT à Montreuil, 1PA01, 1PA05, 1PA06, 1PA08, 1PA09, 1PA12 — Presse locale de Dieppe : La Vigie, l’Impartial, l’Éclaireur, Le Progrès Social au Fonds ancien de Dieppe — Le Prolétaire Normand (Gallica.fr), notamment le 24 avril 1936L’Avenir Normand, 26 juin 1945L’Humanité, 21 octobre 1924, 5 avril 1932. — Le Petit Journal, 14 octobre 1929. — Le Temps, 27 août 1929. — Brochure du 6e Congrès national ordinaire de la CGTU (1931), Gallica.fr — Secrétariat d’État des Anciens combattants et victimes de guerre. — RGASPI, pas de dossier dans les fonds du Komintern. — Notes de Jean-Jacques Doré. — État civil.

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