BARREAU Marcel, Félix, Louis

Par Jacques Girault, Gilles Morin

Né le 20 juillet 1898 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 11 juillet 1956 à Montpellier (Hérault) ; professeur ; militant socialiste SFIO ; maire d’Alès (Gard) de 1948 à 1953, conseiller général d’Alès-Ouest de 1949 à 1955.

Fils d’un contrôleur des PTT et d’une ménagère, Marcel Barreau fit ses études secondaires à Marseille. Titulaire du baccalauréat en 1916, élève de Première supérieure à Marseille pendant deux ans, il suivit pendant une année les cours d’anglais puis d’histoire à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) tout en étant maître d’internat au lycée Blaise Pascal de la ville (avril-juillet). Il y termina une licence ès lettres (option histoire-géographie) en 1919.

Marcel Barreau devint répétiteur stagiaire au collège de Melun (Seine-et-Marne) en octobre-novembre 1919. Délégué pour enseigner les lettres et la grammaire aux collèges de Pontarlier (Doubs) en novembre 1919, de Montbéliard (Doubs) en janvier 1920, de Saint-Marcellin (Isère) en octobre 1920, il effectua son service militaire au 23e RI Mayence, dans les troupes d’occupation de la Rhénanie, à partir de mai 1923 ; malade, il fut réformé en novembre 1923. Délégué pour l’enseignement des lettres et de l’histoire au collège de Verdun (Meuse) en novembre 1923, puis au collège de Louhans (Saône-et-Loire), il fut menacé de sanctions disciplinaires en avril 1926 en raison de sa conduite privée et de son enseignement remettant en cause les dogmes catholiques. Il fut alors nommé professeur au collège de Tarascon (Bouches-du-Rhône) en octobre 1930. Animateur d’un cercle de jeu, il cessa cette activité après son mariage en octobre 1937 à Tarascon avec Georgette Gey, couturière.

Militant socialiste, lors d’une manifestation, le 12 février 1934, il protesta contre la disparition du drapeau tricolore retiré à la demande des communistes. Très actif au moment du Front populaire, considéré comme l’inspirateur de la nouvelle municipalité de Front populaire, il lutta pour obtenir la construction du collège à Tarascon dont les habitants se félicitèrent. Ordonnateur bénévole des dépenses des hospices civils, il entra en conflit avec les communistes et la CGT à propos employé accusé d’avoir insulté le directeur dont il soutint le renvoi. Anticommuniste ("acharné" d’après la police), il se situait d’après la police plutôt dans la tendance Paul Faure. Il dirigea la section de l’orphelinat de l’enseignement dans la société de secours mutuels et fut décoré des palmes académiques en juillet 1938. Il fut candidat au conseil général à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône) en octobre 1937, obtenant 66 voix sur 6026 inscrits. il se retira au second tour en faveur du radical-socialiste Genevet qui fut élu.

Depuis 1931, dans ses vœux, bien que militant socialiste et secrétaire de la section syndicale du collège, il demandait sa mutation car il voulait vivre à Marseille qu’il connaissait bien. La hiérarchie notait que ses points de vue et son emprise convaincante seraient plus isolés dans un grand établissement.
L’écrivain Jean des Vallières, nommé sous-préfet d’Arles par les autorités de Vichy, demanda au préfet des Bouches-du-Rhône, le 7 janvier 1941, de le relever de la commission des hospices de Tarascon. Sa lettre était à charge : rappelant sa fréquentation des cercles de jeu, signalant qu’il avait été le secrétaire de la section locale de la SFIO, le leader du Front populaire dans le nord de arrondissement, le qualifiant de « militant des pires démagogies », il proposa son déplacement. La note jointe à sa correspondance indiquait cependant qu’il était connu dans les milieux universitaires comme un « bon professeur d’histoire ». Curieusement, ni Des Vallières, ni le rapport de police sur lequel il se fondait n’indiquaient son appartenance à la maçonnerie.

Déplacé d’office au lycée d’Alès comme délégué pour enseigner l’histoire en raison de son appartenance à la franc-maçonnerie, en avril 1942, bien qu’auteur de plusieurs lettres complaisantes vis-à-vis du Maréchal Pétain, il fut démissionnaire d’office et mis à la retraite en juin 1944 après la parution dans le Journal officiel du 10 mai 1944 de son nom parmi les officiers de loges. Il s’expliqua dans une lettre au ministre de l’Éducation nationale en juin 1944 pour obtenir sa réintégration à compter de juin 1944 : initié en 1924 aux « Amis choisis de Marseille », puis en 1938, délégué judiciaire et orateur dans la loge « L’Aurore sociale » de Beaucaire (Gard), parvenu en 1940 au grade de Troisième, il avait cessé toute activité maçonnique en 1940.

Son militantisme dans le Mouvement de Libération nationale lui permit de s’imposer comme un dirigeant socialiste d’Alès dans un milieu fortement communiste. Candidat aux élections cantonales de 1945 à Alès-Ouest, Marcel Barreau fut devancé par le communiste Arthur Vigne qui l’emporta par 2 599 voix contre 4 165. Élu conseiller général SFIO d’Alès-Ouest, le 27 mars 1949, il ne se représenta pas en 1955.

Marcel Barreau, adjoint au maire d’Alès d’octobre 1947 à décembre 1948, succéda à cette date à Paul Béchard lorsque celui-ci fut nommé Gouverneur général-Haut commissaire de la République en Afrique occidentale française. Présenté comme d’un « tempérament combatif » par le préfet, il entretenait de vives controverses avec les communistes. Puis de violents conflits l’opposèrent à son adjoint Aimé Huc. La section socialiste désigna Paul Béchard comme tête de liste de « concentration » (allié au MRP à des indépendants et à des RPF) pour le renouvellement de 1953 et Huc fut pressenti pour être 4e adjoint. Pour l’élection du maire, Béchard aurait dû être élu par 17 voix contre 14, mais il fut mis en minorité d’une voix, Barreau et un autre élu socialiste ralliant le PCF. Barreau devint premier adjoint du maire communiste. Exclu de la SFIO, le 11 mai 1953, il présenta, sans succès, une liste le 18 octobre 1953, après la dissolution du conseil municipal.
Élu conseiller général SFIO d’Alès-Ouest, le 27 mars 1949, il ne se représenta pas en 1955.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15765, notice BARREAU Marcel, Félix, Louis par Jacques Girault, Gilles Morin, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 28 août 2022.

Par Jacques Girault, Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/146, 276, 309 ; F/1cIV/152. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, III M/56, rapport du sous préfet d’Arles du 7 février 1938 et 97 W 25 (correspondance du sous-préfet). — Le Petit Provençal, 11 et 13 octobre 1937. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 67. — notes Jean-Marie Guillon. — État civil de Marseille.

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