RICOUARD Roland, Maurice, Christian

Par Jacques Defortescu

Né le 2 août 1938 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 26 juin 2020 ; militant communiste, adjoint au maire du Havre, militant pacifiste.

Roland Ricouard en 2019 (photo P.N./C.P.)

Fils de Roger Ricouard, contremaître menuisier factotum à la Chambre de Commerce du Havre, gaulliste, au sortir de la guerre, mais plutôt situé à gauche et d’une mère (Joséphine) d’abord piscicultrice à Daubeuf-Serville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) puis femme de ménage et mère au foyer. D’une famille modeste, catholique mais peu pratiquante, Roland Ricouard était le troisième d’une famille de trois enfants (une sœur et un frère). Son éducation religieuse s’était limitée au catéchisme et arrêtée à la communion solennelle. Son cursus scolaire de 6 à 14 ans à l’école Louis Blanc au Havre a été très marqué par la méthode Freinet qui ouvre sa réflexion sur l’effort individuel dans une démarche collective. Après trois années passées au collège moderne jusqu’au BEPC, Roland Ricouard entra dès 1955 dans la production comme réparateur de compteur à eaux.

En 1956, il fut embauché comme aide dessinateur aux Ponts et chaussées. Il en fut licencié à la suite de sa participation au festival mondial de la jeunesse à Moscou. Fin 1957, l’entreprise de chauffage central Albert Petit et fils le recruta comme manœuvre dans. Le 1er avril 1958, il fut embauché à la Ville du Havre comme agent de bureau, poste qu’il devait quitter le 3 septembre 1958, pour effectuer la totalité de son service militaire en Algérie. Il resta durant six mois à Oran puis effectua 27 déplacements dans les différentes régions algériennes dont une campagne opérationnelle dans l’Ouarsenis pendant 5 mois. Cette période de la guerre d’Algérie avait forgé les convictions pacifistes de Roland Ricouard. Il en écrira un livre en 2006 : « Pourquoi y être allé ? » (Non publié).

Démobilisé en janvier 1961, il avait réintégré la mairie du Havre comme agent de bureau, puis grâce aux cours du soir, il devint métreur en avril 1966 et rejoignit pour deux ans le cabinet de métré Georges Grandval. En avril 1968, il réintégra de nouveau la Mairie du Havre comme métreur, jusqu’en mars 1971 où il fut élu une première fois conseiller municipal, 9e adjoint au Maire du Havre, au sein du conseil municipal dirigé par René Cance. Il y exerça également les fonctions de président du Groupe communiste.
Roland Ricouard a été l’élu responsable des grands projets de la Maison de la Culture Centre Niemeyer et de la rénovation urbaine du quartier de la Mare Rouge, pour lesquels il consacra toute son énergie pour la réussite de ces projets emblématiques.Il resta donc quelques 37 ans au service de la population havraise comme salarié puis comme élu communiste.
Il resta à partir de cet instant salarié du PCF puisque son mandat fut renouvelé jusqu’à la perte de la mairie du Havre par les partis de gauche en 1995. Il conserva jusqu’en 1996 un travail salarié pour la section du PCF du Havre jusqu’en 1996, avant de prendre sa retraite, il avait alors 58 ans.

L’essentiel de l’activité politique de Roland Ricouard s’était faite au sein du PCF auquel il avait adhéré en 1954, à 16 ans. Dès 1953, il s’était impliqué activement dans la vie de l’UJRF en participant à la création du cercle du quartier Tourneville. En 1956, il avait contribué à la recréation de l’Union des Jeunesses communistes sur Le Havre en créant notamment le « Cercle Guy Môquet ». De 1961 à 1964, il fut membre du Conseil National de la Jeunesse communiste, et également trésorier fédéral de la JC de Seine-Maritime de 1956 à 1965. C’est à cette date qu’il quitta la Jeunesse communiste à 27 ans.
Cette période de responsabilités à la JC au Havre, fut marquée par de nombreuses actions contre la guerre d’Algérie. En 1955, la JC avec 20 autres associations de jeunesse organisèrent, un rassemblement d’un millier de jeunes devant le Cercle Franklin, ou Georges Doussin prit la parole.

Le 7 juin eut lieu en gare SNCF du Havre un grand rassemblement auprès du train dans lequel doivent prendre place des rappelés. Les très nombreux participants présents, dont les J.C, se répandirent sur les voies, empêchant ainsi le train de partir jusqu’à l’intervention musclée de la police et des CRS. D’autres actions importantes furent menées, toujours contre la guerre d’Algérie, notamment en juin et octobre 1957. Cette dernière manifestation fut marquée par une répression policière féroce sur le boulevard de Strasbourg. C’est avec Georges Doussin et Jacques Lelièvre que Roland Ricouard, jetèrent les bases au Havre de l’AAA (Amicale des anciens d’Algérie) qui devint ensuite la FNACA (Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie). De 1962 à 1969 il fut membre de la FNACA.

Au PCF, de 1968 à 1971, il fut secrétaire de la section Havre Sud-Ouest, en remplacement de Daniel Colliard qui devint plus tard maire du Havre. Il y avait alors cinq sections communistes au Havre. De 1958 à 1971, il fut membre du comité fédéral du PCF en Seine-Inférieure, Seine-Maritime. De 1957 à 2002 il fut membre de différents comités de sections du PCF au Havre.

Roland Ricouard adhéra à la CGT, en 1961, au Syndicat des communaux du Havre et y resta jusqu’en 1971. À partir de 1999 il fut également adhérent à la section des retraités CGT des territoriaux de la Ville du Havre. Il fut membre de la commission exécutive de l’UL CGT du Havre de 1999 à 2001.

En 1999, devant les Assises communistes du 21 février réunies notamment pour tirer les enseignements de l’échec des municipales, Roland Ricouard s’était montré très critique sur l’action du PCF au Havre et dans le pays et avait formulé des propositions d’organisation restées sans écho. Il rejoint alors d’autres communistes qui avaient fondé l’organisation « À la croisée des chemins » qui deviendra plus tard « action communiste » Dans cette période préparatoire au 30e congrès en 2001, Roland Ricouard et 350 communistes de Seine-Maritime signeront un texte critiquant l’action des majoritaires du PCF et faisant des propositions pour un retour aux « vrais valeurs du PCF ».

Roland Ricouard démissionna du PCF en 2001, en raisons de ce qu’il a appelé « les conséquences de la mutation du PCF ’’, et de l’abandon de la « lutte de classe » ainsi que du « Centralisme démocratique » et de la fin des CDH (Comités de défense de l’Humanité). Au cours d’une dernière discussion dans sa cellule Lucien Sampaix composée alors de 42 adhérents (dont l’ex maire du Havre André Duroméa) une grande partie des présents aurait partagé son avis. La grande majorité des adhérents, discrètement, cessèrent alors de militer.
Aucun de ceux favorables aux orientations prises par la direction nationale ne prenant en charge le fonctionnement de cette cellule, celle-ci cessa d’exister. L’argent encore disponible en caisse fut alors, après une ultime réunion des membres du bureau, versé à la souscription nationale du PCF.

À l’occasion de l’assemblée des adhérents du parti le 12 novembre 2001, il lut une déclaration qu’il concluait ainsi : « je ne peux pas, je ne peux plus adhérer à la formation que, plus ou moins activement vous avez contribué à constituer et qui est, pour moi, en totale rupture avec l’histoire, l’organisation, la nature sociale, les bases théoriques et les objectifs révolutionnaires du PCF, même si cette formation continue, encore, de s’intituler Parti Communiste Français »

Roland Ricouard poursuivit son combat localement à l’ARAC à partir de 1999, au Mouvement de la Paix ou il remplit les fonctions de membre du bureau à partir de 2002. En 2007, il devint membre du Comité National de l’ACCA (Agir contre le colonialisme) animé notamment par Alban Liechti.
Roland Ricouard atteint de maladie cardiaque fut hospitalisé pendant l’épidémie de Covid 19 au printemps 2020. Il décéda le 26 juin 2020 à la veille de l’élection municipale opposant le 1er ministre de l’époque Édouard Philippe à Jean-Paul Lecoq Député communiste du Havre, pour laquelle il avait avec 159 autres de ces ami.e.s signé un appel à voter Jean Paul Lecoq.
Roland Ricouard avait épousé le 12 janvier 1963, Ivett Boulard, ils eurent trois filles (Marie- Line, Corinne et Sandrine).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157659, notice RICOUARD Roland, Maurice, Christian par Jacques Defortescu, version mise en ligne le 22 mars 2014, dernière modification le 8 décembre 2021.

Par Jacques Defortescu

Roland Ricouard en 2019 (photo P.N./C.P.)
le 31 mars 1990 à Rouen, 20 000 manifestants pour la défense de la Sécurité Sociale , parmi eux les élus communistes de l’agglomération havraise, de Gauche à Droite : Michel Barrier, Gérard Heuzé, Roland Ricouard, Daniel Colliard et Maryvonne Rioual, derrière eux, Jean Paul Lecoq (lunettes noires) et Gérard Eude.
ROLLAND RICOUARD pendant une campagne électorale.(Archives PCF Le Havre)

Roland Ricouard a été l’élu responsable des grands projets de la Maison de la Culture Centre Niemeyer et de la rénovation urbaine du quartier de la Mare Rouge, pour lesquels il consacra toute son énergie pour la réussite de ces projets emblématiques.

SOURCES : Marie-Paule Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre, PURH, 2009. — Roland Ricouard, Pourquoi y être allé ? (non édité). — Entretien avec Roland Ricouard le 6 août 2013. — Note de Jean-Bernard Cremnitzer, architecte et urbaniste qui a travaillé de 1975 à 1995 sur les grands projets urbains pour la Mairie du Havre, juin 2020.

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