PIAULT Abel, Jean, Gabriel

Par Jean-François Lassagne

Né le 17 mai 1942 à Châtellerault (Vienne), instituteur, réceptionniste, infirmier psychiatrique ; militant de l’UNEF, et de l’UEC de 1961 à 1963 et en 1969 ; adhérent du SNI puis de la CGT ; secrétaire de l’Union départementale de la santé de Moselle de 1989 à 1996, membre de la commission exécutive fédérale, de la commission exécutive de l’UD de Moselle de 1993 à 2000, et de celle de l’UL de Metz de 2000 à 2011 ; adhérent du PCF depuis 1963, membre du comité et du bureau de section de Metz, ainsi que du comité fédéral de Moselle ; diffuseur de l’Humanité depuis 1966.

Abel Piault le 18 mars 2006.
Abel Piault le 18 mars 2006.
Photo Jean-François Lassagne.

Les Piault étaient maréchaux-ferrants de père en fils à Châtellerault. Avec la mobilisation du grand-père en 1914, la grand-mère Alexandrine Piault assura non sans difficulté l’activité de la forge familiale avec l’aide d’un apprenti. Né le 9 septembre 1909, leur fils Jean, Marcel Piault choisit l’apprentissage en ébénisterie, puis partit à seize ans à Tours (Indre-et-Loire) chez un artisan. Logeant dans une mansarde, il suivit les cours des compagnons du Devoir. À Paris il fréquenta des cercles de libre-penseurs et participa à des conférences et débats, partit ensuite pour Bordeaux (Gironde), puis Toulouse (Haute-Garonne), Annemasse (Haute-Savoie) et Marseille (Bouches-du-Rhône) où il fut en rapport avec Émile Cottin un ébéniste anarchiste qui commit un attentat contre Clemenceau en 1919, et était assigné à résidence dans l’Oise. Il travailla ensuite à La Ciotat (Bouches-du-Rhône) sur les chantiers navals vers 1930, puis en Algérie pour le centenaire de la conquête. Réformé en 1929, il s’établit artisan ébéniste en 1936 à Châtellerault. En septembre 1939, il épousa Felicia Añaños née en novembre 1905 à Uncastillo en Aragon (Espagne), d’une famille de quatre enfants, et qui avait perdu sa mère à l’âge de huit ans. Son père, né en 1881 et issu d’une famille de muletiers, avait travaillé aux chantiers navals de Barcelone. Socialiste progressiste, militant à l’UGT et adjoint au maire du village, il participa activement à la révolution du 5 octobre 1934 aux Asturies, ce qui lui valut arrestation et emprisonnement jusqu’en 1936 où il fut libéré par le Frente Popular. Mais avec le coup d’Etat de Franco il fut arrêté par les phalangistes et fusillé avec 180 autres personnes du village. Sa fille Felicia Añaños était assistante médicale à Barcelone et suivait des études d’infirmières au moment du Frente Popular. Membre du Parti socialiste unifié de Catalogne (PSUC), elle franchit la frontière, passa en France en 1939 où elle fut transférée avec d’autres femmes et des blessés de guerre à Poitiers puis Châtellerault, logés dans des locaux désaffectés (anciens abattoirs puis ancienne gendarmerie). C’est là qu’elle rencontra Jean Marcel Piault qui leur dispensait son aide. Le 17 mai 1942 naquit Abel, Jean, Gabriel Piault à Châtellerault dans la demeure familiale. Il eut une sœur. Son père poursuivit son activité d’ébéniste durant la guerre, développa son entreprise, et mourut en juin 2008. Sa mère décéda en 1994.

Abel Piault fréquenta l’école primaire Henri Denard (du nom d’un résistant, ancien directeur, fusillé par les nazis), puis le collège en 1953, jusqu’en terminale et obtint le baccalauréat en 1961. De bonne heure il avait été nourri des récits de la guerre d’Espagne par des réfugiés espagnols qui fréquentaient la famille. Etudiant en histoire à la faculté de lettres de Poitiers entre 1961 et 1963, il s’engagea dans le syndicalisme à l’UNEF, adhéra à l’UEC et devint un lecteur assidu de l’Humanité dans cette période de luttes et de manifestations contre l’OAS et la guerre d’Algérie. À Poitiers il entra en relation avec des étudiants du Mozambique, notamment Joaquim Alberto Chissano et Pascoal Mocumbi membres du FRELIMO (Front de libération du Mozambique), le premier devenant président de la République de 1986 à 2004, le second ministre de la Santé de 1980 à 1987 puis des Affaires étrangères jusqu’en 1994. Abel Piault organisa avec eux une conférence sur le colonialisme en avril 1962 à Châtellerault, avant leur expulsion un an plus tard. En mars 1963 il adhéra au Parti communiste français lors d’une collecte au moment de la grève des mineurs. En octobre de la même année, désireux de « changer d’air », il décida de partir en Moselle occuper un poste d’instituteur remplaçant. Après un stage rapide de préformation à Montigny-lès-Metz, il enseigna à Sorbey, Flocourt et à Luppy (trois villages de la campagne messine). L’année suivante, adhérent du Syndicat national des instituteurs, il prit contact avec Léon Steinling* et milita à la cellule de Bellecroix (un quartier de Metz) dont le secrétaire Penoit était également un enseignant. Il s’engagea dans la campagne pour les élections cantonales de mars 1964, avant de partir au service militaire le 27 février. Après six mois à Angoulême, il fut affecté à Freudenstadt en Allemagne, où il resta jusqu’à la fin du mois de juin 1965. De retour en Moselle, et logeant à l’auberge de jeunesse, il reprit son poste d’instituteur remplaçant avec décharge de direction, d’abord à Montigny-lès-Metz puis à Ars-sur-Moselle. Ayant repris contact avec le PCF, il intégra la cellule Joliot-Curie à Metz-nord, participa aux travaux du collectif des enseignants communistes et mena campagne pour les élections présidentielles de décembre 1965. La même année il participa au congrès du Mouvement de la jeunesse communiste à Saint-Ouen, dont il animait le cercle messin et l’équipe départementale. Il démissionna alors de l’Education nationale et exerça plusieurs emplois, notamment celui de réceptionniste de nuit dans un hôtel messin, poste qu’il occupa durant sept ans. Il milita dès lors à la cellule communiste du centre-ville, et débuta sa longue « carrière » de diffuseur de l’Humanité. Dans le même temps il diffusait également France Nouvelle au Foyer du Jeune Travailleur de Metz. Contre vents et marées il maintint son CDH, (centre de diffusion de l’Humanité) par sa présence inlassable du samedi au marché, sans compter sa « tournée » hebdomadaire de livraison à domicile aux lecteurs fidèles. Il participa activement aux évènements de mai 1968, dès le 11, avec la rédaction et la distribution d’un tract de soutien aux étudiants, puis aux différentes initiatives et manifestations, notamment celle du 13 mai à Metz. Il décida alors de reprendre des études universitaires, et s’inscrivit en 1969 en faculté de lettres. Il fut à l’origine de la création de l’UEC à Metz, dont il assura l’animation avec notamment Jean Anderbourg, Aline Brunwasser et Charles Tordjman. Ayant noué des liens avec des réfugiés espagnols travaillant pour la plupart dans des entreprises de Moselle, il assura l’interface avec le Parti communiste espagnol de 1967 jusqu’en 1974. En 1975 il entra élève-infirmier au centre hospitalier spécialisé de Jury près de Metz, et dès lors s’engagea dans le syndicalisme en jetant les bases de la CGT dans l’établissement où jusqu’alors seules la CGT-FO et la CFDT avaient pignon sur rue. Dès 1978 et sans interruption y compris durant sa retraite, Abel Piault assura sa présence et la diffusion régulière du journal l’Humanité au portier de l’établissement, et participa à la mise en place de la cellule Henri Wallon du PCF au CHS. Dès les élections de 1982 la CGT devint majoritaire, et la même année le syndicat mena une grève de trois semaines en novembre, avec occupation d’un pavillon, à la suite du décès de deux infirmiers assassinés par des malades en juillet et en octobre, manifestation tragique de la persistance de problèmes de sécurité. Le résultat de la lutte se traduisit par le gain de trente postes d’infirmiers (quinze à Jury et autant à Thionville), et par la reconnaissance du syndicat. Il fut membre du Comité technique d’établissement de 1992 à 2004. Les syndicats de la santé de Moselle l’élurent secrétaire de leur Union départementale en 1989 jusqu’en 1996, ainsi qu’à la commission exécutive fédérale durant deux mandats en 1989. De même il devint membre de la commission exécutive de l’Union départementale de Moselle de 1993 à 2000, et de celle de l’union locale de Metz de 2000 à 2011. En 1995 à la fête de l’Humanité, il rencontra Yasmina Mouloudi, une étudiante assistante sociale à Paris, originaire de Béziers. Elle s’installa avec lui à Metz, tout en poursuivant ses études à l’IRTS de Ban-Saint-Martin (Moselle), et leur fille Elsa Piault naquit le 22 janvier 1997. Ils se marièrent le 14 juin de la même année. Il fit valoir ses droits à la retraite en mai 2004.

Abel Piault fit partie du comité et du bureau de section du PCF à Metz durant la décennie des années 1990, ainsi que du comité fédéral de 2003 à 2012. Il fut candidat aux élections cantonales de Pange en 2001, puis de Metz II d’abord à la partielle de 2002, puis à l’élection de 2004. De plus il figura sur la liste communiste aux élections municipales de 1989 et 1995 à Metz, et demeura diffuseur de l’Humanité.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157707, notice PIAULT Abel, Jean, Gabriel par Jean-François Lassagne, version mise en ligne le 25 mars 2014, dernière modification le 15 janvier 2022.

Par Jean-François Lassagne

Abel Piault le 18 mars 2006.
Abel Piault le 18 mars 2006.
Photo Jean-François Lassagne.

SOURCES : Arch. de l’UD CGT de Moselle. — Arch. de la Fédération de Moselle du PCF. — Notes de Jacques Girault. — Entretiens les 27 janvier et 3 février 2014.

ICONOGRAPHIE : Abel Piault le 18 mars 2006. Photo Jean-François Lassagne.

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