PAGÈS Jean, Paul, Michel, dit « Casot »

Par André Balent

Né le 11 avril 1911 à Prats-de-Mollo (Pyrénées-Orientales), exécuté sommairement par les Allemands le 1er avril 1945 à Lokve (Yougoslavie, Croatie) ; agriculteur à Prats-de-Mollo : résistant (agent du renseignement et des passages clandestins en Espagne) ; déporté à Mauthausen, évadé ; participa aux combats aux côtés de partisans yougoslaves et italiens.

Jean Pagès (1911-1945)
Jean Pagès (1911-1945)
Archives privées, famille Campana-Homs (nièce de Jean Pagès)

Jean Pagès était le fils de Michel Pagès, cultivateur âgé de trente ans en 1911 domicilié à la « Ville Haute » de Prats-de-Mollo et de son épouse, Thérèse Ribes, âgée à la même date de vingt-sept ans. L’état civil le désigne selon la coutume catalane avec les deux patronymes paternel et maternel : « Pagès Ribes ».

Jean Pagès fut un passeur du réseau Sainte-Jeanne (Voir Horte René, Joseph) et du réseau Alibi – Jean de Vienne (des FFL travaillant pour l’IS) animé dans les Pyrénées-Orientales par le commandant Féty, des GMR. Pagès « travaillait » avec Pere Puig Coma qui résidait chez lui et qui était son compagnon d’équipées montagnardes pour le compte des deux réseaux. Ils formaient tous deux une équipe très sûre. Ils se rendaient parfois jusqu’à Barcelone. Pagès fit passer en Espagne des documents, des officiers et, d’après le décret portant attribution de la médaille miltaire, de « hautes personnalités ». D’ailleurs, au début de 1943, Pagès avait été arrêté une première fois à Prats-de-Mollo alors qu’il revenait de Barcelone. Mais il avait été relaché. Il fut à nouveau arrêté, en compagnie de Pere Puig Coma le 19 février 1943.

Interné au poste de la douane allemande à Arles-sur-Tech puis à la Siecherheitspolizei à Perpignan qui vraisemblablement le tortura à la citadelle occupée par les forces allemandes. Il fut ensuite transféré au camp de Compiègne (Oise). Il partit de ce camp avec le convoi du 16 avril 1943 à destination du camp de concentration de Mauthausen (Autriche) où il reçut le matricule n° 26520. Il fut affecté au commando de Loiblpass (Ljubelj en slovène) qui construisait un tunnel routier entre Ferlach (Carinthie, Autriche) et Podljubelj (Slovénie). La localisation de ce commando, en pleine montagne, favorisa sans doute son évasion tout comme la présence de partisans à proximité.

Le 1er avril 1945, le groupe d’un millier de partisans yougoslaves et italiens auquel appartenait Jean Pagès fut accroché par une unité de SS à proximité de Lokve ( Croatie). Les partisans furent presque tous tués puisqu’il n’y aurait eu que quatre survivants.

Pagès figure de façon erronée sur la liste des déportés des Pyrénées-Orientales morts en déportation publiée dans le tome II b (1998, p. 1053) de l’ouvrage de Ramon Gual et Jean Larrieu et dans une entrée de celui de Jean Larrieu (I, 1994). Elle signale le 17 septembre 1944 comme date de sa mort. Le tome I de Jean Larrieu (I, 1994) et le tome II a (1996) de Gual et Larrieu rendent pourtant compte de son évasion et de sa mort en Croatie aux côtés de partisans.

Son acte de naissance est accompagné de quatre mentions marginales concernant son décès. La première indique que la date de son décès "en Allemagne" est le « 1er avril 1944 ».. La deuxième mentionne un « avis de disparition » en date du 23 janvier 1948 : ce jugement est incompréhensible alors que le lieu et la date de son décès étaient déjà connus ainsi que nous le verrons dans le paragraphe suivant. La troisième fait allusion à un jugement du tribunal civil de Céret (Pyrénées-Orientales), prenant sans doute acte de sa disparition. La quatrième donne un extrait du jugement du tribunal de grande instance de Perpignan (Pyrénées-Orientales) en date du 5 avril 1962 : « Il est dit que la date du décès de Pagès Jean Paul Joseph sera rectifiée (...) qu’elle sera modifiée comme étant le 1er avril 1945 et non le 1er avril 1944 ». Cet extrait n’indique pas le lieu que nous connaissons depuis 1947.

En effet, le décret du 13 novembre 1947, publié au Journal officiel du 19 novembre 1947 relatif à l’attribution posthume de la médaille militaire à Jean, Paul Pagès indique qu’après son évasion du camp, le 17 septembre 1944, il intégra une unité de partisans composée à la fois de Yougoslaves et d’Italiens. Le texte du décret précise que Jean Pagès "est tombé héroïquement à Lokve [en Croatie, près la frontière avec la Slovénie et de la ville de Rijeka] le 1er avril 1945 au cours d’une attaque menée par une division SS qui exécutait sauvagement tous les prisonniers. Belle figure de Résistant ». La Croix de Guerre avec Palme lui fut concédée à titre posthume. Le grade d’adjudant des FFI lui fut également attribué.

Son nom (Pagès J.) figure sur le monument aux morts de la commune de Prats-de-Mollo.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157798, notice PAGÈS Jean, Paul, Michel, dit « Casot » par André Balent, version mise en ligne le 8 avril 2014, dernière modification le 7 novembre 2022.

Par André Balent

Jean Pagès (1911-1945)
Jean Pagès (1911-1945)
Archives privées, famille Campana-Homs (nièce de Jean Pagès)
Le camp du Loiblpass (Slovénie), commando du camp de Mauthausen (Autriche)
Le camp du Loiblpass (Slovénie), commando du camp de Mauthausen (Autriche)
Archives privées, famille Campana-Homs (nièce de Jean Pagès)

SOURCES : Arch. com. Prats-de-Mollo – La Preste, registre de l’état civil (1911), acte de naissance de Jean Pagès et mentions marginales.— Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, II a, Els Alemanys fa (pas massa) … temps, Prades, Terra Nostra, 1996, pp. 199, 218, 219. — Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, I, Chronologie des années noires, Prades, Terra Nostra 1994, pp. 168-169. — Livre mémorial de la déportation consulté le 28 mars 2014 sur le site de la Fondation pour la mémoire de la déportation (http://www.bddm.org/liv/index_liv.php ).

ICONOGRAPHIE : Gual et Larrieu, op. cit., 1996, p ; 218

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable