LAVALETTE Évelyne [Eveline SAFIR LAVALETTE] [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Née à Alger en 1927, morte le 25 avril 2014 à Médéa ; prenant part à l’Association algérienne pour l’action sociale (AJAAS) ; avec les aumôniers catholiques, hébergeant les dirigeants FLN d’Alger ; emprisonnée et torturée ; à l’indépendance, députée à l’Assemblée nationale constituante.

Du côté paternel et maternel, les ascendants seraient établis en Algérie depuis les débuts de la colonisation. Après des études primaires et secondaires à Alger dans des écoles françaises laïques, à dix-huit ans, catholique portée vers l’action sociale, Évelyne Lavalette fréquente le groupe de l’Association algérienne pour l’action sociale (AJAAS), animée notamment par Pierre Chaulet sous le patronage d’André Mandouze, qui a des contacts avec des scouts musulmans et compte quelques étudiants algériens. Elle est liée aux aumôniers de l’action catholique ouvrière ; on lui prête une adhésion à la CFTC, malgré son jeune âge.

Dès 1955, elle met son appartement au centre d’Alger à la disposition du FLN sous la direction de B. Ben Khedda ; le commandant Ouamrane de l’ALN s’y abrite notamment. Elle obtient de l’abbé Leclercq, aumônier des prisons, de laisser s’installer dans son logement du presbytère, la ronéo qui tire les tracts du FLN et reproduit des numéros d’El Moudjahid.

Suspectée, elle est arrêtée dans la voiture de l’abbé Leclerq dans une rue d’Alger, par des civils « européens », le 15 novembre 1956, conduite au commissariat et remise à la DST puis transférée à Oran, dans les fameuses « caves du trésor » qui cachent les détenues en particulier communistes, ainsi Gaby Jimenez, Joséphine Carmona, Blanche Moine* et les sœurs Larribère. Malgré ses vingt ans, elle subit non seulement les coups mais les tortures « classiques », y compris à l’eau et à l’électricité. En prison, elle écrit des poèmes. Elle est condamnée en juillet 1957 à trois ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État ».

Elle est envoyée de prison en prison ; pour raison disciplinaire transférée de Maison-Carrée (El-Harrach) à Orléansville (Chlef) où elle est assignée à quatre mois de cachot pour refus en tant que prisonnière politique de travailler avec les droits communs. Revenue à Maison-Carrée (El-Harrach), elle fait une grève de la faim qui lui vaut un coma et l’hospitalisation à l’hôpital Mustapha dans le pavillon des fous pendant quatre mois. Sur grâce du général de Gaulle, elle est libérée pour être expulsée sur la France le 31 août 1959.

À son retour à Alger à l’indépendance, elle sera choisie par le FLN qui met à l’honneur, les catholiques progressistes du groupe de Pierre Chaulet, pour être députée à l’Assemblée nationale constituante algérienne.Elle participa ensuite au ministère du Travail algérien.

Elle était mariée avec Abdelkader Safir.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157906, notice LAVALETTE Évelyne [Eveline SAFIR LAVALETTE] [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 6 avril 2014, dernière modification le 16 juin 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Andrée Dore-Audibert, Des Françaises d’Algérie dans la guerre de libération, Karthala, Paris, 1995. — Le Monde, 30 avril 2014.

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