PISTOR Fernand, Denis. Pseudonyme : Jean PONTACQ

Par Alain Dalançon

Né le 6 décembre 1910 à Bordj Bou Arreridj (Algérie), mort pour la France le 25 août 1944 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; maître d’internat puis professeur agrégé des lettres ; militant du syndicat des MI puis du SPES (FGE-CGT) ; correspondant de guerre de Radio-France.

Fernand Pistor
Fernand Pistor
Correspondant de guerre

Fils unique de Charles Pistor, avocat, maire de Bordj Bou Arreridji, petite ville du Constantinois, Fernand Pistor ne connut jamais sa mère morte en couches. Il fut donc confié à son grand-père maternel et à ses tantes qui l’élevèrent à Pau (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) d’où étaient originaires les familles de ses parents.

Il effectua ses études secondaires au lycée de Pau jusqu’à la seconde. Il y avait créé avec son ami Louis Lataillade, à partir de la rentrée 1924, un journal périodique littéraire et scientifique, Coup d’aile, pour publier notamment leurs premiers vers, « Goélands amoureux ».

Puis il rejoignit son père à Alger où ce dernier était devenu avoué à la Cour, termina ses études secondaires au lycée Bugeaud et fut lauréat (3e) au concours général en histoire en 1927. Après l’obtention du baccalauréat en 1928, il poursuivit des études de Droit à la Faculté d’Alger et obtint sa licence (1932) et son doctorat, tout en étant maître d’internat au lycée Ben Akoun (1928-1929) puis au lycée Bugeaud (1929-1934). Il s’occupait d’une équipe de football dont le gardien de buts était Albert Camus, avant que ce dernier ne soit contraint d’arrêter le sport en 1930, en raison d’une attaque de la tuberculose. Fernand Pistor commença aussi à s’engager en étant le responsable de la rédaction d’Alger étudiant, l’organe de l’Association générale des étudiants d’Algérie.

Plus que le Droit, c’était la littérature qui l’intéressait : il s’était donc réorienté vers des études de lettres à la Faculté d’Alger (licence en 1933 et diplôme d’études supérieures en 1934) et décida d’aller préparer l’agrégation à Paris à la Sorbonne. Pour vivre, il fut successivement MI au collège de Compiègne (1934-1935) puis au lycée Hoche de Versailles (octobre-décembre 1935) et enfin au lycée Louis le Grand à Paris (décembre 1935-juillet 1937), où il se trouvait au moment de la victoire du Front populaire. Il était rapidement devenu un des responsables nationaux du Syndicat des maîtres et maîtresses d’internat affilié à la Fédération générale de l’enseignement-CGT. En mars 1937, il fut le principal négociateur auprès du ministre de l’Éducation nationale, Jean Zay, du Sénat et de la Chambre des députés, du rétablissement de la maîtrise d’internat supprimée en 1934 par le gouvernement Doumergue dans le cadre de la politique d’austérité. Ce décret de mai 1937 réglementa la catégorie des MI jusqu’à sa disparition en 2003. Fernand Pistor fut également un des négociateurs de la fusion de son syndicat dans le Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire affilié à la FGE-CGT, réunissant trois autres syndicats du secondaire, qui vit officiellement le jour en décembre 1937 après l’échec de l’affiliation du Syndicat des professeurs autonome (S3) à la CGT au congrès de Pâques précédent.

Il venait d’être reçu à l’agrégation des lettres à la session de 1937. Il effectua alors son service militaire à Rennes au 20e Régiment d’Artillerie nord-africaine, avant d’être nommé à la rentrée 1938, professeur agrégé au lycée Bugeaud d’Alger et fut un des responsables du SPES en Algérie. Mobilisé en 1939 comme maréchal des logis-chef dans le 85e puis le 83e Régiment d’artillerie, il combattit en France et obtint deux citations. Ulcéré par la défaite, il fut démobilisé en août 1940 et reprit son poste au lycée Bugeaud à la rentrée suivante, où il eut pour collègue Louis Joxe.

Fernand Pistor laissa à ses élèves le souvenir d’un jeune professeur très cultivé, dynamique, ouvert à la discussion y compris sur des sujets politiques contemporains. Après l’opération Torch du 8 novembre 1942, il fut remobilisé et fut chargé des émissions littéraires de Radio-France avec Max-Pol Fouchet. Il prit alors le pseudonyme de Jean Pontacq, rappelant la maison familiale béarnaise de Labatmale près de Pontacq. Il fut surtout ensuite correspondant de guerre pour cette radio, ce qui le conduisit de la Tunisie à Rome, puis l’île d’Elbe où il reçut une nouvelle citation. Il trouva la mort le 25 août 1944, lors de l’assaut par les tirailleurs algériens pour s’emparer de Notre Dame de la Garde à Marseille. Il n’avait pas eu le temps de se consacrer comme il l’aurait souhaité à la littérature. Son nom fut donné à un studio au centre de reportage de la Radio française, rue François 1er à Paris. Dans la revue Arche de décembre 1944-janvier 1945 furent publiées ses « Dernières images d’Italie ». Ses amis éditèrent en 1978 à Pau ses Correspondances de guerre. De Tunis à Marseille avec les troupes françaises d’Afrique du Nord.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157912, notice PISTOR Fernand, Denis. Pseudonyme : Jean PONTACQ par Alain Dalançon, version mise en ligne le 6 avril 2014, dernière modification le 5 décembre 2022.

Par Alain Dalançon

Fernand Pistor
Fernand Pistor
Correspondant de guerre

SOURCES : Arch. nationales, F17/27210.— Arch. IRHSES (fonds MI-SE d’avant-guerre exploité dans Points de Repères n° 16, décembre 1996). — Service des Archives de la Communauté d’agglomération Pau-Pyrénées (fonds Pistor). — « Vie et mort de Fernand Pistor » par Edmond Brua, rédacteur en chef du Journal d’Alger en 1944 et témoignage de Louis Lataillade (in Pistor témoignages 3 : georges2.over-blog.com/article-21785222.html‎). — G. Volz, Zur Geschichte der Familie Pistor aus Bergzabern, D 67346 Speyer/Rhein, Robert Weber Offsetdruck OHG, 2002, 96 p.- ( Jahrbuch der Hambach-Gesellschaft. Sonderband ). — Notes de Jacques Girault.

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