Par Claude Pennetier, Dominique Tantin
Né le 19 avril 1904 à Strasbourg (Bas-Rhin annexé à l’Empire allemand), exécuté sommairement le 26 mars 1944 à Sainte-Marie-de-Chignac (Dordogne) ; résistant.
Arno Falk fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la 325e division de sécurité, appelée aussi division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département. Les hommes furent abattus parce que Juifs et les femmes et les enfants furent souvent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.
Rodolphe Arno Falk était le fils de Gabriel et de Ella Strauss. Il avait épousé Joséphine Schmidlin, née le 25 septembre 1908 à Strasbourg. Ils étaient domiciliés, depuis le 8 septembre 1941, à Excideuil puis à Saint-Médard-d’Excideuil. Il était employé comme chauffeur mais aussi comme ouvrier agricole au château d’Essendiéras où il vivait avec son oncle, Eugène Strauss, alsacien, ancien industriel. À l’instar de son oncle, il avait rejoint la Résistance pour laquelle il travaillait comme agent de liaison.
Il fut arrêté au cours de la rafle du 11 mars 1944 faite à Excideuil et dans les environs et transféré à la prison de Limoges. Il fit partie des 23 fusillés comme otage à Sainte-Marie-de-Chignac au lieu-dit Les Potences le 27 mars 1944 par des éléments de la division Brehmer en représailles à une action de la Résistance.
Il obtint la mention Mort pour la France.
Eugène Strauss, résistant, considéré comme juif bien qu’issu d’une famille protestante, fut exécuté au camp de Souges (Gironde), le 19 avril 1944.
Voir Sainte-Marie-de-Chignac, 27 mars et 1er avril 1944 et Camp de Souge
Par Claude Pennetier, Dominique Tantin
SOURCES : Arch. dép. Dordogne, 1 W 1838 ; 5 W 5 ; enregistrement de son fils, M. Gérard Falk, consultable aux Archives départementales de la Dordogne sous la cote 7 AV 73 et 7 AV 74 ; Registre d’état civil de Sainte-Marie-de-Chignac. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, pp. 237-242, 323. — Anacr Dordogne, Mémorial de la Résistance en Dordogne… Sous la terreur nazie, Périgueux, Copédit, 1985, p. 195. — Jeanne Pouquet, Journal sous l’Occupation en Périgord 1942-1945, éd. du Rocher, mai 2006. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 401. — Renseignements communiqués par le Comité pour le souvenir des fusillés du camp de Souge.