BARSONY Stéphane [parfois orthographié Stefán, Stefano ou Stéphano. Pseudonymes dans la Résistance : Georges, Gaston]

Par Julia Valat-Bodin, Julien Lucchini

Né le 9 décembre 1915 à Brasov (Transylvanie, Roumanie), mort le 9 septembre 1999 à Saint-Orens (Haute-Garonne) ; médecin ; militant communiste ; brigadiste durant la guerre d’Espagne ; résistant FTP, homologué FFI ; membre de l’Union des juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE) et du Mouvement national contre le racisme (MNCR).

Fils d’Alexandre Barsony, avocat, et d’Eleonore Wertheymer (parfois orthographié Wertheimer), Stéphane Barsony dut se résoudre à quitter sa Roumanie natale après des études au lycée, les portes des universités étant fermées pour les Juifs. Il s’inscrivit alors brièvement, selon certaines sources, à la faculté de Bologne (Émilie-Romagne, Italie). Néanmoins, l’Italie étant alors en proie au fascisme, Stéphane Barsony décida de poursuivre ses études en France, d’abord à Montpellier (Hérault). Un an après son arrivée en France, il gagna Toulouse (Haute-Garonne), où il s’établit durablement.

Étudiant en médecine à Toulouse, il noua des liens avec de jeunes militants communistes et devint membre de l’Union fédérale des étudiants (UFE). Dès 1935, un rapport le présentait comme « un des quatre étrangers » meneurs d’une grève agricole à Quarante (Hérault), où ils avaient pris la parole le 13 septembre. Les trois autres militants incriminés étaient Boleslaww Kagan (Polonais), Hersch Mayer (Roumain), Szyfra Lipzyc (Polonaise). À en croire ce rapport, tous quatre étaient porteurs d’une carte délivrée par le Parti communiste. Une mesure d’expulsion fut requise contre eux par le chef de cabinet du préfet de l’Hérault et, le 3 mars 1936, un arrêté d’expulsion fut édicté à l’encontre de Stéphane Barsony. S’ensuivirent plusieurs années durant lesquelles Stéphane Barsony dut régulièrement solliciter la préfecture pour obtenir le renouvellement de son autorisation de résidence. Ces autorisations lui furent tour à tour accordées, notamment en raison de renseignements favorables (un rapport d’octobre 1938 du ministère des Travaux publics le décrivait comme un « brave garçon »), mais il n’obtint pas pour autant sa naturalisation, en dépit de plusieurs demandes.

Stéphane Barsony fut volontaire en Espagne républicaine d’octobre 1936 à avril 1937. Il combattit notamment à Madrid puis sur le front de l’Ebre.

À la déclaration de guerre, en 1939, Stéphane Barsony tenta sans succès de se porter volontaire. L’année suivante, en septembre 1940, Stéphane Barsony entra en clandestinité, et servit dans la Résistance, d’abord au sein du Front national de lutte pour la Libération et l’indépendance, puis au sein des forces FTP. Selon ses rapports ultérieurs d’homologation, il combattit à compter de 1943 dans la brigade Marcel Langer (35e brigade de Haute-Garonne), où il servit comme médecin et sous-lieutenant. Résistant à Toulouse et en Haute-Garonne, il gagna Marseille (Bouches-du-Rhône) en 1944 et participa à la bataille de libération de la cité phocéenne. Responsable de l’Union des juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE), Stéphane Barsony avait été, selon Jean Estèbe, à l’origine d’un document clandestin de 1944 intitulé Le mensonge raciste. Homologué au rang des FFI dans l’après-guerre, il fut décoré de la Médaille de la Résistance et de la Croix de Guerre.

Revenu à la vie civile, Stéphane Barsony fut naturalisé français et reprit ses activités professionnelles comme médecin, tenant son cabinet au 84, allées Jean-Jaurès, à Toulouse. Avec Salomon (Roger) Tauber, il participa activement à la création, dès septembre 1944, de l’hôpital toulousain Joseph-Ducuing, dit « hôpital Varsovie » en raison de son emplacement (15, rue Varsovie), dédié alors aux revenants de la Reconquista de España. Militant « critique » du Parti communiste jusque dans les années 1968 selon Jean-Paul Salles, Stéphane Barsony prit ensuite une part active à l’antenne toulousaine du Mouvement national contre le racisme (MNCR). En 1970, il était également membre de l’Amicale des volontaires de l’Espagne républicaine (AVER).

Stéphane Barsony s’éteignit le 9 septembre 1999 à Saint-Orens (Haute-Garonne). Libération du 22 septembre 1999 publia une annonce de décès : « À ses compagnons de Brigades internationales, à ceux des FTP-MOI 35e Brigade Marcel Langer, à tous ses amis, le Docteur Stéphane Barsony après avoir passé l’Ebre, a traversé le Styx ce 9 septembre 1999. Il a été accompagné par les siens, ses petites-filles, et ses amis, avec le Kaddish et le rouge, jaune, violet du drapeau Républicain Espagnol au cimetière de Terre Cabade à Toulouse. Sa générosité, sa cohérence impertinente, sa lucidité et son humour vont nous manquer. »

Stéphane Barsony était marié à Madeleine Santucci. Ensemble, ils eurent deux fils, Jacques, militant trotskiste et lui-même médecin, Piotr, peintre et dessinateur, et une fille, Véronique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15794, notice BARSONY Stéphane [parfois orthographié Stefán, Stefano ou Stéphano. Pseudonymes dans la Résistance : Georges, Gaston] par Julia Valat-Bodin, Julien Lucchini, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 27 décembre 2021.

Par Julia Valat-Bodin, Julien Lucchini

SOURCES : AN 19940434-0120. — SHD. — Arch. AVER. — Jean Estèbe, Les juifs au temps de Vichy : À Toulouse et en Midi toulousain, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1996. — Libération, 22 septembre 1999. — Le Monde, 24 septembre 1999. — l’Humanité, 12 avril 2013. — Notice sur le site des Amis de la Fondation de la Résistance. — Notice sur le site Memoria histórica Brigades internacionales (Université de Barcelone). — MEL. — Témoignage de Michèle Santucci. — Notes de Rémi Skoutelski.

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