ALLARD Léon.

Par Jean-Louis Delaet

Né le 23 novembre 1909à Gilly (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi) ; comptable, fonctionnaire, directeur commercial puis enseignant, militant socialiste, dirigeant de la Jeune garde socialiste, résistant, conseiller communal socialiste à Gilly, Farciennes puis Fleurus (pr. Hainaut, arr. Charleroi), échevin à Fleurus, conseiller provincial du Hainaut.

Léon Allard est le fils d’un souffleur de verre, employé chez Henri Lambert à Lodelinsart, appelé « l’ingénieur » car il pouvait produire toutes les dimensions de cylindres de verre. Il séjourne à Montluçon (département de l’Allier, France) où son père travaille de 1919 à 1921. Après trois années d’études à l’École moyenne de Gilly, il entre au bureau d’exportation Achille Charlot à Charleroi où il reste dix ans. Diplômé en sciences comptables et commerciales, il est un pur produit de l’enseignement du soir et du dimanche. Il fréquente pendant onze ans les écoles industrielles dites, plus tard, de promotion sociale, de Gilly, de l’Université du travail de Charleroi et de l’Institut des sciences comptables et commerciales de Namur (pr. et arr. Namur).

Militant socialiste, trésorier de la section de la Jeune garde socialiste (JGS) de Gilly, Léon Allard devient, en août 1934, permanent à la Fédération nationale des JGS. Il est socialiste dans le cœur : « mon université en socialisme fut ma grand-mère maternelle, descendue dans la fosse à l’âge de 9 ans ». Il est membre du Comité exécutif aux côtés de Fernand Godefroid*, René Delbrouck*, André Genot* et Hector Roland*, et chargé de l’administration et de la trésorerie du mouvement. Il est en même temps président, puis secrétaire de la Fédération JGS de Charleroi.

Léon Allard écrit abondamment dans les organes des JGS, le mensuel J.G.S. La jeune garde, le journal J.G.S., la Revue des dirigeants, avec pour sujets de prédilection : la lutte antifasciste, les droits des jeunes, l’organisation du mouvement et la moralité politique, s’attaquant notamment aux « cumulards ».

L’unité organique des JGS et des jeunes communistes est décidée en août 1936 au sein de la JGS unitaire, marquant ainsi l’attachement des jeunes à la cause du rapprochement, voire de l’unité des deux partis ouvriers. Mais un congrès de la JGS ayant décidé d’autoriser les JGS à s’inscrire, s’ils le désirent, au Parti communiste de Belgique (PCB), Léon Allard ne peut admettre cette liberté qui donne la possibilité au PCB de se livrer à un véritable travail fractionnel au sein des JGS et d’y avoir droit de regard. Pour lui, la JGS est un mouvement de jeunesse du Parti ouvrier belge (POB) et rien que du POB. Cette position, adoptée par l’assemblée plénière de la Fédération régionale de Charleroi, n’est pas suivie par le Congrès national de la Fédération nationale des JGS réuni en juillet 1937.

Léon Allard quitte le Comité exécutif de la Fédération de Charleroi, démissionne de son poste de trésorier national mais la Fédération confirme le maintien de sa position avec toutes les conséquences que cela peut comporter. C’est la désolidarisation de la décision du Congrès national. Mais, tenant compte de la situation périlleuse du mouvement, le Comité national des JGS revient, en septembre 1937, sur la décision prise au congrès, d’autant que le Conseil général du POB a décidé, de son côté, qu’un JGS ne peut faire partie d’un autre parti que le POB.

La même année, Léon Allard entre à l’Office national de placement et du chômage, prédécesseur de l’Office national de l’emploi (ONEm). Mais il assure, à partir de mai 1940, les fonctions de secrétaire communal a.i. de Farciennes et secrétaire a.i. de la Commission d’assistance publique (CAP). Il crée les services de ravitaillement et de secours civils, secondant les efforts du bourgmestre, Samuel Brogniez.

Résistant, Léon Allard participe au fil du temps à l’activité de Solidarité FI, du service Socrate, de l’Armée secrète. Il aide les réfractaires au travail obligatoire, informe l’Intelligence service et, après la création du grand Charleroi, il crée, avec des moyens de fortune, son propre journal clandestin : Le policier de service.

À la Libération, Léon Allard prend la direction commerciale d’une firme privée. Fait exceptionnel, il est élu successivement conseiller communal dans trois communes de l’arrondissement : en 1938 à Gilly mais il ne siège pas car il est professeur à l’école industrielle, en 1946 à Farciennes mais il déménage et ne siège pas, et, en 1952, à Fleurus où, depuis 1947, il est membre de la Commission d’assistance publique (CAP), représentant la section du Parti socialiste belge (PSB) autonome du Vieux-Campinaire. Il est échevin des Finances et de l’État civil de 1953 à 1971, aux côtés du bourgmestre, René Benit*. Il siège au conseil provincial de 1965 à 1968. Lors de la préparation des élections législatives de 1965, il est classé quatrième au poll pour le Sénat.

Léon Allard est président du Foyer fleurusien de 1953 à 1973. Il donne une impulsion décisive à la société en faisant passer le nombre de logements sociaux de 28 à près de 400. Sa première réalisation est la cité du Camp Dandois au Vieux-Campinaire. En 1981, le Foyer fleurusien, en hommage pour son action, donne son nom à une nouvelle résidence de cinquante-deux appartements. Professeur, il est la cheville ouvrière et le directeur, pendant trente-cinq ans, de l’école industrielle de Gilly. Pour lui, l’enseignement est plus une vocation qu’un métier. Il anime aussi les cercles locaux d’éducation ouvrière par les conférences qu’il aime donner, par exemple : « Albert Schweitzer », « Madame Curie », « Autour du Chat Noir », le célèbre cabaret.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157942, notice ALLARD Léon. par Jean-Louis Delaet, version mise en ligne le 8 avril 2014, dernière modification le 31 octobre 2021.

Par Jean-Louis Delaet

ŒUVRE : Degrelle, pirate de l’électricité, s.l., 1936.

SOURCES : Interview par Jean-Louis Delaet ; février 1990 – Correspondance de la Fédération nationale des JGS, articles de presse, coupures de journaux.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable