BILLEN Hubert.

Par Jean-Louis Delaet

Pironchamps (aujourd’hui commune de Farciennes, pr. Hainaut, arr. Charleroi), 8 décembre 1906 – Farciennes, 9 mars 1975. Ouvrier mineur puis cheminot, militant syndical socialiste puis dirigeant de la Centrale générale des services publics et de la Fédération générale du travail de Belgique, fondateur du Mouvement populaire wallon.

Ouvrier mineur à l’âge de douze ans, Hubert Billen devient machiniste à la SNCB (Société nationale des chemins de fer belges), après avoir suivi des cours du soir à l’école industrielle. Attiré par l’action syndicale et politique, il participe à l’effort de syndicalisation des cheminots et à la campagne des comités anti-Rex contre Léon Degrelle, animés à Charleroi par Arthur Gailly*.

Résistant durant l’Occupation de 1940 à 1944, Hubert Billen assure surtout la continuité de l’action syndicale dans les services publics. Il est le fondateur de la régionale de Charleroi du Syndicat général unifié des services publics (SGUSS), proche du Mouvement syndical unifié, qui prône le renouveau de l’action directe à la base et l’indépendance syndicale face aux partis politiques contre la pratique ancienne de la Confédération générale du travail de Belgique (CGTB).

Au sein des services publics, à Charleroi, l’union se fait en 1945 par la création de la régionale de la Centrale générale des services publics (CGSP), dont Hubert Billen assure la direction jusqu’en 1970. Lors du Congrès de fusion de la régionale de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) de Charleroi le 7 avril 1946, il en devient l’un des trois vice-présidents. Lors de l’élection à la présidence du député Arthur Gailly*, la CGSP refuse de ratifier sa candidature et s’abstient, marquant ainsi l’indépendance syndicale nouvelle et l’incompatibilité nécessaire entre mandat politique et syndical. Lorsque l’unité ouvrière est recouvrée, Billen reste le seul vice-président et ce, jusqu’en 1970 également.

Outre le secrétariat régional de la CGSP et la vice-présidence de la régionale, qui pénètre peu à peu un milieu autrefois rebelle à l’organisation syndicale, Hubert Billen est membre du Comité exécutif national de la CGSP et du Bureau national du secteur cheminots et vice-président de l’ASBL La Maison des huit heures de Charleroi, gérée par les secteurs cheminots et téléphone et télégraphes. Il est aussi président du Conseil de prud’hommes du bassin de Charleroi.

Hubert Billen s’engage, suivi par la régionale CGSP, dans l’action du Mouvement populaire wallon (MPW). Frappés prioritairement par les mesures prévues par le projet de loi unique, les travailleurs des services publics se mobilisent dès le mois de novembre 1960. Billen participe à la préparation et à la formation du Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB, créé à l’initiative d’André Renard le 23 décembre 1960 devant l’urgence pour les travailleurs wallons de s’unir : « Nous devons nous sauver nous-mêmes », déclare-t-il. Lancé à fond dans la grève du siècle, il signe la déclaration du 15 janvier 1961, réclamant des modifications structurelles profondes au sein du mouvement syndical et l’organisation d’une confédération comprenant deux fédérations, flamande et wallonne.

Fondateur du Mouvement populaire wallon (MPW) auquel s’affilient collectivement la CGSP et le SETca (Syndicat des employés, techniciens et cadres de Belgique) de Charleroi, Hubert Billen est président, le 24 mars 1961, puis vice-président, le 2 juin 1961, de la régionale de Charleroi et membre du Bureau fédéral (pour toute la région wallonne) le 19 novembre 1961 jusqu’en 1970, date de sa retraite.

Hubert Billen traverse sereinement, sans tomber dans la polémique, cette période sombre pour le mouvement syndical carolorégien où la régionale FGTB ne fonctionne plus et les déchirements sont profonds jusqu’à l’arrivée d’Ernest Davister* à la présidence en 1964. Il participe activement à l’organisation des manifestations pour la défense de l’économie régionale des 12 décembre 1966 et 18 avril 1969. Lors de l’achat par la FGTB du Journal de Charleroi, en juillet 1966 et la fusion avec le journal, L’Indépendance, en février 1967, il est nommé vice-président de la SA Presse démocrate et socialiste de Charleroi.

Hubert Billen est, de 1959 à sa mort, président de la Commission d’assistance publique de Farciennes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157971, notice BILLEN Hubert. par Jean-Louis Delaet, version mise en ligne le 8 avril 2014, dernière modification le 20 août 2020.

Par Jean-Louis Delaet

SOURCES : Journal de Charleroi, 8 avril 1946 – Le journal et indépendance, 11 mars 1975 – Rapport moral et administratif de la FGTB Charleroi 1948-1950, Congrès de janvier 1951, s.l., 1951, p. 4 – MOREAU A., Combat syndical et conscience wallonne, Bruxelles-Charleroi-Liège, 1984, p. 31, 113.

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