BARTHÉLEMY André, Jules, François

Par Yves-Claude Lequin

Né le 16 juin 1897 à Dole (Jura), mort le 30 janvier 1980 à Dole ; fonctionnaire des PTT ; militant communiste ; député du Jura (1945-1958), conseiller général, conseiller municipal de Dole.

André Barthélémy dans les années 1940
André Barthélémy dans les années 1940
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946

André Barthélemy est fils d’un cheminot politiquement radical, militant syndicaliste, et qui participa notamment à la grève de 1910 et surtout à celles de 1920 dont il fut l’un des animateurs à Dole.

À la sortie de l’école primaire supérieure, André Barthélemy entra dans les PTT ; mobilisé en janvier 1917 et peu après envoyé sur le front, il était parti empreint de l’état d’esprit ambiant, emportant dans sa musette Les Chants du soldat de P. Déroulède. Mais la vie du front le marqua profondément ; il participa à plusieurs batailles et fut gazé ; il fut en outre ébranlé par la lecture du Feu de Barbusse et la rencontre d’un défenseur enthousiaste de la Révolution russe...

Nommé à Lille en 1919, il y fit son premier pas « politique » en adhérant à l’ARAC ; nommé l’année suivante à Lyon, il y demeura cinq ans et entra alors de manière décisive dans l’action, fondant un syndicat CGTU de postiers ; en 1924, il adhérait au Parti communiste.

Il s’était marié le 26 janvier 1921 à Laon (Aisne).

Ce fut sans doute à la fin de l’année 1925 qu’il retrouva sa ville natale en qualité de commis principal des PTT. Il accéda bientôt à des responsabilités dans le mouvement ouvrier. Sur le plan syndical, après avoir créé un syndicat unitaire, d’abord très minoritaire parmi les postiers dolois, il devint, quelques années plus tard, secrétaire de la 9e région postale de la CGTU (au moins à partir de 1933) ; sur place, il fut quelque temps (1929-1930) secrétaire de l’Union locale unitaire de Dole. Dans le domaine politique il n’était pas moins actif : il était, en 1932, secrétaire du rayon communiste de Dole qui comptait quatre cellules groupant 264 adhérents. En dehors de Barthélemy, le bureau se composait de : Bodin X., secrétaire adjoint, Parnet V., trésorier, Boileau J., trésorier adjoint, Lopin R. Correspondant du Semeur ouvrier et paysan, journal communiste régional et de l’Humanité, diffuseur efficace de ces journaux (en 1933, il gagna le concours d’abonnement du Semeur) ainsi que des revues d’avant-garde comme L’Appel des soviets, Regards, Monde, il se montra aussi actif propagandiste au cours des périodes électorales : candidat aux élections municipales, il obtint en mai 1929, 275 voix sur 3 251 suffrages exprimés, en mai 1935, 436 sur 3 364, candidat aux élections cantonales, notamment en 1932 et aux élections législatives de mai 1932 dans la circonscription de Dole où il totalisa 621 voix sur 14 705 suffrages exprimés.

À partir de 1930 environ il partagea les principales responsabilités politiques du Parti avec René Lopin.

Pionnier de la lutte antifasciste, il fut délégué au congrès d’Amsterdam-Pleyel tenu à Paris les 4-6 juin 1933.

Son action lui valut quelques sanctions administratives, notamment en 1934. Son activité syndicale et politique au temps du Front populaire, ses responsabilités à l’Étoile sportive doloise qui le rendaient influent parmi les jeunes firent que dès mai 1940, il fut assigné à résidence à Guingamp (Côtes-du-Nord) où il continua son travail de postier ; il demeura néanmoins en rapport avec le Parti et assura des liaisons ; il fut alors déplacé dans le Vaucluse et enfin, en mai 1944, à Morteau (Doubs) près de sa région d’origine.

Le 24 août 1944, il participa, dans les rangs du FFI à la libération de Morteau. Un mois plus tard il retrouvait Dole, à son tour libéré, et de nouvelles responsabilités : intégré au Comité local de Libération de Dole, où il représentait le Parti communiste puis au Comité départemental de Libération du Jura, il devint bientôt membre de la Haute Cour de Justice.

Un rapport préfectoral de 1945 éclaire l’influence d’André Barthélemy : « Membre du bureau régional, il jouit d’un prestige tel qu’il peut-être considéré comme le chef. En tant que directeur de l’école départementale du parti communiste, technicien de la doctrine communiste, il joue un rôle prépondérant dans la formation des cadres du parti dans le Jura. [...] Dans les milieux ouvriers, on rend hommage à ses qualités d’intégrité, d’intelligence et de fermeté, quoi qu’il passe pour faire preuve, tant soit peu, de sectarisme. » (Arch. Dép. Jura, 1 203 W 122). Le secrétariat national du 14 avril 1947 s’inquiéta du « manque de vigilance » de la fédération du Jura quant au contenu du journal fédéral, et donna « un dernier avertissement à Barthélémy sur l’inconscience qui le caractérise dans toutes les questions intéressant sa fédération. » Il fut directeur de L’Étincelle du Jura puis de la Voix jurassienne.

Le rôle des communistes dans la Résistance et notamment le sien, ainsi que ses qualités propres l’avaient rendu très populaire ; c’est ainsi qu’en 1945, en compagnie de cinq autres communistes du département, il fut élu conseiller général ; totalisant 3 076 voix au 1er tour sur 9 803 suffrages exprimés, il bénéficia du désistement du socialiste Geoffroy qui avait recueilli 2 076 voix. Non présenté aux élections municipales d’avril 1945, il fut élu lors de celles d’octobre 1947, réélu en 1953 mais battu en 1959, ainsi que ses camarades, à la suite de la suppression du scrutin proportionnel.

Entre-temps, en novembre 1945, il avait été élu député communiste du Jura, mandat qu’il conserva jusqu’en 1958, se trouvant là encore battu après la suppression de la proportionnelle. Ainsi, quatre fois réélu, il siégea pendant plus de treize années à l’Assemblée nationale continuant à ce niveau à lutter, en particulier, pour la défense des intérêts des salariés des PTT et des populations jurassiennes.

Pendant toute cette période et encore longtemps après 1958, il développa une grande activité dans sa région, multipliant les meetings, les réunions, les articles. Même après sa retraite de militant il demeura, au début des années 1970, un vétéran écouté des communistes jurassiens.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15809, notice BARTHÉLEMY André, Jules, François par Yves-Claude Lequin, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 4 janvier 2011.

Par Yves-Claude Lequin

André Barthélémy dans les années 1940
André Barthélémy dans les années 1940
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946
André Barthélémy dans les années 1950
André Barthélémy dans les années 1950
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

SOURCES : RGASPI, 495 270 355. — Arch. Nat. F7/13130 (1932) — Arch. Dép. Jura, M 59 et M suppl. 330. — Arch. Mun. Dole, dossiers non cotés d’élections municipales. — Arch. comité national du PCF. — Le Semeur ouvrier et paysan, 13 juillet 1929, 25 juillet, 7 et 14 novembre 1931, juin 1933, 28 avril, 19 mai et 30 juin 1934. — Le Journal de Dole, 28 octobre 1944. — Témoignage personnel d’André Barthélemy (1974 et 1975). — B. Littardi, La Vie politique à Dole à la Libération (1944-1946), mémoire de maîtrise, Université de France-Comté, 1993. — Dict. parl, t. 2.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable