LE LUBEZ Pierre, Aimable, Victor, prénom le plus usuel [Dictionnaire Algérie]

Fils de bonne famille bourgeoise se partageant entre l’Angleterre et la France, P. Le Lubez, appelé le plus souvent Victor Le Lubez, grandit à Jersey, île britannique près de la côte normande. Il y fait la rencontre, en 1851, de Pierre Leroux, connu comme un des acteurs de la Révolution de 1848, journaliste aux idées socialistes et député, par ailleurs ami de George Sand.

Pierre Leroux est l’auteur de la proposition de loi préconisant, en 1848, d’appeler les ouvriers, employés pour remédier au chômage aux Ateliers nationaux ouverts par le ministre du travail Louis Blanc, à se porter volontaires pour aller travailler en Algérie sur des colonies agricoles fondées sur fonds publics et sur des lots de terres confisquées par la conquête.

Devenu lui aussi adepte du socialisme, P. Victor Le Lubez fréquente les milieux socialistes parisiens et londoniens. Il est aussi membre du mouvement anti-esclavagiste, secrétaire trésorier de la « Land law reform League » et membre de la franc-maçonnerie anglaise. Participant à la réunion de fondation de l’Association internationale des travailleurs (1ère Internationale) pour laquelle il a sollicité Karl Marx comme délégué allemand, il devient secrétaire de l’Internationale pour la France, la Belgique et la Suisse. Sa version de l’Adresse, la déclaration d’appel, est remaniée par Marx. Subissant les critiques de Karl Marx et de Wilhelm Liebknecht, membres du bureau fondateur de l’Association internationale des travailleurs, Le Lubez finit par démissionner.

Il rejoint en Algérie son beau-frère Armand Dufourg déjà établi sur des lots de colonisation et qui est devenu un gros colon à El-Outaïa. Pierrz Le Lubez se met alors à l’exploitation de plantations dont il devient propriétaire, sur l’oasis de Biskra. Le Progrès de Biskra lui consacre un important article nécrologique le 3 novembre 1896.