PERDRIAL Jean, Louis, Arsène

Par Alain Dalançon

Né le 24 septembre 1916 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 11 mars 1975 à Paris (Xe arr.) ; maître d’internat, répétiteur, puis économe ; militant du SNES puis du SNIEN ; militant communiste au Havre.

Jean Perdrial
Jean Perdrial
photo d’identité (coll. familiale)

Jean Perdrial était le fils unique de Raoul, Émile Perdrial, employé de commerce devenu comptable, et de Louise Houyvet, sans profession. Il fit toutes ses études secondaires au lycée de garçons François 1er du Havre où il fut fortement marqué par son professeur de philosophie, Jean-Paul Sartre. Son père, ancien combattant décoré de la Croix de guerre, espérant la réconciliation franco-allemande, l’incita à apprendre l’allemand ; à l’été 1936, il se rendit d’ailleurs en vacances en Allemagne, alla à Bayreuth, amoureux qu’il était de la musique wagnérienne.

Après son baccalauréat série scientifique, il poursuivit des études universitaires en physique-chimie à la Faculté des Sciences de Caen, tout en étant maître d’internat dans différents collèges de l’académie : Fécamp (Seine-Inférieure) en 1937, Sillé-le-Guillaume (Sarthe) puis Vire (Calvados) en 1938, Coutances (Manche) en 1939. Marqué par l’exemple de son grand-oncle, Arsène Perdrial, militant coopérateur, il se distinguait dans ces établissements en étant entraîneur des équipes scolaires d’athlétisme, notamment à Sillé-le-Guillaume, qui remportèrent plusieurs trophées.

Mobilisé en 1939, il se replia avec son unité d’infanterie en juin 1940 et se trouvait à Confolens (Charente) le jour de l’armistice. Durant l’Occupation, il poursuivit ses études supérieures en chimie à la Faculté des Sciences de Paris tout en étant maître d’internat, répétiteur, au lycée Louis-le-Grand, puis au lycée Saint-Louis à partir de la rentrée 1943. À cette époque, il aida ses parents à héberger clandestinement dans leur appartement, de juin 1942 à l’été 1943, deux femmes juives, qui échappèrent ainsi à la déportation.

Jean Perdrial épousa le 10 juin 1944 à Paris (XIe arr.), Simone Thauziès, dame-secrétaire dans le même lycée que lui, qui faisait en même temps des études de philosophie à la Sorbonne. Ils eurent quatre enfants.

À la Libération, il fut responsable des surveillants dans l’exécutif provisoire du nouveau Syndicat national de l’enseignement secondaire en 1944-1945. Ayant plusieurs certificats de licence de physique-chimie, il exerça comme répétiteur délégué au lycée de Reims (Marne) en 1945-1946, et continua de siéger à la commission exécutive du SNES cette année-là.

Militant communiste, Jean Perdrial fut élu conseiller municipal au Havre le 19 octobre 1947. Le 25, lors de la première séance de nouveau conseil, pour barrer la route au communiste René Cance, les élus de droite firent élire maire le socialiste Albert Le Clainche. Celui-ci démissionna le lendemain, et à sa suite plusieurs élus, ce qui provoqua un blocage institutionnel. Par décret du 14 novembre, le Président du Conseil des ministres, Paul Ramadier, instaura dans la commune une délégation spéciale et plaça à sa tête le radical Pierre Voisin. Cette situation de transition prit fin avec les élections du 7 décembre et l’installation du nouveau conseil municipal, le 13 décembre. Pierre Courant (Centre national des indépendants) fut élu maire, et le resta jusqu’au 2 avril 1953. Réélu conseiller municipal le 7 décembre, Jean Perdrial démissionna de son mandat le 24 avril 1950. Il était aussi au début des années 1950 secrétaire du comité local de défense et d’action laïque luttant notamment contre les lois Marie et Barangé. Il semble avoir quitté le PCF dans les années 1950, tout en restant électeur communiste, au moins jusqu’en 1968.

Jean Perdrial continua sa carrière d’économe au centre d’apprentissage la Rembourgère d’Arnage (Sarthe), puis au lycée Félix Eboué à Cayenne (Guyane) de 1954 à 1956, et ensuite, de 1956 à 1961, au lycée de Tlemcen (Algérie) dont il suivit la construction. Une fois revenu en France, devenu attaché d’intendance, il fut nommé au lycée Mauboussin de Mamers (Sarthe).

Il divorça en 1962 et se remaria le 7 septembre 1963 à Alençon (Orne) avec Micheline Preher, attachée d’intendance au lycée de jeunes filles de cette ville. En 1966, il fut nommé attaché principal d’intendance au Bureau universitaire des statistiques (BUS) à Paris. Puis il fut promu intendant universitaire à l’administration centrale, ses certificats de physique et de chimie étant assimilés à une licence, et fut affecté chef de bureau du budget au secrétariat d’État à la Jeunesse et aux Sports, avec un détachement de conseiller d’administration scolaire et universitaire, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort brutale, dans sa 59e année.

Il milita pour la fusion du SNES-Intendance avec le Syndicat national de l’intendance et de l’économat au début des années 1960, mais n’accepta pas de responsabilité nationale dans le nouveau Syndicat national de l’intendance de l’Éducation nationale créé en 1967. En revanche, il fut trésorier départemental et académique de Paris du SNIEN, à la fin de sa carrière.

Le bulletin du syndicat lui rendit hommage en soulignant sa « gentillesse, sa prévenance, son sens aigu de l’humain, sa probité morale et intellectuelle », ainsi que son militantisme convaincu pour sauvegarder la corporation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158188, notice PERDRIAL Jean, Louis, Arsène par Alain Dalançon, version mise en ligne le 15 avril 2014, dernière modification le 12 février 2018.

Par Alain Dalançon

Jean Perdrial
Jean Perdrial
photo d’identité (coll. familiale)

SOURCES : Arch. Mun. du Havre (renseignements fournis par Maxime Lepage). — Arch. IRHSES (L’Université syndicaliste). — Bulletin du SNIEN-FEN. — Le Figaro sports du 1er octobre 1938. — Marie-Paule Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre : Histoire sociale, culturelle et politique, 1922-1983, Publications de l’Université de Rouen, p. 372. — Documents personnels de son fils, François Perdrial. — Notes de Jean Desvergnes.

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