GUILLOUX André, Pierre

Par Gérard Larue

Né le 11 décembre 1907 à Gassicourt (Seine-et-Oise), fusillé comme otage le 14 mai 1942 à Caen (Calvados) ; conducteur de machine à papier ; militant communiste ; homologué résistant du Front National pour la libération.

Fils de Jules Guilloux, papetier, et de Marie Amélie Teurlay, sans profession, André Guilloux, célibataire était domicilié chez ses parents logés dans les dépendances des Papeteries de Stains chemin du Moulin-Neuf à Stains (Seine, Seine-Saint-Denis), lesquels y faisaient fonction de gardiens. Depuis 1926, il était employé dans cette même usine en qualité de conducteur de machines à papier. En 1936 il fut élu délégué du personnel des Papeteries de Stains. Membre du Parti communiste, il avait été secrétaire de la cellule du Moulin Neuf. En août 1940, après sa démobilisation et malgré la dissolution du Parti communiste, il a continué à se livrer à une active propagande clandestine en distribuant des tracts.
Le 28 mai 1941 il fut arrêté rue de Chabrol à Saint-Denis par des policiers du commissariat de la ville pour « propagande communiste » en infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, en en même temps que : André Derville, Marie-Louise Andret née Logre, Robert Jung, Emma Derville née Garnier et Auxence Andret. Ces interpellations avaient été précédées le même jour de celle de Raymond Bergogne par deux gendarmes de Saint-Denis. Ce dernier était en possession de dix mille exemplaires de l’Humanité N° 110 du 21 avril 1941 et cinq cents exemplaires de « Conseils aux militants ». Un important stock de matériel du parti communiste fut saisi rue de Clignancourt à Paris (XVIIIe arr.) et chez la famille Smiétansky 295 route de Gonesse à Stains où a été saisi une ronéo, et près de cent kilos de tracts, brochures, affiches…
André Guilloux fut interné à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.), d’où il sortit le 16 août suivant pour être conduit à Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Le 30 mai 1941, il écrivit à Maître Michelis Rolnikas ex-avocat de la ville de Stains de 1935 à 1939 : « Cher Maître, Je serais heureux que vous preniez ma défense et que vous veniez me voir plutôt à la Santé. Délit politique. Par la même occasion je vous accrédite auprès de Claude Devise Juge d’Instruction. Recevez mes meilleures salutations. Signé Guilloux La Santé 11.64ter. »
Jugé le 12 novembre 1941 par la Section Spéciale de la Cour d’appel de Paris, il fut condamné à huit ans de prison et conduit à la Maison Centrale de Force de Caen (Calvados). Le 2 mai 1942 vers 22 heures l’officier Bambach était tué à la hauteur du 153 avenue de Clichy, près de la station de métro Porte-de-Saint-Ouen (XVIIe arr.). En représailles le 11 mai 1942, le Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF) le désigna comme otage. André Guilloux a été fusillé le 14 mai 1942 à Caen, à la caserne du 43e Régiment d’artillerie.
Paul C…, inspecteur de la BS2 demeurait Chemin du Moulin-Neuf à Stains, entendu par la commission d’épuration de la police, il déclara : « …Mon voisin Guilloux André a été arrêté le 27 [28] mai 1941 par des policiers du commissariat de Saint-Denis. Il a été incarcéré dans diverses prisons et en dernier lieu se trouvant à la prison de Caen il a été pris comme otage et fusillé par les Allemands. Il vivait avant son arrestation avec ses parents dont le père est décédé depuis et la mère a quitté la commune pour aller habiter à Paris, mais je ne connais pas son adresse ».
André Guilloux a été ré-inhumé après la guerre dans le carré des corps restitués aux familles dans le cimetière de Stains. Le conseil municipal donna son nom à une rue de la ville. La mention « Mort pour la France » a été portée sur son acte de décès, il a été homologué au titre de la Résistance intérieure française.
Son nom a été gravé sur le mur commémoratif avenue du Capitaine Guynemer à Caen. Le nom d’André Guilloux figure sur la plaque commémorative apposée à la Bourse du Travail, rue du Château-d’Eau, (Xe arr.), dédiée : « À la Mémoire des dirigeants de Syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France », accompagnée d’une épitaphe de Paul Eluard : « Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158267, notice GUILLOUX André, Pierre par Gérard Larue, version mise en ligne le 2 décembre 2016, dernière modification le 4 août 2022.

Par Gérard Larue

SOURCES : Arch. AN Z4-14. – Arch. PPo. 1W 0682, 77W 08, KB 62, BA 1752, CB 91.53 (commissariat de Saint-Denis). – Bureau Résistance GR 16 P 249213. – DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Notes de Jean Quellien, auteur du Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, op. cit.. – Louis Bordes, Souvenons-nous, p. 53 et 66, éd. Service information Mairie de Stains. – État civil. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 279913 (nc).

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