LE BAIL Louis, Léon

Par Claude Pennetier, Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 7 mai 1921 à Lorient (Morbihan), fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; chaudronnier ; militant communiste ; résistant ; FN ; FTPF.

Louis, Léon Le Bail
Louis, Léon Le Bail
SOURCE : ANACR-56

Louis Le Bail était le fils d’Albert Le Bail, ouvrier chauffagiste à Lanester (Morbihan), syndicaliste, fondateur en 1935 de l’Union sportive ouvrière lanestérienne, et de Marie Hellec. Domicilié à Lanester, il était membre des Jeunesses communistes et du Parti communiste en 1936 et militant important du Parti communiste clandestin à la fin de 1939

Sous l’Occupation, Louis Le Bail s’engagea aux côtés de son père, Albert Le Bail, et de Jean-Louis Primas dans l’Organisation spéciale (OS) du Parti communiste clandestin, au sein du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN) et dans les Francs-tireurs et partisans français (FTPF) dès leur création en 1942. Il participa alors à de nombreuses actions contre l’occupant et notamment à l’attentat contre le siège de la Kreiskommandantur. Il seconda également Jean-Louis Primas pour le transport clandestin d’armes venues d’Angleterre à destination d’une ferme de Melgven (Finistère). À la suite de l’arrestation Le 10 juillet 1942, François Cornn, agent de liaison entre Albert Le Bail et le groupe de Joseph Nadan à Lorient, fut arrêté par la police judiciaire de Rennes et le commissaire spécial, ce qui conduisit Louis Le Bail à quitter la région de Lorient pour Brest (Finistère). Revenu à Lorient, il fit sauter avec Jean-Louis Primas dans la nuit du 20 au 21 septembre 1942 le poste de sectionnement électrique de Belane en Lanester, ce qui priva de courant Port-Louis, Hennebont et les forges de Lochrist une bonne partie de la journée du 21. Recherchés par la police, tous deux se réfugièrent en Finistère-Nord. Quant à Albert Le Bail, ii a été arrêté le 13 juillet 1942, condamné à 5 ans de travaux forcés, et déporté à Mauthausen où il est décédé le 10 mai 1944.

Condamné à mort par contumace par un tribunal français le 28 août 1942, il échappa un temps aux recherches. Reconnu à Brest par son ancien professeur de boxe passé au service de la Police de Vichy, il fut arrêté par la police française (SPAC) le 20 ou 30 janvier 1943 (selon les sources) et fut torturé. Emprisonné au Château de Brest, il fut transféré à la prison Jacques-Cartier de Rennes puis à la prison de Fresnes (Seine). Le tribunal allemand du Gross Paris rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) le condamna à mort le 28 août 1943. Les Allemands le fusillèrent le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien avec 18 autres communistes brestois. (Voir Albert Abalain.)

Une lettre datée du 16 juin 1943 et adressée par Louis Le Bail à sa mère est conservée dans les archives municipales de Lanester.

« À remettre à Mme Le Bail Maison des choux Lanester, avec tous mes remerciements.
[...]

16 juin 1943 Chère Mère
Ça fait cinq mois que nous attendons la mort, mais nous ne sommes pas encore jugés, alors il y a encore un peu d’espoir le plus tard nous le serons ça ne sera que le mieux parce qu’une fois le jugement passé tu sais 48 heures après je serai bon pour le poteau d’exécution car je ne compte pas beaucoup sur le recours en grâce même que je suis jeune avec les Allemands c’est très sévère il n’y a pas d’âge qui compte. Alors il ne faut pas que tu te tracasses pour moi c’est moi qui l’ai voulu j’ai lutté pour la libération de la France dont je suis fier de mourir je meurs pour que ceux qui sont derrière moi jouissent du bonheur et de la liberté.
Loulou »

Louis Le Bail a obtenu la mention « Mort pour la France » et le titre d’Interné-résistant. Il a été homologué FFI.

À Suresnes dans les Hauts-de-Seine son nom est gravé sur la cloche du Mont-Valérien dédiée aux résistants et otages fusillés en ce lieu.

À Lanester dans le Morbihan, le nom de Louis Le Bail est inscrit sur le monument aux morts communal. Il figure aussi sur une plaque apposée sur la tombe familiale au Cimetière du Corpont, où sa dépouille a été transférée en 1947 et où sa mémoire est associée à celle de son père Albert Le Bail déporté à Mauthausen, mort déportation le 10 mai 1944.
Dans le Finistère, il figure sur le monument commémoratif érigé à la mémoire des dix-neuf FTP fusillés au Mont-Valérien le 17 septembre 1943, dans le square Georges Melou à Brest .

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158280, notice LE BAIL Louis, Léon par Claude Pennetier, Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 18 avril 2014, dernière modification le 3 octobre 2022.

Par Claude Pennetier, Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Louis, Léon Le Bail
Louis, Léon Le Bail
SOURCE : ANACR-56
Lettre de Louis Le Bail conservée
aux Archives municipales de Lanester
« À remettre à Mme Le Bail Maison des choux Lanester, avec tous mes remerciements... »
Sur le monument aux morts de Lanester
Sur le monument aux morts de Lanester
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Dans le cimetière du Corpont à Lanester
Dans le cimetière du Corpont à Lanester

SOURCES : AVCC, Caen, BVIII 4 (Notes Thomas Pouty). — SHD, Vincennes, RG 16 P 345403. — Arch. Mun. Lanester, 4 Fi 22, 27 et 32. — Ami entends-tu…, ANACR-56, numéros 4, octobre 1967 et 16, 2e semestre 1971. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — Le Morbihan en guerre 1939-1945, Archives départementales du Morbihan, 2009. — Biger Brewalan, René-Pierre Sudre, Les fusillés du Finistère 1940-1944, Master 1, Université de Bretagne occidentale, 2009-2010. — Note et photo de Christian Larnicol (cimetière du Corpont à Lanester)

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable