LENOIR Roland [Dictionnaire Algérie]

Mort en juin 1983 ; responsable des Jeunesses communistes à Alger en 1936-1937 ; membre du Comité central du PCA ; replié à Marseille en 1940, reçoit les documents du PCA interdit ; arrêté et condamné sous Vichy ; permanent du PCF en France après 1945.

Probablement envoyé à Alger par la Section coloniale du PCF pour accompagner la transformation de la Région communiste d’Algérie en PCA et prendre la relève de l’instructeur Barthel-Chaintron, Roland Lenoir est instituteur, déjà marié ou se mariant alors avec Paulette Merlot, qui est enseignante au lycée d’Alger. Il prend, en 1936, la responsabilité des Jeunesses communistes et fait partie du dernier bureau de la Région communiste d’Algérie. En 1937, il entre au Comité central du PCA.

Roland Lenoir reste un correspondant du secrétariat de la direction du PCF, lui aussi interdit, quand il se replie à Marseille à la fin de 1939 ou en 1940. Il reçoit les documents de la direction du PCA qui se reconstitue autour de Thomas Ibanez. À Marseille, avant la visite du Maréchal Pétain, les arrestations de militants communistes se multiplient en septembre 1940 ; la police saisit la serviette de Roland Lenoir dont un militant était porteur. Parmi les papiers, se trouvent la lettre adressée au Comité central du PCF par Thomas Ibanez et d’autres courriers d’Algérie.

Transmis à la justice militaire en Algérie pour les procès des communistes, ces documents rejoignent les autres pièces du dossier constitué sur le PCA (Manifeste du PCA de novembre 1940, conférence clandestine et liste du Comité central proposé, exemplaires de la Lutte sociale appelant à l’indépendance algérienne, articles notamment de Maurice Laban). Le dossier, qui est conservé aux Archives de la Justice militaire en France, a été étudié par J.-L. Einaudi (cf. SOURCES).

On connaît ainsi les appréciations de Roland Lenoir à l’adresse du secrétariat du PCF sur les personnes et sur l’orientation du PCA clandestin. Il dit son désaccord sur la priorité accordée à l’indépendance de l’Algérie, préconisant de renvoyer sa mention en cinquième et dernier point en rappelant la notion de nation algérienne en formation. Il n’a pas besoin de préciser que la formule est reprise du discours de Maurice Thorez à Alger en 1939. Ce sont « les revendications immédiates » puis « des Ecoles et du pain » qui doivent venir en premier. Il taxe Thomas Ibanez de communiste oranais douteux parce qu’il est ancien socialiste, « de tendance nationaliste » ; il juge Ahmed Smaïli que le noyau de direction algérienne veut s’adjoindre, « vaseux et peu réalisateur ». Il propose au PCF de faire fond sur Bouali « ex-secrétaire du Secours populaire qui a fait deux ans d’école à Moscou et qui me paraît mille fois plus qualifié ».

Bien que la lettre ne soit pas parvenue au PCF, ce qui est remarquable c’est que ces choix sont ceux appliqués par le PCA après 1943. Thomas Ibanez est jeté aux opprobres ou oublié ; Ahmed Smaïli écarté ; Maurice Laban mis à l’écart, car de « tendance nationaliste ».

Roland Lenoir a été rapidement arrêté à Marseille et condamné sous Vichy. Il prit part à la campagne d’Italie en 1943. Après 1945, il demeure permanent auprès du Comité central du Parti communiste français. De la section d’éducation, il passe à la section idéologique, où il se spécialise dans les questions allemandes. Il est délégué par la direction du PCF aux Échanges franco-allemands et à l’Association des Amitiés avec la République démocratique allemande.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158287, notice LENOIR Roland [Dictionnaire Algérie], version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 19 avril 2014.

SOURCES : Arch. Outre-mer, Aix-en-Provence, 9H30. — RGASPI, 517 1 1888 (notes de Jacques Girault). — Arch. de la justice militaire, tribunal d’Alger, conservées à Le Blanc (Indre, France) citées par J.-L. Einaudi, Un rêve algérien. Histoire de Lisette Vincent, une femme d’Algérie, Dagorno, Paris, 1994, et Un Algérien Maurice Laban, Le cherche midi éditeur, Paris, 1999. — Interview de W. Sportisse par A. Taleb-Bendiab. — Lettre de Robert Brécy, 12 juin 1989. — Note de Jean-Pierre Besse.

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