LEON Antoine [Dictionnaire Algérie]

Par Pierre Roche

Né le 1er octobre 1921 à Alger, mort le 7 mars 1998 à Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis (France) ; instituteur à Alger puis conseiller d’orientation ; initiateur de l’orientation professionnelle éducative ; communiste prenant ses distances avec le PCF à partir de 1956 ; enseignant à partir de 1957 à l’université de Toulouse (France) puis chercheur au CNRS ; docteur d’État, maître de conférences puis professeur à l’Université de Paris 5 jusqu’à sa retraite en 1985.

Né d’un père d’origine espagnole, chauffeur dans la marine et d’une mère originaire d’Italie, couturière, Antoine Léon entre à l’Ecole normale à l’issue d’une brillante scolarité à Alger. Il est appelé en 1942 aux Chantiers de Jeunesse, libéré le 15 octobre 1942, rappelé le 22 novembre 1942, versé dans l’armée de l’air le 26 décembre 1942. Il participe, de 1943 à 1945, aux différentes campagnes (Afrique du Nord, Corse, France, Allemagne). Il adhère au PCF en 1944.

Démobilisé en septembre 1945, il exerce comme instituteur à Alger en 1945-1946 ; il envisage tout d’abord de se diriger vers l’inspection de l’apprentissage, ce qui paraît peu compatible avec son engagement politique au PCA. Venant à Paris, il suit, le soir, les cours de l’Institut Psychotechnique de l’Université.

En 1946, diplômé, il entre à l’Institut National d’Etudes du Travail et d’Orientation Professionnelle de Paris, et, avec une bourse « d’ancien combattant », y prépare en un an (au lieu de deux) le diplôme de Conseiller d’orientation (1946-1947). Il travaille ensuite au Service de Recherches de l’INETOP de 1947 à 1957. Il obtient, en 1950, une licence de psychologie et, en 1951, un Diplôme d’études supérieures de philosophie sous la direction de M. Merleau-Ponty. Il se marie, en 1948, avec Odette Pape, conseillère d’orientation, et a deux enfants, Jacqueline et Pierre.

Il participe alors, très activement, avec d’autres conseillers et psychotechniciens communistes, à la défense de positions critiques envers la psychotechnique et les tests, ainsi qu’à l’élaboration d’une nouvelle conception éducative de l’orientation scolaire et professionnelle. En 1957, il publie Psychopédagogie de l’orientation professionnelle que préface Henri Wallon, grande figure des études de psychologie et de pédagogie, membre du PCF.

De 1957 à 1960, A. Léon enseigne à l’université de Toulouse, puis, attaché de recherches au CNRS, il achève en quatre ans ses deux thèses pour le doctorat d’État : Contribution à l’histoire de l’éducation technique en France du milieu du 18e siècle à la fin de la Restauration, dirigée par M. Reinhard, et Formation générale et apprentissage du métier, soutenue en Sorbonne le 13 novembre 1965. Elles sont toutes deux publiées. De 1964 à 1968, il est maître-assistant de pédagogie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Paris. En 1967, il donne à la collection Que-sais-je ?, une Histoire de l’enseignement en France qui régulièrement mise à jour, dépassera les cinquante-neuf mille exemplaires en 2007.

De 1968 à 1985, il est maître de conférences puis professeur à l’Université Paris 5. Il publie plusieurs livres pionniers dont : Psychopédagogie des adultes, La formation des maîtres (ouvrage collectif), Questions-réponses sur l’enseignement technique, Introduction à l’histoire des faits éducatifs, Histoire de l’éducation populaire, Histoire de l’éducation aujourd’hui et en collaboration : Enseignement technique et formation permanente, Manuel de psychopédagogie expérimentale.

En 1991, retraité mais toujours actif, il retrouve ses racines familiales algériennes tout d’abord en publiant : Colonisation, enseignement et éducation. Étude historique et comparative. Il élabore, à partir d’un important travail sur les archives et les études existantes, une typologie des différentes colonisations, éloignée de l’apologie passée comme de la dénonciation réductrice, puis en abordant le milieu professionnel de son père, celui des marins de commerce et pêcheurs d’Alger en 1930.

À partir de 1956 il avait cessé de s’investir pleinement dans la vie militante, tout en participant à différentes initiatives organisées par la direction du PCF. Il collabore ainsi à L’École et la Nation, la revue consacrée aux questions de l’école par le PCF, jusqu’en 1979. En 1978, il refuse d’appeler à voter communiste ; il s’associe ensuite, en 1979, à l’« Appel pour l’Union dans les luttes » et, en 1981, il affirme publiquement refuser de voter aux élections présidentielles pour Georges Marchais, candidat du PCF, mais il reste à gauche et soutiend publiquement, en 1995, la candidature de Lionel Jospin, aux élections présidentielles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158290, notice LEON Antoine [Dictionnaire Algérie] par Pierre Roche, version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 19 avril 2014.

Par Pierre Roche

SOURCES : Inventaire des ouvrages, articles et émissions radiophoniques, établi par Antoine Léon (187 références), archives A. Léon. — Notice biographique, in Cambon J., Anthologie des pédagogues français, Paris, P.U.F., 1980, p. 225-226. — Note bio-bibliographique établie pour L’Annuaire International Biographique de l’Éducation des Adultes en 1980, archives A. Léon. — Entretiens avec P. Roche, dans le cadre des travaux de l’Institut de Recherches Marxistes, le 15 novembre 1982, avec Françis Danvers, le 26 janvier 1996 (témoignage enregistré). — Entretiens de P. Roche avec Odette Léon en mai 1999, avec Louis Léon, son frère cadet, le 17 juillet 2006 (témoignage enregistré). Cette notice est une version abrégée d’un texte de Pierre Roche adressé à René Gallissot.

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