Par André Balent
Né à Sauto (Pyrénées-Orientales) le 2 février 1899 ; militant communiste clandestin ; interné à Eysses (Lot-et-Garonne) ; employé à la SHEM (Société hydro-électrique du Roussillon) ; membre du triangle régional clandestin du PC
Firmin Rigole naquit à Sauto une commune de la haute montagne, en Conflent. Son père, prénommé Baptiste, cultivateur, était âgé de quarante-trois ans en 1899. Sa mère, avait quarante et un ans à la même date.
Il se maria le 3 juin 1936 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) avec Marie Carulla.
Installé à Perpignan, il était employé à la SHER (Société hydro-électrique du Roussillon). Il adhérait au Parti communiste.
La mobilisation générale puis la dissolution du PC consécutive à la signature du pacte germano-soviétique et son passage à la clandestinité provoquèrent sa désorganisation. Aussi des militants de second plan et parfois même des militants de base furent-ils propulsés à des fonctions de direction. Ce fut le cas de Firmin Rigole.
En octobre ou novembre 1939, Firmin Rigole et Jean Poch* remplacèrent au « triangle régional » du PC Joseph Baurès* envoyé dans l’Ariège à un poste de guet aérien et François Cavaillez* muté d’office en gare de Bédarieux (Hérault), André Lacoste* conservant ses fonctions antérieures dans cette direction. Dans le « triangle » remanié, Rigole fut chargé de l’action syndicale. Il eut une activité intense en relation avec d’autres militants clandestins comme Jean Batllo*, Julien Dapère*, Henri Basso avec lesquels il s’efforça d’étoffer les moyens techniques de l’organisation régionale clandestine du PC (le seul département des Pyrénées-Orientales). Plus tard, avec Dapère, Rigole assura le transport de la ronéo du PC dans un local sûr, route de Pia à Perpignan.
La direction du « triangle » dut être remaniée après l’arrestation de Lacoste le 24 août 1940 et celle de Poch le 24 décembre 1940. Dapère et Garcias devinrent respectivement responsables « technique » et syndical du « triangle » de direction. Il semblerait que Rigole ait abandonné momentanément ses fonctions de membre de la direction régionale car à l’automne 1940, le « triangle » rassemblait Poch (« politique »), avant son arrestation, Dapère (« technique) et Garcias (« syndical »). On retrouve Rigole quelques mois plus tard, en 1941, exerçant à nouveau les fonctions de responsable syndical du « triangle » régional du PC. Avec Garcias, il s’opposa à Dapère sur l’opportunité de distribuer les tracts et les affichettes envoyées par le comité central pour le 1er mai 1941. Mais Garcias, arrêté en mars 1941 puis relâché fut amené pour des raisons de sécurité, à abandonner à une date peu précise, ses fonctions de « politique » qui furent confiées à Dapère. Après l’arrestation de Garcias, Rigole se serait « terré » et n’aurait « rien voulu savoir pendant plusieurs semaines ». Il demeura toutefois membre d’une nouvelle direction élargie. Celle-ci comprenait quatre membres dès septembre 1941. Elle intégrait deux nouveaux membres, René Houat* (responsable « technique ») et Saturnin Panetta* (responsable « syndical »). Rigole, pour sa part, exerçait à partir de cette date les fonctions de « cadre régional » assurant le contact avec Julien Touche* alias « Paul », militant de l’Isère, « cadre » interrégional.
Après la manifestation du 14 juillet 1942 à Perpignan à laquelle participait le PC avec les trois grands mouvements de résistance présents dans le département (Libération-sud, Combat et Franc-Tireur), la police arrêta à Béziers, le 15 juillet, le cadre interrégional Julien Touche. Cette chute provoqua une série d’arrestations dans les Pyrénées-Orientales dont celle de Firmin Rigole au domicile duquel la police ayant perquisitionné trouva une série de « bios » de militants communistes. Soixante-deux communistes furent arrêtés dans les Pyrénées-Orientales. Parmi eux Firmin Rigole, le 24 juillet. Quarante-sept militants clandestins du PC la plupart des Pyrénées-Orientales, dont seize par contumace furent jugés par la section spéciale du tribunal militaire de Montpellier (Hérault) le 19 mars 1943. Pour sa part, Firmin Rigole fut condamné à trente mois de prison, il fut incarcéré à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne).
Ayant participé à la révolte de prisonniers d’Eysses, il fut livré le 30 mai 1944 à la division allemande Das Reich. Conduit à Compiègne (Oise), il partit le 18 juin 1944 par le convoi ferroviaire qui transportait des internés au camp de concentration de Dachau (Bavière). Il fut transféré au commando d’Allach qui dépendait de ce camp. À Allach, il devint l’ami de Paul Grimaud, préfet des Basses-Pyrénées dont il prit soin et qu’il sauva d’une mort certaine. Ils conservèrent des relations étroites après la guerre. Libéré le 30 avril 1945, il fut rapatrié le 2 juin de la même année.
Il reprit son activité militante dans les rangs du PCF dans les rangs duquel il n’exerça plus aucune responsabilité. Il retrouva son poste à la SHER, société qui fut intégrée dans EDF en 1947.
Il fut candidat aux élections des grands électeurs prélude aux élections au Conseil de la République des 24 novembre et 8 décembre 1946. Il figurait sur la liste conduite par Fernand Loubatière* dans le secteur de Perpignan est. Il ne fut pas élu.
Il n’y a pas de mention marginale de son décès sur son acte de naissance. Dans ses Mémoires, Raoul Vignettes* indique que Rigole mourut accidentellement dans les années 1960.
Par André Balent
SOURCES : Arch. Dép. Lot-et-Garonne, 940 W 61, registre et dossier d’écrou de la centrale d’Eysses ; 950 W 11. — Arch. com. Sauto-Fetges, état civil, acte de naissance de Firmin Rigole et mention marginale. — Le Travailleur catalan, 22 novembre 1946. — Julien Dapère, Les communistes 1941-1941 [de fait 1942]. Un « polo » régional témoigne, Souvenirs recueillis et annotés par Georges Sentis, Perpignan, comité d’histoire de la Résistance catalane, 1983, 74 p. —Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, p. 1057. — Georges Sentis, Les communistes et la résistance dans les Pyrénées-Orientales, tome I, Dans la tourmente. Février 1939 – Novembre 1942, Lille Marxisme / Régions, 1983, 154 p. [pp. 68, 81, 83, 94, 114, 126-128] ; Les communistes et la résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme / régions, 1994, 182 p. [p. 107]. — Raoul Vignettes*, Mémoires d’un rescapé, Saint-Estève, Imprimerie de la gare, 2001, 134 p. [pp. 89-90]. — Notes de Corinne Jaladieu, professeur d’histoire-géographie, Béziers, 2008. — Livre mémorial de la déportation, édition en ligne in http://wwww.fmd.asso.fr /, site de la Fondation pour la mémoire de la déportation consulté le consulté le 21 avril 2014.