BASDEVANT André, Louis

Par Françoise Tétard, Marianne Lassus

Né le 3 décembre 1908 à Grenoble (Isère), mort le 31 octobre 1999 à Autun (Saône-et-Loire) ; avocat, directeur adjoint de l’Éducation populaire puis inspecteur général de la Jeunesse et des Sports ; Éclaireur de France, secrétaire général du Scoutisme français ; maire d’Anost et conseiller général de Saône-et-Loire.

André Basdevant naquit dans une famille de sept enfants ; sa mère, Renée née Mallarmé, était protestante ; son père, Jules Basdevant, était juriste, professeur de Droit international et membre de l’Institut. Sous Vichy, il fut jurisconsulte du ministère des Affaires étrangères, poste dont il démissionna le 29 mai 1941. André Basdevant fit ses études au lycée de Grenoble, puis à Paris au lycée Montaigne et à Henri-IV, enfin à la faculté de Droit. Diplômé de l’École libre des sciences politiques (section « finances publiques »), lauréat du concours général des facultés de Droit, il exerça la profession d’avocat à la Cour d’Appel de Paris de 1929 à 1944. Il obtint sa thèse de doctorat en Droit en 1955, alors qu’il était déjà engagé dans la vie professionnelle depuis plusieurs années.
Son implication dans le scoutisme commença dès son adolescence. Il fut chef d’une troupe unioniste à Clichy et membre du groupe des Éclaireurs de France au lycée Henri IV, puis commissaire de la région parisienne. En 1935, au Conseil national des chefs Éclaireurs de France de Marseille, il fut chargé du rapport sur l’amitié interfédérale, où il évoqua sur un ton assez critique l’action du Bureau Interfédéral du Scoutisme français créé en 1923 (regroupant les Scouts de France, les Éclaireurs Unionistes, les Éclaireurs de France et plus tard les Éclaireurs Israélites). En 1940, il fut membre du comité directeur des Éclaireurs de France. Il participa les 10 et 11 septembre 1940 à un conseil de commissaires nationaux et régionaux qui adoptèrent un texte appelé « résolutions d’Auvillars » où il était affirmé qu’« il n’est pas de scoutisme sans idéalisme ». Il devint dans la foulée secrétaire général d’un Bureau Interfédéral (BIF) permanent, installé à Vichy, composé de commissaires nationaux de chaque association et présidé par le Général Lafont, un responsable des Scouts de France. À ce titre, André Basdevant consulta les différentes associations de scoutisme sur leur conception de l’union et participa au Camp de l’Oradou du 24 au 26 septembre 1940, pour construire une union plus forte entre les mouvements et lever les réticences. Il fut ainsi un des artisans de la constitution du Scoutisme français et plus généralement du rapprochement des mouvements de jeunesse et d’Éducation populaire, qui formèrent le Conseil privé des grands mouvements. Il resta secrétaire général du Scoutisme français jusqu’en 1944.
Il s’était marié avec Jacqueline Achard (née le 13 novembre 1918) en avril 1940 : elle faisait partie de la Fédération française des Éclaireuses et exerça la profession de rééducatrice auprès des enfants dyslexiques. Le couple eut cinq enfants. Blessé sur le front le 13 juin 1940, André Basdevant s’installa ensuite à Vichy chez Pierre François, Commissaire national des Éclaireurs de France. En 1941, c’est avec celui-ci qu’il se rendit à Alger aux côtés du père Forestier (aumônier général des Scouts de France et des Chantiers de Jeunesse), en mission pour le Général Lafont ; puis il fut nommé chargé de mission à la jeunesse au Comité français de libération nationale (CFLN) en 1943-1944, sous la responsabilité de René Capitant, alors Commissaire à l’Éducation nationale et à la jeunesse à Alger. Alexandre Parodi, délégué général du CFLN en France, lui demanda d’« établir des contacts très étroits avec les Forces Unies des Jeunesses Patriotiques (FUJP), qui étaient amenées à regrouper, dans l’esprit patriotique qui animait la Résistance, l’ensemble de la jeunesse française ». Cette mission ne fut pas facile, d’autant que les FUJP acceptaient difficilement son arrivée, arguant qu’elles n’avaient pas été consultées. Dans cette même période, il fut très marqué par la mort de son frère, René Basdevant, un grand résistant.
Il entra au ministère le 1er octobre 1944, il prit alors la fonction de directeur adjoint à la Direction de la culture populaire et des mouvements de jeunesse, Jean Guéhenno étant nommé comme directeur. C’est René Capitant, ministre de l’Éducation nationale, qui les nomma dans leurs postes respectifs, l’un, Jean Guéhenno parce qu’il a « le plus complètement la confiance du personnel enseignant », l’autre, André Basdevant, parce qu’il est « un des hommes qui, par le patriotisme constant qu’il a observé ces dernières années, a aussi complètement la confiance du personnel de la jeunesse ». René Capitant et André Basdevant se connaissaient bien, puisqu’avant la guerre, leurs familles habitaient à Paris le même immeuble (leurs pères respectifs étaient collègues).
À la Libération, André Basdevant instruisit les dossiers de la Commission de révision sur titres, puis il fut chargé par Yvon Delbos de mettre en place la compression des effectifs des services extérieurs de la jeunesse et des sports, au sein des commissions dites « de la Hache » et « de la Guillotine » (1947-1948). Après la démission de Jean Guéhenno, il resta en place et devint le directeur adjoint d’Albert Châtelet, le successeur. Il fut chargé de la rédaction d’un ambitieux projet d’ordonnance sur l’Éducation populaire qui resta sans suite. En 1948, son poste de directeur adjoint fut supprimé « par mesure d’économie » ; il fut alors chargé des Études et de l’Information puis reclassé dans le cadre des agents supérieurs (arrêté du 22 avril 1948), il devint administrateur civil en 1953. À la Direction générale, il a été chargé de diverses missions dans le domaine du cinéma et de la protection de la jeunesse. Il devint inspecteur général Jeunesse et Sports le 1er février 1959, nommé par Maurice Herzog, quand Robert Brichet était sous-directeur. Il y resta jusqu’en 1975 puis devint inspecteur général honoraire. Il fut chargé des relations internationales (Unesco, Conseil de l’Europe). Parallèlement, il s’occupa de la Commission des publications et de la Commission de contrôle cinématographique pendant une dizaine d’années. Dans le domaine du cinéma, il présida ou il fut membre de groupes de travail au sein du Centre national de la cinématographie, pour le cinéma des enfants, le cinéma non commercial et la détaxation des films. Il prit sa retraite en 1976. Il fut un personnage-clef au ministère pendant toute cette période. On lui reconnaissait son pouvoir d’analyse et de synthèse ainsi que ses compétences juridiques ; il fut l’auteur de nombreux rapports, qui firent référence.
Il fut maire d’Anost de 1965 à 1989, et conseiller général de la Saône-et-Loire de 1979 à 1985. Il était officier de la légion d’honneur et Croix de guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15840, notice BASDEVANT André, Louis par Françoise Tétard, Marianne Lassus, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 2 février 2017.

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