BEAUCHERY Auguste, Victor.

Par Francis Sartorius

Né à Paris (France) le 13 décembre 1830 ; mort le 19 décembre 1904 à Paris (XVe arr.). Comptable, internationaliste, membre des Solidaires et de la Chambre du travail à Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale).

Ce disciple de Proudhon, qui a écrit en 1865 un ouvrage, Économie sociale de P.-J. Proudhon, rallie, à la fin de l’Empire, l’Internationale dans laquelle il semble avoir joué un rôle actif. On signale en tout cas son intervention à une réunion du Conseil fédéral des sections parisiennes de l’Internationale le 3 mai 1871 en pleine Commune de Paris. Auguste Beauchery prend d’ailleurs part à celle-ci en qualité de directeur du magasin central d’habillement. À la même époque, il fait également partie du Club démocratique. Tombé aux mains des Versaillais, il est condamné à deux ans de prison.

Après avoir purgé sa peine, Auguste Beauchery se rend en Belgique en septembre 1874 et se fixe à Bruxelles où il exerce sa profession. Il fréquente très vite les milieux socialistes belges et devient membre des Solidaires et de la Chambre du travail. Il insiste auprès de ses auditeurs sur la nécessité pour les travailleurs de connaître les mécanismes comptables car cela doit leur permettre de s’affranchir de l’exploitation que leur fait subir le capital. Son but est de mettre le système coopératif à portée du plus grand nombre car la coopération est, pour lui, l’alternative au système mis en place. Mais cela implique, insiste-t-il, des connaissances comptables allant au-delà de l’élémentaire. On le voit même, en janvier 1876, remplacer César de Paepe* dans un exposé que ce dernier devait faire sur la coopération.

La lune de miel de Auguste Beauchery avec les démocrates bruxellois va toutefois brutalement se briser. Le 14 février 1876, il démissionne de ses fonctions de bibliothécaire des Solidaires et, le 27 août suivant, il démissionne de cette société. Ce retrait est la suite logique de l’éviction du Prêt mutuel dont il est peu avant la victime. C’est une brochure, publiée en 1869, sous l’Empire donc, qui est la cause de son départ. On l’accuse, à ce propos, de bonapartisme. Personne ne semble avoir pris sa défense sur ce point et Ernest Vaughan, dont l’influence est grande dans les milieux démocratiques, l’accable en disant publiquement : « c’est un homme dangereux ».

Que faut-il en penser ? Auguste Beauchery n’est pas le seul à être mis, dans les années 1870, au ban des démocrates pour avoir, à un moment quelconque, témoigné de sentiments favorables au « bonapartisme social » dont Napoléon III rêvait périodiquement. Mais, dans le cas de Beauchery, la peine légère qu’il doit subir pour sa participation à la Commune joue en sa défaveur. Elle est, en effet, difficilement explicable dans une période où les condamnations sévères sont de règle. Quoi qu’il en soit la cause n’est pas entendue, le « procès » intenté à Auguste Beauchery reste ouvert. Signalons qu’il regagne Paris avec sa famille le 15 avril 1879.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158401, notice BEAUCHERY Auguste, Victor. par Francis Sartorius, version mise en ligne le 23 avril 2014, dernière modification le 30 juin 2020.

Par Francis Sartorius

ŒUVRE : Voir dans le catalogue imprimé de la Bibliothèque nationale à Paris, les titres des cinq ouvrages consacrés à la comptabilité qu’il publie entre 1865 et 1874.

SOURCES : Archives de la ville de Bruxelles, Registres de population, 1876, J.339 – MAITRON J. (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, t. IV : 1864-1871. La Première Internationale et la Commune, Paris, 1967, p. 227 – WOUTERS H. Documenten betreffende de geschiedenis der arbeidersbeweging ten tijde van de Ie Internationale (1866-1880), delen II- III, Leuven-Paris, 1970-1971 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 60) – SARTORIUS F. et DE PAEPE J.-L., « Les communards en exil. État de la proscription communaliste à Bruxelles et dans les faubourgs. 1871-1880 », Cahiers bruxellois, 1970-1971, fasc. 1-2. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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